Réputée pour son besoin d’alimentation concentrée, la Blonde d’Aquitaine peut aussi bien correspondre à des systèmes plus extensifs tels que celui développé depuis des années sur l’exploitation du Lycée agricole La Lande de la Rencontre à Saint-Aubin du Cormier (35). Ici, l’alimentation est basée sur l’herbe pâturée, ou récoltée en enrubannage ou en foin, avec un peu de maïs épi déshydraté et du méteil grain. « Rien n’est acheté sauf le sel, les minéraux, et de la paille à hauteur de 100 t par an. Les veaux ne sont pas complémentés au pâturage. En hiver, ils reçoivent juste un peu de bouchons de maïs et de l’enrubannage », souligne Laurent Douard, directeur de l’exploitation depuis septembre 2023, qui travaille avec deux autres salariés (2,4 UTH en tout).
Les génisses sont toutes élevées
« Nous avons 55 vêlages par an en système naisseur. Les broutards mâles sont généralement vendus au sevrage à 8-9 mois, à un éleveur engraisseur en Ille-et-Vilaine ou via des coopératives. Parfois ils partent comme reproducteurs. Nous testons actuellement l’élevage de quelques bœufs. Les génisses sont toutes gardées », précise le responsable. « Nous faisons une première sélection au moment des IA vers l’âge de 2 ans lorsqu’elles ont atteint un poids de 450-500 kg. Parfois, nous réformons après le premier vêlage. » Les vaches et génisses de réforme sont vendues en filière longue via BVB (Bretagne viande bio) ou en vente directe surtout pour une clientèle locale ou fréquentant le lycée (1 animal/mois, sauf en juillet-août).



Troupeau inscrit à l’OS
Tous les bovins de l’exploitation sont inscrits à l’OS Blonde d’Aquitaine. « Nous adhérons au contrôle de performance via Eilyps. Les veaux sont pesés 3 fois, à la naissance, à 120 jours et à 210 jours. Un pointage est également réalisé au sevrage. » De plus, des génotypages sont réalisés ponctuellement. Le plan d’accouplement est fait une fois par an avec le technicien Evolution spécialiste des races allaitantes. « Nous prenons une demi-journée pour observer les animaux et utiliser les taureaux d’IA au cas par cas, en fonction des index, selon nos attentes. Globalement, nous utilisons près de 10 taureaux différents, certains plus que d’autres. »
Des animaux pas trop lourds, dociles et rustiques
Sur l’exploitation, « nous cherchons des animaux pas trop lourds – le poids moyen de carcasse est de 440 kg – et dociles pour faciliter les manipulations par de nombreuses personnes et ainsi limiter les risques d’accident. Les bovins doivent aussi être rustiques et rester en état face aux variations fourragères. Nous sélectionnons également sur la fertilité. »
L’âge moyen au premier vêlage est de 37 mois. Les naissances ont surtout lieu sur 2 grosses périodes, pour avoir des lots plus homogènes : de fin août à fin octobre (60 %) et en avril-mai. Du 15 mai à fin août, il n’y a aucun vêlage, l’objectif étant de libérer du temps pour les récoltes de fourrages et les travaux extérieurs.
Une ‘salle de TP’ à ciel ouvert pour les élèves
Les interactions entre la ferme et le lycée sont fréquentes. « Nous accueillons chaque semaine 2 élèves différents, le matin, pour des ‘mini-stages’. Ils nous aident pour le suivi du troupeau, l’alimentation, les pesées, l’écornage… ». Les jeunes assistent aux IA, aux échographies, à la surveillance des agnelages en janvier-février. En effet, un troupeau d’une cinquantaine de brebis de race landes de Bretagne est également présent sur l’exploitation. La MAEC pour la protection des races menacées (PRM) nous permet de bénéficier d’aides sur ce cheptel landes de Bretagne. De petite taille, « ces ovins se manipulent facilement. Cela permet aux stagiaires de travailler avec deux types d’animaux. »
De surcroît, la ferme est un support d’apprentissage pratique pour différents enseignements : zootechnie, agronomie, agroéquipement… « Nous avons deux tracteurs, du matériel de fenaison, de travail du sol, de désherbage mécanique », précise Laurent Douard.
Agnès Cussonneau
Initiation aux nouvelles technologies
Les élèves peuvent aussi découvrir les nouvelles technologies utilisées sur les bovins. « Ils nous aident à positionner les boîtiers SmartVel sur les queues des vaches. Nous les mettons en place quelques jours avant le terme prévu, alors que les vaches restent en bâtiment. L’outil nous prévient lorsque le vêlage commence, de façon à mieux surveiller la mise-bas. Nous le laissons au moins jusqu’à 12 h après la naissance car il permet aussi de nous alerter par rapport à des problèmes de matrice. » Depuis 2022, « des colliers SenseHub nous aident à la détection des chaleurs, notamment celles sur les génisses ou se produisant la nuit. Nous avons 35 colliers. »Les éleveurs travaillent aussi avec le système de gestion de troupeau iCownect, doté d’une interface sur smartphone et sur PC. « Un outil utile pour les déclarations de naissance et les sorties, le suivi de la reproduction, l’enregistrement des constats de gestation, des dates de vêlage, de sevrage ainsi que la filiation », énumère Laurent Douard. « Les élèves se familiarisent à l’utilisation de ce type d’outils numériques. »
Un engagement environnemental marqué
Sur une SAU de 105 ha, sont cultivés environ 25 ha de prairies temporaires, 65 ha de prairies permanentes, 8 ha de maïs (épi déshydraté en bouchons ou maïs grain) servant partiellement à l’alimentation des animaux en hiver, 7 ha de céréales (méteil grain à base de triticale, avoine, pois fourrager, féverole – blé panifiable). « La gestion du pâturage et des récoltes n’est pas simple sur ces terres de landes, de zones humides. L’an passé, certaines parcelles n’ont pas pu être récoltées. Les bovins sortent généralement de mi-avril à début novembre », indique Laurent Douard. Une MAEC système a été renouvelée en 2023 (avec 10 % de maïs maximum dans la SFP).L’exploitation comprend de nombreuses haies et arbres et une riche biodiversité mise à profit dans certaines formations du lycée telles que le Bac pro GMNF (Gestion des milieux naturels et de la faune) ou le BTSA Gestion et protection de la nature (GPN). « Les copeaux issus du bocage peuvent être utilisés pour le paillage dans les plantations ou aménagements paysagers. » Le lycée abrite aussi un rucher-école, support des formations organisées par le GDSA 35. « Cette année, nous avons demandé à bénéficier du ‘Bonus haies’ de la Pac. Un plan de gestion durable des haies (PGDH) va également être réalisé sur l’automne, en lien avec la Fédération des chasseurs des Côtes-d’Armor. Cette démarche permet un état des lieux et la planification des travaux d’entretien et de valorisation des haies sur l’exploitation. »