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L’appât

La vente à perte est interdite en France. Mais tout le monde sait qu’elle se pratique. Le consommateur n’est pas le dernier à vouloir en profiter. Quitte à ignorer les dégâts collatéraux. Car au final, il y a toujours quelqu’un qui paye la facture. Et c’est peut-être d’ailleurs lui-même qui la paye.

Exemple, pas très éloigné de l’agriculture, avec le thon blanc qui arrive actuellement en masse sur les étals des poissonniers. Samedi dernier, des publicités annonçaient des tarifs à moins de 4 €/kg. La veille, les prix pratiqués à la criée étaient supérieurs à ce prix de vente font observer des professionnels du milieu. Illustration très concrète de dumping.

Le commerçant auteur de la promotion n’a rien gagné sur ce produit. Il a probablement même perdu si l’on comptabilise les frais de transport, la main-d’œuvre pour vendre, etc. Quant à ses concurrents qui ont appliqué le cœfficient nécessaire pour se rémunérer et payer les charges, ils n’ont rien vendu face à cette concurrence déloyale.

Vente à prix coûtant ou à prix multiplié par 4, le producteur ne marge pas plus

Tout le monde aurait-il perdu dans ce tour de passe-passe ? Pas si sûr. Avec l’allégresse de celui qui a fait une bonne affaire, le consommateur qui vient d’acheter du thon à 4 €/kg met bientôt la main sur une bouteille de lait à 1,10 € le litre. Sans se douter que la promotion sur le poisson n’a d’autre but que d’appâter le chaland. À la « criée agricole », ce lait qui rejoint le thon dans le caddie s’est vendu 28 ct/L. Ici, pas de vente à perte mais une multiplication par 4. Seule certitude dans cette grande opacité de la formation du prix : vente à prix coûtant ou à prix multiplié par 4, le producteur de lait n’aura pas margé plus que le pêcheur. Ni l’un ni l’autre n’ont prise sur cette belle prise.


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