- Illustration Maïs : Les plantes-appâts efficaces contre les corvidés ?
Essai avec semis de céréale en plein.

Maïs : Les plantes-appâts efficaces contre les corvidés ?

Les attaques de corvidés sur le maïs sont le principal problème de ce début de campagne. Une céréale comme plante-appât constitue une méthode qui, sans être parfaite, semble limiter le risque de pertes.

Choucas, corneilles, corbeaux… La population croissante de ces corvidés est une problématique présente depuis quelques années dans le Finistère et qui s’étend ponctuellement sur toute la région, avec des niveaux d’attaques violents. Avec des solutions répulsives qui s’amenuisent – seule subsiste la suspension Korit 420 FS mais avec de fortes contraintes d’utilisation de par le risque mortel par inhalation (phrase de risque H330) –, des solutions alternatives sont recherchées. Les essais démarrent en Bretagne et viendront en appui des autres axes de recherche menés en France.

Moins d’attaques

Si les plantes-appâts sont testées avec une bonne efficacité depuis quelques années pour attirer les taupins avant qu’ils ne dégradent les semences de maïs, il a été relevé dans de nombreux endroits qu’elles pourraient aussi protéger les jeunes plants de maïs des corvidés. Des tests pour le taupin ont été réalisés sur 18 parcelles mises en place par de nombreux organismes bretons (coopératives, Chambre d’agriculture, contrôle laitier, organismes de conseil) et suivies par Arvalis-institut du végétal. Des constats sont visibles contre les corvidés. « À Plounéventer (29), par exemple, l’alternance de bandes avec et sans plantes-appâts, a permis de visualiser les attaques de corbeaux en absence d’attaques de taupins sur une parcelle suivie par la Chambre d’agriculture », relève Éric Masson, ingénieur régional Arvalis. Sur des placettes de 20 mètres, avec un semis de maïs à une densité de 100 000 grains/hectare, il ne reste que 42 000 plants/ha en sol nu contre 64 000 plants avec du blé. Les résultats sont similaires à Châteaubourg (35), avec 60 % de pertes en sol nu et 35 % avec des plantes-appâts sur une parcelle suivie par la FDCeta 35. « L’efficacité est loin d’être totale, mais l’attaque semble réduite », relève-t-il. Ces deux essais ont été menés avec des plantes-appâts semées en plein.

À Rannée (35), un positionnement de l’appât sur une seule bande à partir du diffuseur d’engrais n’a montré aucune efficacité du dispositif par rapport aux choucas (44 000 plants restant relevés sur une densité de départ de 95 0000 graines/hectare). Des résultats confirmés aussi à Torcé (35) où il restait le même nombre de plantes (78 000 plantes) que ce soit en sol nu ou avec un appât semé sur une ligne.

Des techniques à préciser

Outre la régulation de ces populations soumises à réglementation, la technique des plantes-appâts contre les corvidés est à explorer. Mais, comme pour lutter contre le taupin, l’itinéraire est à affiner : quel type de semis pour la plante-appât (en plein, une ou deux bandes près du rang du maïs ?), à quelle densité, comment améliorer la répartition en surface, etc. ? Ces éclairages permettront demain aux constructeurs d’envisager des évolutions techniques sur les semoirs, d’améliorer l’efficacité de la technique et de régler le point le plus délicat : la destruction de cette plante compagne qui devient vite concurrente de la culture principale.

Une plante compagne concurrente

« L’enseignement de cette campagne sur les 18 essais menés en Bretagne est la maîtrise du stade de désherbage de la plante-appât », insiste Éric Masson. Il faut à tout prix intervenir précocement avant tallage de la céréale. La destruction de la céréale au stade 3-4 feuilles du maïs est un bon compromis, pour éviter de nuire au maïs. Et il faut aussi gérer le risque de repousses de céréales. « Nous allons suivre ces modalités de désherbage jusqu’au rendement du maïs cette année, pour chiffrer la nuisibilité éventuelle de la plante-appât », envisage-t-il. Les résultats sont attendus pour l’automne.


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