Installée à Plémet, Christelle Ribourdouille élève chaque année environ 900 veaux de boucherie dans un atelier de 500 places. Elle dispose d’une SAU de 38 ha. « Cet élevage de veaux de boucherie a été lancé par ma grand-mère. J’ai repris la suite de mes parents en 2016 », a expliqué l’éleveuse qui a connu auparavant une autre vie professionnelle dans la comptabilité et le commerce.
Cela n’a pas été facile de relancer l’élevage après la tempête.
En novembre 2023, son exploitation a été durement touchée par la tempête Ciaran : elle a perdu 300 veaux sur 500, une partie de la toiture s’est envolée, entraînant d’importants travaux de réparation. « L’électricité et la toiture ont été refaites, et nous avons profité de ce chantier pour installer une chaîne d’alimentation », explique l’éleveuse. Résultat : « un gain de temps de 20 minutes, deux fois par jour ».
Des fosses couvertes
Souhaitant réduire son impact environnemental, Christelle Ribourdouille a équipé ses bâtiments de ventilateurs basse consommation (Fancom) et d’un éclairage Led. Elle a également couvert la grande fosse à lisier pour un coût de 22 000 €, les autres fosses étant couvertes par les restes de charpentes de l’exploitation. Ce choix de couverture limite les émissions de gaz à effet de serre. « Cela permet une moindre dilution des déjections et aussi moins d’odeurs », a-t-elle précisé lors de la porte ouverte Innov’Action organisée le 17 juin sur son exploitation.


Les capteurs solaires font chuter la facture de gaz
Dans un objectif d’autonomie et de moindre dépendance au prix de marché des énergies, l’éleveuse a investi dans 2 outils solaires. Une production de 2 500 litres d’eau chaude par jour à 80°C est nécessaire pour diluer la poudre de lait pour les buvées, ce qui représente un besoin d’énergie de 99 100 kWh par an (7,8 t de gaz). En 2024, l’éleveuse a investi dans des capteurs solaires thermiques permettant de chauffer l’eau et de réduire fortement la consommation de gaz.
L’installation (Sunoptimo) présente une surface de 58 m² de capteurs solaires et un ballon de stockage de 2 500 L. Le chauffe-eau électrique d’appoint de 2 000 L a été conservé. Le calcul prévisionnel affiche une économie de gaz de 3,5 t/an, soit un gain de 3 110 €/an. Sur un coût d’installation de près de 75 000 €, l’éleveuse a obtenu une subvention (Ademe) lui permettant de réduire son reste à charge à 34 500 € HT. « L’installation sera donc amortie la 11e année. »
Mis en service en mai 2024, un tracker solaire (OKwind) de 75 m2 (17 kWc) produit de l’électricité en suivant le soleil. D’un coût de 40 000 €, cette installation permet 44 % d’autonomie électrique à l’élevage. « Ce qui n’est pas consommé sur place par des équipements en fonctionnement repart sur le réseau électrique et le surplus est comptabilisé. » Il pourra être décompté pendant les heures sans soleil, c’est ce qu’on appelle le stockage virtuel, une solution qui n’est pas gratuite et a nécessité de changer de fournisseur d’électricité. La « batterie virtuelle » ajoute 13 % d’autonomie électrique à la ferme.
Une cuisine qui va réduire les coûts de transport
Autre projet, une nouvelle cuisine est en cours de construction sur l’élevage. Ce ‘module alimentation liquide’ est financé par l’entreprise d’intégration Denkavit, engagée dans une démarche de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). L’objectif est de réduire les transports et le séchage des composants de l’aliment d’allaitement des veaux. Du lactosérum va être conservé sous forme liquide dans des cuves sur la ferme (qui seront en lavage automatique) ainsi que de la matière grasse liquide. La nouvelle cuisine disposera aussi d’une pompe à chaleur. « Aux Pays-Bas, 90 % des éleveurs utilisent ce type de cuisine. Nous l’avons lancé en France début 2024. Aujourd’hui, une dizaine d’élevages sont équipés dans l’Ouest. Pour que cet équipement soit rentable, l’élevage doit compter au moins 350 places de veaux de boucherie », note un responsable Denkavit.
Agnès Cussonneau
Les bâtiments existants, un atout
« En veau de boucherie, le revenu est généré par le produit de l’atelier, en lien avec les rotations et le nombre de places par personne, et les amortissements », détaille Philippe Briand, chargé d’étude et de conseil en veaux de boucherie à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Sur l’élevage de Christelle Ribourdouille, la reprise des bâtiments existants de la ferme familiale a permis de limiter le coût pour se dégager un revenu plus rapidement. Cet exemple illustre comment des investissements ciblés – qu’il s’agisse de rénovations rendues nécessaires par une tempête ou d’innovations choisies – peuvent transformer un atelier de veaux de boucherie en un système plus durable, plus autonome et plus attractif pour l’avenir. À 50 ans bientôt, la Costarmoricaine « commence à se projeter dans la transmission » de son élevage.