Dossier technique

La réforme des 36 heures

SARL Élevage Paul à Scrignac (29) - Semaine de 4,5 jours, intéressement aux résultats, travail en binôme… Alexandre Paul veut des salariés heureux au travail et solidaires.

Une femme et quatre hommes prenant une pause café.  - Illustration La réforme des 36 heures
Pause café pour Alexandre Paul (au centre) entourés de Jordan Toudic et Marc Tanguy, Cécile Meurou et Quentin Le Fournis. | © Toma Dagorn - journal Paysan Breton

À la SARL, la semaine de 4,5 jours de travail a été instaurée il y a plus de deux ans. L’équipe est constituée du gérant Alexandre Paul et 4 salariés. « Pour un cheptel de 500 truies NE en Faf intégrale, nous avons une certaine souplesse », explique l’éleveur. « Je n’avais jamais proposé d’augmentation. J’ai alors avancé l’idée de baisser le temps de travail sans toucher aux salaires. » Tout le monde a adhéré.

Une pointeuse comme à l’usine

Les semaines de travail sont passées de 39 à 36 heures. « Au départ, je pensais devoir venir aider le vendredi après-midi, notamment en mise bas. Mais finalement, l’équipe s’est adaptée pour garder son efficacité. » Depuis un an, par exemple, les salles d’engraissement ne sont plus visitées qu’une fois par jour. « On a pu prendre cette option parce que le taux de mortalité avait baissé. » Dans ces semaines raccourcies, les salariés y trouvent leur compte : « C’est plus facile de caler un rendez-vous médical ou administratif ou de faire ses courses en évitant les moments d’affluence. »

Un salarié agricole glisse sa carte dans une pointeuse.
Salarié depuis 18 ans sur l’élevage, Marc Tanguy apprécie le système de la pointeuse.

Une pointeuse – « comme à l’usine » – est en place depuis 20 ans. « Ce n’est pas un flicage. Au contraire, cela offre la souplesse d’arriver plus tôt pour finir plus tôt, d’adapter ses horaires en fonction des enfants ou d’une absence exceptionnelle. C’est un système juste qui coupe court à tout litige », témoigne Marc Tanguy, responsable de la partie verraterie – gestante, sur l’exploitation depuis 18 ans.

3,5 jours de week-end, toutes les 5 semaines

Toutes les cinq semaines, la personne de garde travaille le samedi et le dimanche matin. Elle ne pointe pas : « Chacun est autonome. » La semaine suivante, elle termine le jeudi midi et profite d’un week-end de trois jours et demi. « Cela permet de bien déconnecter après avoir enchaîné de grosses semaines de boulot », apprécie Marc Tanguy. Arrivé en janvier, Jordan Toudic, en charge du post-sevrage – engraissement, a été salarié en atelier laitier. Père d’un enfant en bas âge, il apprécie aussi. « En lait, il y avait plus d’astreinte : je travaillais un week-end sur trois. Ici, la garde finit dès le dimanche midi. » Même son de cloche du côté de Quentin Le Fournis qui vient d’arriver après une expérience en production laitière en Suisse.

Une équipe solidaire et en confiance

Les salariés insistent sur la bonne humeur qui règne. « C’est important. En conduite en 10 bandes, notre travail est davantage organisé en binôme qu’à la semaine », explique Alexandre Paul. « Chacun a son poste, mais nous restons disponibles pour les autres. Quand on a fini sa tâche, on file aider. Souvent, tout le monde finit ensemble la journée. » Pour Marc Tanguy, certaines personnes ne sont pas faites pour travailler en équipe. « Mais ici, nous avons tous le sourire et sommes solidaires. Personne ne vient au boulot en marche arrière. » La relation avec son employeur compte beaucoup : « Il nous fait confiance. »

Installé en 2015, Alexandre Paul a toujours connu des salariés sur l’élevage familial. « C’est peut-être plus simple pour moi de manager. » Il est toujours à l’écoute : « Ce n’est pas parce que tu es patron que tu as la science infuse. Les salariés, au cœur de l’activité, ont parfois de bien meilleures idées. Ici, chacun est libre de donner son avis. Je ne mets jamais l’équipe devant le fait accompli d’une décision. » Cécile Meurou, responsable de la maternité, aime cette liberté de pouvoir proposer et essayer des choses. « Mes truies ne mangeaient pas bien. J’ai échangé avec le technicien et le vétérinaire avant de passer à trois repas par jour. Je me sens impliquée car je peux prendre des décisions. »

Quatre hommes et une femme devant un bâtiment en élevage porcin.
La bonne humeur règne dans l’équipe de la SARL.

À la SARL, les pauses de 10 h et de 16 h sont incontournables. « Un moment pour réfléchir en commun, parler élevage ou refaire le monde. » Généralement, technicien et vétérinaire y sont invités à passer à l’heure du café pour que « l’échange se fasse avec tout le monde », termine Paul Alexandre.

Toma Dagorn

Le haut débit dans les douches

Paul Alexandre a investi en 2021 dans un local qui compte six vestiaires individuels avec douche. « C’est vraiment appréciable de rentrer chez soi propre le soir », sourit-il. « J’ai opté pour un gros chauffe-eau et de vraies douches, chaudes avec du débit et sans bouton poussoir. » Avant, la SARL ne comptait que deux douches. « Je m’y changeais, mais je n’avais pas d’intimité », reprend Cécile Meurou. « Désormais, pour rentrer déjeuner, on passe rapidement par le vestiaire et on rejoint notre famille sans aucune odeur », insiste Marc Tanguy.

Intéressés aux résultats techniques

En plus de conditions de travail attractives (horaires de bureau, semaine de 4,5 jours, robot de lavage, vestiaires individuels…), Alexandre Paul intéresse les salariés aux résultats techniques. Quand au moins 46 truies par bande de 48 sont pleines, un bonus est validé. Quand plus de 580 porcelets sont sevrés par bande, un autre objectif est atteint. Quand le taux de perte en PS – engraissement est réduit, la dernière mission est remplie. « C’est un objectif d’équipe : les bonus obtenus pour les trois postes sont mis au pot et partagés. Cela pousse à être solidaires et impliqués sur les ateliers des autres, notamment lors des week-end. » Mieux l’équipe travaille collectivement, plus la prime est grande. « Depuis 1,5 an, nos résultats techniques sont meilleurs. Les pertes en engraissement ont été divisées par deux et le bonus du PS – engraissement est débloqué. » En ce moment, la prime est ainsi de l’ordre de 900 € par trimestre. « Je vends 40 cochons de plus par mois et on ramasse moins de morts ce qui est positif pour le moral de tous. Dans un contrat d’intéressement, il faut que ce soit à la fois atteignable et vraiment motivant. »


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