Les prestations de contrôle thermographique par drone des installations photovoltaïques se développent sur le terrain. Cette opération spécifique est rarement intégrée dans les contrats de maintenance, rapporte Cédric Havard, conseiller Énergie à la Chambre d’agriculture Bretagne. « Pour ma part, je la conseille a minima dans les mois qui suivent la mise en service de la station. » Une préconisation qui est peu suivie dans les campagnes, regrette-t-il. « Elle apporte un gage de qualité concernant le chantier réalisé. En fait, elle protège tout le monde : elle permet à l’installateur de montrer que tous les panneaux fonctionnent ce qui rassure l’agriculteur. On devrait démocratiser ces contrôles. »
Faire contrôler après un épisode de grêle
Examen à la mise en route
Le principe de l’analyse thermographique est simple : « Un panneau qui ne fonctionne pas ou pas bien va chauffer un peu plus. La caméra peut ainsi mettre en évidence une série de panneaux défectueux ou tout simplement des cellules qui ne fonctionnent pas. » Cette inspection par drone peut être réalisée à tout moment à partir du moment où les conditions météo sont propices : pas de vent et un ensoleillement correct (en gros, du printemps à l’automne). « Attention au dépôt de poussière ou aux fientes d’oiseaux. Dans l’idéal, la toiture doit être propre. Je conseille donc de ne pas trop tarder après la mise en route. » Dans la première année de fonctionnement, si des panneaux sont défectueux, l’installateur doit prendre entièrement en charge la résolution du problème dans le cadre de la garantie de parfait achèvement du chantier. « Sur une installation, il peut y avoir des défauts d’usine sur un certain nombre de panneaux qui ne sont pas forcément détectables par des mesures de tension. Il peut y avoir des micro-cracks causés lors de la manipulation ou de la pose. »
Attention à l’encrassement
En routine, le nettoyage du champ solaire est recommandé. Les agriculteurs font généralement appel à des entreprises spécialisées équipées de robot nettoyeur qui se promènent sur les panneaux. « Les installations se salissent plus ou moins vite selon la situation géographique mais aussi les pratiques de travail autour. Le pire des cas est sans doute le paillage mécanique dans le bâtiment avec faîtage ouvert. Là, il faudrait faire nettoyer ses panneaux deux fois par an », estime Cédric Havard. Le stockage et le séchage de céréales (dans les points de collecte) est une autre activité qui génère des dépôts rapidement. « Chez les gens qui aplatissent des céréales à la ferme, type faf, on peut constater des parties de toiture recouvertes de farines… » Au contraire, pour un bâtiment de stockage de matériel au milieu d’une zone goudronnée ou entouré de prairies, « un nettoyage tous les deux ou trois ans va suffire ». Le conseiller invite donc à surveiller l’encrassement de sa toiture. Il y a parfois aussi le développement de lichen (« Cela peut aller vite ») ou de mousse. Un opérateur aguerri peut s’en apercevoir par le monitoring, c’est-à-dire la surveillance des courbes de production de la station. « Sinon, il faut aller voir soi-même en sécurité. En bas de pente, on nettoie une partie d’un panneau avec un chiffon mouillé. S’il y a une grosse différence entre la partie nettoyée et la partie sale, de la production d’énergie est perdue et il est grand temps de nettoyer. » Dans ce genre de cas, le coût du nettoyage est alors vite amorti, « parfois en deux mois seulement ». Dans l’idéal, il est intéressant de réaliser l’opération juste avant les mois de meilleur rendement.


Durant la vie de l’installation, Cédric Havard préconise un passage de la caméra thermique dès que l’on s’aperçoit d’une baisse de performance inexpliquée alors que les panneaux sont propres. « Un épisode de grêle doit aussi être un événement déclencheur. Je peux voir trois panneaux cassés, alors qu’en fait 50 présentent des microfissures… »
Contrôler les panneaux à la cession de la ferme
En fin de carrière, certains agriculteurs gardent l’exploitation de la centrale solaire tout en vendant leur ferme. Pour conserver le chiffre d’affaires de la station, ils signent en général un bail de location ou parfois « une division en volumes » avec le repreneur. « Si vous voulez garder l’exploitation, il est important d’anticiper tous les cas de figure dans le bail : pas de création de bâtiment ou de silo-tour à proximité pouvant faire de l’ombre, question de l’entretien des haies autour, droit de passage pour l’entretien et la maintenance vers la toiture et le local technique, fourniture de l’eau pour le nettoyage des panneaux… Quand tout est écrit, cela évite les problèmes. »
D’autres cèdent tout simplement et totalement l’activité au repreneur. Cédric Havard recommande alors un examen de la centrale au moment de la vente. « Après nettoyage préalable, la caméra thermique va montrer l’état de la centrale à un instant T. Cela protège à la fois le cédant et le repreneur au moment de la transaction. Imaginez qu’un épisode intense de grêle intervienne juste après la transmission… »
Toma Dagorn