6548.hr - Illustration Des pommes locales à croquer
Des vergers plus jeunes de Goldrush.

Des pommes locales à croquer

Rachel Marquet de Kerautem gère ses 6 ha de vergers avec beaucoup d’observation et des méthodes naturelles. Toute sa production est valorisée en circuits courts.

« Je travaille beaucoup à l’intuition », souligne Rachel Marquet de Kerautem. « J’écoute aussi beaucoup les témoignages des autres producteurs sur leurs pratiques, je pioche des idées… » En 2008, elle a repris une partie des vergers de ses parents sur 6 ha. Elle représente la 4e génération d’arboriculteurs aux Coudréaux à Feins (35). Les 1ers pommiers avaient été implantés par son arrière-grand-père dans les années 1920. Après 10 ans de travail dans le milieu bancaire, l’envie de porter à son tour le flambeau familial s’est imposée à elle.

[caption id=”attachment_48468″ align=”aligncenter” width=”720″]6542.hr Rachel Marquet de Kerautem montre la variété Braeburn.[/caption]

« Je suis passée en bio en 8 ans »

« Le verger était déjà en agriculture raisonnée et je souhaitais passer en bio dès mon installation. Mais il m’a en fait fallu acquérir davantage de compétences avant, apprendre mon métier. Mon père m’a aidée à me former. J’ai fait mon stage d’installation aux Vergers de l’Ille à Saint-Grégoire qui sont en bio. Sur mon exploitation, j’ai progressivement réduit les intrants et mis en place des techniques alternatives. Je suis passée en bio en 2016. Cela n’a pas été facile car après une chute de production, j’ai subi des pertes liées au gel en 2017 et 2019 », explique l’arboricultrice épaulée techniquement par le GDAF 44 (Groupement de développement en arboriculture fruitière).

[caption id=”attachment_48466″ align=”alignright” width=”250″]6544.hr Le local de vente sur la ferme.[/caption]

Elle emploie une salariée à temps plein, 6 à 10 saisonniers pour l’éclaircissage et 8 à 10 pour les récoltes qui débutent fin août jusqu’au 20 octobre, puis se terminent avec deux variétés plus tardives. Près de la moitié du verger est en Reinette d’Armorique avec onze autres variétés à côté. « En général, je mets 50 % de Reinette d’Armorique dans mes remorques destinées aux jus de pommes. Cette variété convient bien… » Elle est moins productive que d’autres, mais offre une bonne conservation.
« En arboriculture, on réfléchit la stratégie sur trois ans. On doit se rappeler de ce qui s’est passé lors de la dernière campagne et préparer l’année N + 1 », fait remarquer Rachel. Lors d’une porte ouverte sur son exploitation organisée par le groupement Agrobio 35, elle a témoigné sur ses pratiques qu’elle adapte en permanence en fonction des différents évènements climatiques ou sanitaires. « En bio, chaque année est différente. Il faut accepter un peu de dégâts… »

Adapter la taille

« Désormais, je ne fais plus d’éclaircissage chimique. Nous passons l’outil rotatif Darwin qui est suivi d’un éclaircissage manuel entre mi-mai et mi-juin. » L’enherbement sur le rang est géré avec 4 à 5 passages de brosse métallique. Sur l’inter-rang, une intervention est réalisée principalement à l’automne pour favoriser les auxiliaires. A la taille hivernale, peuvent s’ajouter des tailles d’égourmandage en juin pour réduire la vigueur de certaines variétés ou des tailles en vert en été pour favoriser le rayonnement sur les fruits en cas de besoin. « Cela contribue au goût des pommes… ».
Pour la gestion des maladies et ravageurs aussi, l’observation du verger et des auxiliaires prime. Des mesures prophylactiques sont adoptées : ajustement de la fertilisation, destruction des feuilles mortes à l’automne et des tailles contaminées, applications de biostimulants. Des produits peuvent être utilisés pour contrer certaines maladies (tavelure, anthonome…). « Sur le carpocapse, j’utilise uniquement la confusion sexuelle qui fonctionne bien. »
Contre le puceron, la présence d’auxiliaires est regardée de près. « Le site est entouré de haies qui peuvent en abriter. A l’avenir, je vais tester des couverts végétaux à base de légumineuses et de plantes mellifères. Ils permettraient d’attirer les pucerons et donc les auxiliaires avant les attaques habituelles. »

[caption id=”attachment_48469″ align=”aligncenter” width=”720″]6546.hr Les pommes venant d’être récoltées.[/caption]

Favoriser davantage les auxiliaires

D’autres projets sont affichés : la pose de nichoirs pour favoriser les oiseaux auxiliaires, la plantation de nouvelles haies, l’augmentation des surfaces en jachères fleuries ou encore l’investissement dans un système anti-gel. Plusieurs possibilités existent contre le gel : les bougies, les tours qui brassent l’air ou l’aspersion qui recouvre le verger d’eau (elle gèle et réalise une sorte d’igloo pour l’arbre). Pour faire face aux épisodes plus secs, la ferme dispose d’étangs qui permettent l’irrigation au goutte-à-goutte. Un système qui a été installé en 1989 dont l’utilité se confirme ces dernières années.

10 % de transformation en jus de pomme

L’objectif de production est de 25 à 30 t de pommes par hectare, mais les rendements sont hétérogènes selon les variétés et les années. La chambre froide offre une capacité de stockage de 150 t. Dernièrement, la productrice a investi dans un vide-palox et une calibreuse. « Je réalise chaque année 10 000 bouteilles de jus, soit 10 % de la production », précise Rachel. 55 % des pommes sont vendues directement sur la ferme, dans un beau local de vente, les vendredi après-midi et samedi matin à partir de mi-septembre. Des légumes bio produits sur la côte sont aussi proposés par le Gaec du Ménage (Saint-Méloir-des-Ondes), ainsi que d’autres produits sur un étalage. « Je commercialise par ailleurs 25 % de mes pommes dans le magasin de producteurs Les Fermiers de la baie à Saint-Malo et 9 % dans d’autres magasins, dans des collectivités, en restauration… ». Contact : 02 99 55 49 24 – www.levergerdescoudreaux.fr


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