Dossier technique

Nouvelle salle de pause et sas d’entrée, des outils de management

EARL de Ruot, à Pouldreuzic (29) - En 2024, Stéphanie et Mathieu Hamon ont inauguré un sas neuf, passage obligé pour entrer sur l’élevage, conçu en pensant aussi bien biosécurité que confort du personnel et des intervenants extérieurs. Un investissement utile pour attirer et fidéliser des salariés.

Quatre hommes et une femme travaillant dans une salle de pause. - Illustration Nouvelle salle de pause et sas d’entrée, des outils de management
L’équipe de l’EARL 
de Ruot dans la nouvelle salle de pause. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

Les deux associés de l’EARL de Ruot ont profité de leur projet de nouveau bloc maternité – post-sevrage pour créer également un sas d’entrée flambant neuf. « D’une part, nos anciens vestiaires étaient vieillissants et pas adaptés à la marche en avant. D’autre part, après avoir longtemps travaillé avec de la main-d’œuvre familiale, nous tendons désormais vers une équipe de salariés tiers. La bascule s’est faite en 2020 quand mes parents nous ont laissé la gérance pour devenir salariés », explique Stéphanie Hamon dont le père a fait valoir ses droits à la retraite cet été.

Plus de confort et de souplesse pour recruter

« Par rapport à l’ancien mobil-home, notre nouvelle salle de pause, c’est le jour et la nuit », sourit Stéphanie Hamon assise dans une pièce « prête à vivre » lumineuse grâce à sa large baie vitrée avec vue sur les parcelles et aménagée d’un mobilier moderne et d’une cuisine tout équipée (plaques de cuisson, four, frigo, lave-vaisselle). La longue table a été prévue pour pouvoir accueillir aussi les repas lors de la récolte. « La moisson est bientôt finie, elle va être inaugurée avec l’équipe de l’ETA. »

Un espace cuisine tout équipé de couleur bleue.
L’espace cuisine tout équipé de la nouvelle salle de pause.

Les éleveurs ne considèrent pas l’investissement improductif mais au contraire stratégique. Avec ces locaux agréables, il y a bien sûr l’idée d’améliorer leur quotidien, mais aussi de faire la différence en termes de confort pour attirer des salariés. « Ici, à Pouldreuzic, dans un rayon de 20 à 25 km, il y a beaucoup d’eau. Cette situation littorale limite le potentiel de personnes à recruter. » Cet espace « cocooning » offre de la souplesse dans l’organisation en faveur de l’attractivité : cet été, la saisonnière prenait une pause réduite de 30 minutes en déjeunant sur place, lui permettant ensuite de finir plus tôt ses journées.

Dix vestiaires pour six personnes

Pour la conception des vestiaires, Mathieu Hamon s’est inspiré de son expérience de pompier volontaire : il avait travaillé sur la conception des vestiaires avec séparation hommes – femmes de la nouvelle caserne de Pouldreuzic. « Cela n’est pas obligatoire en élevage aujourd’hui. Mais demain ? », reprend son épouse. « C’est aussi une précaution alors que l’on entend régulièrement parler dans les médias de situations de harcèlement y compris dans la sphère professionnelle. »

Chaque salarié achète la tenue qui lui plaît

D’un côté, la zone sale. De l’autre, la zone propre. Entre les deux, 10 vestiaires individuels avec douche, clos par de belles portes jaunes. Actuellement, l’équipe est constituée de six personnes : deux associés, trois salariés en CDI et un saisonnier. Stéphanie est la seule femme. « Mais fin 2022, nous étions trois. L’équilibre homme – femme peut vite évoluer. Pour pouvoir s’adapter, nous avons prévu deux salles distinctes, chacune équipée de cinq vestiaires. » Ce confort profite aussi aux intervenants extérieurs : « Nos partenaires ont aussi des difficultés à recruter. Faciliter l’accueil sur les élevages peut les aider à garder leur main-d’œuvre dont nous avons besoin. »

Une douche dans un vestiaire.
Chaque salarié bénéficie de son vestiaire individuel avec douche.

Avant, il n’y avait qu’une seule douche sur l’élevage. « Comme nous finissons tous à peu près à la même heure, il fallait faire la queue », témoigne Yves Le Carre, salarié en charge de la partie verraterie-gestante. « Désormais, chacun a son espace et sa douche. Comme il n’y a pas de bac, c’est rapide à nettoyer à la raclette. L’enceinte est chauffée, c’est beaucoup plus agréable », poursuit l’ancien commercial qui se rappelle avoir parfois dû prendre une douche froide ou se changer près de la voiture dans des élevages.

