11446.hr - Illustration Le cheval comme compagnon de travail
Au travail dans les cultures légumières.

Le cheval comme compagnon de travail

Stéphane Galais et Églantine Touchais utilisent l’énergie du cheval sur leur ferme en production laitière et maraîchère. « Un plaisir mais aussi un mode de production plus durable », évoquent-ils.

Actuellement, sept chevaux et un âne sont présents sur la Ferme du Guyoult, à La Boussac (35), tenue par Stéphane Galais et Églantine Touchais. Sur une SAU de 25 ha, ils élèvent aussi des Bretonnes pie noir (12 vaches) et produisent des légumes sur 2 ha avec 600 m2 de tunnel. « Nous proposons une quarantaine de légumes différents : oignon, poireau, pomme de terre, cornichons… Le lait est transformé en produits laitiers tels que des fromages, yaourts, gwell. Nous commercialisons tout en vente directe en Amap, dans des magasins, sur les marchés », détaillent les agriculteurs.

Sur la ferme, trois chevaux, en général des femelles, travaillent aux côtés du couple leur prêtant main-forte pour transporter l’eau ou le fumier, labourer, préparer les planches de légumes ou biner. « À côté, nous avons quelques jeunes pour le renouvellement et des retraités… » Les chevaux sont de race trait breton sauf l’un qui est un Fjord. Moins imposant, il peut plus facilement intervenir sous les serres.

[caption id=”attachment_63589″ align=”aligncenter” width=”720″]11448.hr De gauche à droite : Fabien Rouvrais, Stéphane Galais, Églantine Touchais et Gabriel Hingant.[/caption]

Les équidés sont conduits par Stéphane Galais qui est également comportementaliste équin. « Il faut d’abord les éduquer puis entretenir le lien avec eux, valoriser leur travail », souligne-t-il. Un cheval acquiert une maturité au travail à sept ans et fournit des capacités optimales jusqu’à 15 ans en moyenne. L’éleveur va former des mules qui affichent davantage de longévité, « dans la force de l’âge à 20-25 ans. »

Dans le cadre de la 2e édition du Salon à la ferme organisée par la Confédération paysanne, Stéphane Galais et Églantine Touchais avaient ouvert leurs portes le 28 février pour accueillir une conférence-débat baptisée « L’énergie animale, une énergie d’avenir ? ». « Son utilisation peut contribuer aux enjeux sur le climat, sur les ressources en énergies fossiles, sur le tassement du sol… », ont précisé plusieurs participants. Certes, les chevaux demandent des surfaces supplémentaires pour leur alimentation, « mais cette énergie à base d’herbe est renouvelable et locale. Et ils fournissent des engrais, impactent positivement les rotations. »

Dans le monde, le tiers des agriculteurs en traction animale

À noter que dans le monde, sur 1,3 milliard d’agriculteurs, le tiers travaillent en traction animale et moins de 3 % avec des tracteurs, les autres exerçant manuellement. « Notre société voit la modernité dans l’avancée technologique infinie. Selon nous, elle doit plutôt apporter des solutions aux problématiques contextuelles », déclare Stéphane Galais qui milite au sein de la Confédération paysanne pour que la traction animale soit reconnue comme une énergie renouvelable et soit subventionnée « comme peuvent l’être les nouvelles technologies. »

[caption id=”attachment_63588″ align=”aligncenter” width=”720″]11447.hr Deux juments au repos sur la Ferme du Guyoult.[/caption]

Davantage de chevaux dans les vignes

Il ne se veut pas dogmatique pour autant. « Sur la ferme, nous avons un tracteur en plus des chevaux. Les deux peuvent cohabiter, utiliser les mêmes outils traînés mais dès que le relevage est nécessaire, c’est la fin des chevaux. Il faudrait qu’on puisse disposer plus facilement d’outils adaptés… »

Stéphane Galais fait aussi remarquer que le poids financier des chevaux est moins important pour les petites structures, la fourchette de prix se situe entre 3 500 et 7 000 € pour un cheval formé. « On en manque plutôt actuellement et les éleveurs deviennent plus âgés… » Dans les vignes, « les besoins augmentent avec le développement de la biodynamie. Il faudrait créer une filière pour mieux s’organiser », souhaite le paysan.

« Un mode de production qui a du sens »

Installé à Dolo (22) avec sa femme sur 8 ha, Fabien Rouvrais utilise également des chevaux sur sa ferme, en maraîchage et élevage de Bretonnes pie noir. « Passer en 100 % traction animale est devenu un défi. J’ai acheté un moteur auxiliaire pour renforcer mon autonomie. J’utilise les chevaux pour le maraîchage et je cherche actuellement des solutions techniques sur le foin ; j’arrive à faner et andainer mais pas encore à faucher et botteler », indique-t-il. « La place de l’élevage était importante dans notre projet », évoque Gabriel Hingant qui s’est installé en 2018 avec sa compagne sur la commune de Plévenon (22). Disposant d’une SAU de 4 ha, ils cultivent 1 ha de légumes et 0,5 ha de petits fruits et réalisent par exemple le binage avec des chevaux. « Nous n’avons pas de tracteur sur la ferme mais empruntons celui de voisins pour le foin et le fumier. » Travailler avec des chevaux demande plus de temps. « Pour garder ce mode de production qui a du sens pour nous, nous réfléchissons à des modes de commercialisation permettant de le valoriser. »

Promotion au travers du label « Faire à cheval »

Les trois fermes de Stéphane Galais, Fabien Rouvrais et Gabriel Hingant disposent du label « Faire à cheval » créé il y a trois ans et visant à promouvoir les actions menées grâce à des équidés de travail. Il atteste de l’utilisation des animaux dans de bonnes conditions. Décerné par un jury composé d’adhérents et de professionnels du réseau Faire à cheval, ce label peut aussi être utilisé par les collectivités, sur certains sites entretenus grâce aux équidés… Parfois, le cheval est vecteur de lien social comme sur la commune de La Bouëxière (35). « Nous avons mis en place l’arrosage des fleurs avec des bénévoles aidés d’un cheval. Il effectue aussi du transport scolaire une fois par semaine et de la promenade », explique Gérard Becel qui gère ces activités.


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