En avril 2023, la SCEA de Kerbohec inaugure son nouveau bloc naissage pour le troupeau de 400 truies. Le bâtiment neuf s’est accompagné d’un changement radical de la conduite d’élevage. « Nous sommes passés d’une conduite 10 bandes avec sevrage à 21 jours à une conduite 7 bandes avec sevrage à 28 jours », indique Arnaud Lidurin, l’un des deux associés de l’exploitation. « Nous avons aussi intégré des cases liberté en maternité. » Ces modifications ont entraîné une charge de travail accrue, devenue trop lourde pour Christophe Le Brize, salarié de l’exploitation depuis 2016. Au bout de plusieurs mois de recherche, initiée avant même l’inauguration du bloc naissage, Arnaud Lidurin embauche enfin une nouvelle personne en décembre 2023. « Sabrina a 20 ans d’expérience en élevage porcin. Elle était déjà formée et très autonome. » Les deux salariés se partagent la responsabilité du bloc truie, tandis qu’Arnaud Lidurin se concentre sur le post-sevrage et l’engraissement.
Prendre ses marques
La nouvelle organisation a nécessité du temps et de nombreux échanges. « Mes deux salariés, habitués à travailler en toute autonomie, ont dû apprendre à collaborer. » Depuis six mois, l’éleveur estime que l’équipe a trouvé son rythme de croisière. Sabrina Le Joliff et Christophe Le Brize apprécient cette nouvelle manière de travailler, qui limite la charge mentale et facilite la gestion ainsi que la prise de décision. Par exemple, les tâches comme le lavage des salles, la vaccination, les tatouages ou la castration se font systématiquement à deux. « Ils gèrent aussi la GTTT, les pesées des portées ou encore les ELD en maternité », ajoute Arnaud Lidurin. « Cela leur demande certes plus de travail, mais cela me décharge sur le post-sevrage. »
Des salariés devenus chefs d’élevage
Arnaud Lidurin prend soin d’impliquer ses salariés dans la vie de l’élevage. Deux fois par an, ils participent aux réunions organisées avec les techniciens et les vétérinaires. « Ils ont d’ailleurs tous les contacts et les appellent en direct sans passer par moi », précise l’agriculteur. « Je me considère désormais comme chef d’exploitation mais plus forcément comme chef d’élevage. ». Christophe Le Brize et Sabrina Le Joliff suivent également des formations proposées par Evel’Up, à l’instar des groupes d’échange salariés. « Cela nous permet de sortir de l’exploitation et d’échanger avec d’autres porchers qui, généralement, en disent plus sur le fonctionnement de l’élevage que les éleveurs eux-mêmes », déclare Sabrina Le Joliff. Enfin, Christophe Le Brize a été très impliqué dans le projet du nouveau bâtiment : visites d’exploitations, choix des matériaux, conception générale. « C’était logique, puisque c’est lui qui allait y travailler », note Arnaud Lidurin.
Avec l’accord de son personnel, Arnaud Lidurin a conçu un planning sur 6 semaines. « Le nombre de jours travaillés et de repos varie selon que l’on est dans une semaine IA, mise-bas, sevrage… De plus, depuis septembre 2024, Sabrina et Christophe ne travaillent qu’un week-end sur 6. Mon frère et moi sommes d’astreinte 1 week-end sur 3. Je n’avais jamais connu un rythme aussi confortable auparavant. » Par ailleurs, les tâches de la semaine sont planifiées pour que la personne de garde n’ait que de la surveillance à effectuer le week-end, excepté en période d’insémination artificielle.
Des décisions partagées
Les différentes décisions techniques au sein de l’élevage sont prises de façon collégiale.
Depuis quelques semaines, les capots des nids ont été retirés en maternité suite aux observations des uns et des autres. « Ce système est davantage compatible avec nos salles de maternité équipées d’une ventilation zéro dépression, et la surveillance est beaucoup plus simple », explique Arnaud Lidurin. « Nous avons testé sur un quart de salle avant d’étendre à l’ensemble de nos deux salles. »
Enfin, les compétences et les missions du personnel sont vouées à évoluer. « Dans un futur proche, j’aimerais que Sabrina et Christophe passent plus de temps sur la partie post-sevrage et engraissement. Cela me permettra d’avoir un œil neuf capable de détecter des choses que je ne vois pas ou plus. »
Alexis Jamet