Dossier technique

Un vent de fraîcheur sur les engraissements

EARL de Bergot à Plouvien (29) - Un prototype de système permettant de rafraîchir les porcs à l’engraissement à été installé et étudié pendant 2 ans sur un élevage finistérien. Le concepteur annonce un gain de 17,39 €/porc grâce à l’amélioration de l’IC, la baisse de la durée d’engraissement et l’augmentation de la plus-value technique.

Bruno Bergot et David Marhadour - Illustration Un vent de fraîcheur sur les engraissements
Bruno Bergot, éleveur de porcs et David Marhadour, fondateur et dirigeant de Calopor

Il y a 5 ans, Bruno Bergot a investi dans le système de chauffage Biomim développé par Calopor pour chauffer ses post-sevrages. Le principe repose sur une pompe à chaleur qui utilise les calories puisées dans l’air pour chauffer de l’eau. Cette eau chaude stockée dans un ballon tampon passe dans une centrale d’air qui souffle l’air chaud dans les salles pour le chauffage. Ce système a permis de réaliser une économie de 15 % sur la consommation électrique globale de l’exploitation. « Sur ce système nous avons 4 fonctions intelligentes. La première est de reproduire une ambiance naturelle dans les salles en jouant sur les débits d’air et la température. La deuxième est de comprendre les besoins des porcs en PS en fonction du moment de la journée. Nous avons une consigne à 26 °C mais cela varie selon les moments de journée (matin, midi, soir, nuit). La troisième est de chauffer le minimum possible la préfosse pour que les bactéries travaillent moins et ainsi limiter les dégagements d’ammoniac dans les salles. La quatrième est la régénération dynamique à des moments clés de la journée en réalisant de gros renouvellements d’air. La consigne de ventilation peut aller jusqu’à tripler à certains moments », explique David Marhadour, fondateur et dirigeant de Calopor.

60 000 € pour équiper une salle de 240 places d’engraissement.

Les porcs ont trop chaud 6 mois de l’année

Il y a 2 ans, Bruno Bergot a accepté de suivre David Marhadour dans la création d’un nouveau process en installant le prototype du système breveté Biomim engraissement sur un vieux bâtiment qui compte 2 salles identiques et qui permet de réaliser des essais comparatifs. « L’idée est de rafraîchir les porcs à l’engraissement sur certaines périodes et de créer du confort en améliorant l’ambiance. Un cochon de 12 kg se réchauffe seul lorsque la température extérieure est à 12 °C donc dès que l’on passe à 13 °C à l’extérieur il va commencer à avoir trop chaud. En Bretagne, ils ont donc trop chaud plus de 6 mois de l’année », constate David Marhadour. Les salles sont préchauffées à 24 °C avant l’arrivée des porcs pour que la salle soit bien sèche. Les animaux arrivent à 62 jours d’âge et font 25 kg. Le prototype est installé au pignon du bâtiment. Les pompes à chaleur air/eau et le ballon tampon composent le groupe d’eau glacée. Une centrale de traitement va diffuser l’air frais dans la salle. Le recyclage énergétique se fait par 2 bouches d’aspiration et avec un caisson de mélange d’air. « Les 4 fonctions intelligentes sont les mêmes que pour le chauffage en PS mais avec de l’air frais. Certains appelleraient cela de l’IA, mais au final ce n’est que de la programmation informatique », ironise le gérant de Calopor.

Améliorer l’indice de consommation

« Mon rêve avec ce système était d’améliorer la croissance des engraissements pour gagner une bande. On s’est rendu compte que c’était bien mais que de travailler à l’amélioration de l’indice de consommation c’était mieux », indique David Marhadour. Et Bruno Bergot de préciser : « Sur la partie engraissement de mon élevage, 0,1 point d’indice de consommation en moins représente un gain de 30 000 €. » L’essai a été mené sur une bande de porcs à l’engraissement entre novembre 2024 et mars 2025. Une salle était équipée du système Biomim et l’autre salle était le témoin avec un fonctionnement traditionnel. Les données ont été collectées par le logiciel Acemo et à partir des bordereaux Uniporc. « Nous avons effectué des moyennes pondérées à partir des écarts entre les 2 salles et calculé les gains zootechniques. Sur cet essai, avec notre système, nous avons diminué l’indice de consommation de 0,232. Le temps d’engraissement a été amélioré de 10,7 jours. Nous avons augmenté la plus-value technique de 0,02 €/kg. Nous avons remarqué une amélioration de la caudophagie de – 64 % sur la bande. Si nous ramenons ces chiffres au gain par porc, l’amélioration de l’IC représente un gain de 8,54 €/porc, la diminution du temps d’engraissement de 8,9 €/porc et l’augmentation de la plus-value technique de 1,94 €/porc. Au total, nous arrivons à un gain de 17,39 €/porc lorsque l’on déduit les 2 €/porc de coût énergétique pour faire fonctionner le système », décrit David Marhadour.

L’éleveur constate qu’il y a beaucoup moins de mouches dans la salle qui est équipée du système Calopor et qu’il y a aussi beaucoup moins d’odeur d’ammoniac. L’investissement pour équiper une salle de 240 places d’engraissement devrait être de l’ordre de 60 000 €. La pompe à chaleur restera à l’extérieur du bâtiment. La centrale d’air pourra être positionnée dans les combles.

Nicolas Goualan

CARTE DE VISITE : 1 site de naissage avec 300 truies ; (280 productives) ; Conduite en 7 bandes et sevrage à 28 jours ; Génétique Topigs ; Faf ; 1 site d’engraissement de 1 300 places qui passera à2 000 l’an prochain ; chef d’exploitation + 2 salariés d’élevage + 1 salariée transformation/vente directe ; 72 ha de SAU.

De l’acupuncture sur les truies

Bruno Bergot utilise régulièrement de l’homéopathie sur son élevage. Dernièrement, il a aussi testé l’acupuncture sur 2 truies en rangs 8 et 9 qui avaient des problématiques de mort-nés. « Ces truies avaient entre 6 et 8 mort-nés sur leurs 3 dernières mises-bas. Nous avons réalisé avec la vétérinaire de l’élevage une séance d’acupuncture avec 5 aiguilles une semaine avant la mise-bas. Résultat des courses une truie a eu 18 porcelets vivants et aucun mort-né et l’autre 19 porcelets vivants et un mort-né. » L’éleveur va renouveler l’opération sur des truies plus jeunes pour confirmer les premiers résultats et essayer de faire vieillir ses truies sans pénaliser ses résultats.


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