« J’ai mis en place le contrat d’intéressement en 2013, lors de l’embauche de Philippe comme salarié sur l’élevage. Ça a été un argument supplémentaire pour le convaincre de nous rejoindre sur l’exploitation », témoigne Dominique Morvan, éleveur de porcs à Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h (29). Il est associé avec son frère Gilles sur un élevage de 350 truies naisseur-engraisseur avec conduite en 7 bandes et sevrage à 28 jours. Dominique gère la partie élevage avec 2 salariés (Philippe et Grégory) tandis que Gilles est spécialisé sur les cultures sur 160 ha de SAU. Les 2 associés ont développé une activité de vente directe avec 1 laboratoire et un magasin situé à 500 m de l’exploitation. 2 salariés s’occupent de la découpe/transformation et de la commercialisation.
Inciter à être plus autonome
Jusqu’en 2020, Dominique Morvan a travaillé seul avec un salarié sur l’élevage. Il a ensuite embauché un second salarié pour faire face à l’augmentation de la charge de travail en lien avec l’amélioration de la prolificité. « Lorsque j’ai mis en place le contrat d’intéressement en 2013, je n’étais pas encore formé sur le management. L’objectif était alors d’inciter le salarié à être le plus autonome possible et à l’impliquer dans le suivi des résultats techniques avec une compensation financière. » À l’époque, le contrat d’intéressement était établi sur le critère de productivité du nombre de porcelets sevrés par bande et par truie. « Cela mobilise les efforts sur la partie reproduction, quarantaine, verraterie, gestante et maternité. »
Un système de calcul simple
Le contrat qui définit la prime d’intéressement a été révisé en 2020 lors de l’arrivée d’un second salarié sur l’élevage. « Je l’ai modifié pour aller sur un objectif de porcs vendus qui colle plus à la finalité de l’élevage et à la réalité économique. C’est aussi un moyen de mobiliser les efforts sur toutes les phases d’élevage dont le post-sevrage et l’engraissement. C’est ce qu’il manquait lorsque je compare avec le premier contrat qui portait sur le nombre de porcelets sevrés. » L’éleveur voulait un système de calcul simple, clair, transparent pour que tout le monde comprenne facilement et que ça soit indiscutable. Ce sont les salariés qui, toutes les 3 semaines, saisissent sur tablette les résultats d’élevage. Ils savent donc précisément où ils se situent par rapport à l’objectif fixé. « Ils m’ont d’ailleurs prévenu dernièrement que l’on allait certainement battre cette année le record du nombre de porcs vendus. »
Les primes représentent 10 % du salaire net
Selon les résultats, les salariés touchent une prime au trimestre. « L’objectif est donc fixé sur une période de 3 mois et il est à 2 500 porcs vendus. Pour chaque porc vendu au-dessus de l’objectif chaque salarié de l’élevage touche 2 €/porc. Si je prends l’exemple de la période allant de juillet dernier à septembre, nous avons vendu 2 819 porcs. Cela a généré une prime de 638 € pour chaque salarié. » Dominique Morvan insiste pour que tout cela soit raisonné à l’année car un départ de porcs le 31 ou le 1er du dernier mois du trimestre va impacter de 200 porcs en plus ou en moins sur la période. « Sur l’année 2024, la prime trimestrielle a variée de 638 € à 1 246 € pour chaque salarié. Ces primes représentent sur l’année environ 10 % du salaire net. En 4 ans, cette prime a triplé en lien avec l’amélioration de la prolificité et l’implication des salariés. »
Nicolas Goualan
Le management est un composant de l’élevage
Dominique Morvan fait remarquer que la fidélisation des salariés sur l’élevage passe aussi par le relationnel et le management. « J’ai donc participé à plusieurs formations pour apprendre à mieux me connaître pour bien manager les salariés. Une d’entre elles, proposée par mon groupement Porc Armor Évolution, s’est déroulée sur 9 jours divisés en 4 séquences à l’Institut de Locarn. Nous étions 10 éleveurs, c’était animé par des intervenants extérieurs. Cela permet de parler de nos expériences respectives et d’échanger entre éleveurs en se coupant de nos élevages. Nous avons appris à faire confiance, déléguer, laisser plus d’autonomie à nos salariés. » L’éleveur a ensuite changé sa façon de faire et mis en place des tableaux de bord pour contrôler différemment le travail effectué par ses salariés. « Aujourd’hui, le management est un composant de l’élevage au même titre que la technique, le sanitaire ou l’économique. »