De bons salaires de base pour motiver

Les salariés travaillent 39 heures par semaine et sont d’astreinte un dimanche matin sur trois actuellement. En semaine, les horaires habituels sont 8 h – 12 h et 13 h 30 – 17 h 30. « Mais celui qui veut réduire sa pause déjeuner part plus tôt », rappelle Stéphanie Hamon. En termes de management, la Finistérienne se dit « rigoureuse et ferme sur les résultats techniques, mais souple sur le planning ». Outre le confort de l’environnement de travail, elle insiste sur la bonne ambiance qui doit régner au sein d’une équipe au profit des résultats. L’objectif est d’éviter le turn-over. « Même si j’aime transmettre, c’est prenant et fatiguant de devoir sans cesse former. » Pour fidéliser des salariés compétents, un salaire de base attractif est proposé. Le parc matériel est récent et performant, « un plus aux yeux des jeunes aujourd’hui ». Ce que confirment Elouan Gentric et Alan Strullu, arrivés cette année : « Il y a beaucoup d’offres d’emploi en agriculture. Ici, la structure nous a séduits autant pour le côté élevage que cultures. » En contrepartie de ce cadre de travail intéressant, les employeurs attendent « de la motivation et de l’engagement. » Ils n’hésitent pas d’ailleurs à partager leurs résultats techniques en cultures et en élevage « pour faire le lien avec l’économique et impliquer tout le monde ».

Par ailleurs, à l’EARL, on peut bénéficier d’une voiture de fonction. « Dans certains cas, c’est un bonus qui peut être étudié. » Les associés réfléchissent également au logement de fonction à l’avenir. « Cela pourrait être utile. Cet été, nous n’avons reçu qu’un CV de saisonnier. Le logement, surtout en zone côtière, est un frein évident. »

Toma Dagorn

Des tenues lavées tous les soirs

En arrivant sur l’élevage, chacun se change entièrement. Tout est mis à disposition. « Un nouveau salarié achète lui-même son équipement : bottes, chaussures de sécurité, T-shirt, pull, veste, tenue de lavage… Chacun choisit les modèles qui lui plaisent pour être à l’aise. Ensuite, nous remboursons », explique Stéphanie Hamon.Dans les nouveaux locaux, une pièce est dédiée au nettoyage. « Il y a toujours eu une machine à laver sur l’élevage. Je n’ai jamais vu mes parents laver les habits de l’élevage à la maison, déjà à l’époque où nous produisions du lait. » Une fiche de procédure est affichée. « Comme à la maison, tout le monde peut lancer une lessive. » Les tenues sont lavées tous les soirs. « D’un point de vue sanitaire, c’est mieux pour les cochons », tranche l’éleveuse. « Parfois, il arrive même qu’on se change entièrement aussi à midi. » Un sèche-linge est à disposition. Ainsi qu’un évier équipé d’une douchette de restaurant pour laver facilement seaux, bottes ou petits accessoires.

Une pièce équipée d’une machine à laver, d’un sèche-linge et d’un évier avec douchette.
L’espace dédié 
au nettoyage, équipé 
d’une machine à laver, 
d’un sèche-linge et d’un évier avec douchette.

Pas de pause commune

Pour avoir des interactions dans une équipe, il faut des lieux communs, note Stéphanie Hamon. Une réunion d’équipe rapide est organisée à 13 h 30, tous les lundis. L’occasion de faire le point sur les absences dans la semaine et d’organiser le travail aux champs en fonction des prévisions météo. Pour autant, à la demande des salariés, à l’époque de ses parents, les pauses quotidiennes ont été supprimées pour permettre de rentrer plus tôt chez soi et profiter davantage de sa famille. « Nous avons chacun nos spécialisations et sommes parfois éloignés du sas. L’un est au champ, l’autre en engraissement… Pour rassembler tout le monde pour un café, on peut vite perdre une heure », estime Mathieu Hamon. Yves Le Carre, salarié, est du même avis : « L’esprit d’équipe ne se construit pas par des pauses collectives imposées. La pause, je préfère la faire le soir, à la maison, parce que je suis rentré plus tôt. »


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