Dossier technique

Les Jersiaises ont chassé les Prim’

Après avoir élevé des Prim’Holstein pendant plus de 10 ans, Mickael Lescouet a passé son troupeau en 100 % jersiaises en 2023. Les performances technico-économiques ont largement progressé.

Agriculteurs dans une prairie avec des jersiaises - Illustration Les Jersiaises ont chassé les Prim’
Le troupeau de Mickael Lescouet est 100 % jersiais depuis 2023. | © Paysan Breton

Mickael Lescouet s’est installé en 2011 après un tiers. À l’époque, le troupeau comptait 60 Prim’Holstein et 15 vaches allaitantes. « Je suis monté jusqu’à 85 laitières qui produisaient environ 9 000 litres de lait », témoigne l’éleveur. Sur la SAU de 60 ha, le Costarmoricain cultive 5 ha de blé, 28 ha de maïs et le reste en herbe. En 2019, les premières Jersiaises arrivent dans le cheptel. Mickael Lescouet achète alors 30 bêtes provenant d’élevages finistériens et du Maine-et-Loire. L’investissement est de 45 000 €. Depuis 2023, le troupeau compte 100 Jersiaises. « La Prim’Holstein ne correspondait plus à la philosophie de la ferme », raconte l’agriculteur. « Elles ont les pattes fragiles et les vêlages étaient difficiles. Les Jersiaises sont des bonnes marcheuses et valorisent bien le fourrage grossier et l’herbe. De plus, elles vêlent toutes seules, ont une bonne longévité et sont faciles à vivre. » Avant d’entamer cette transition, l’éleveur a visité 3 exploitations. « Ça m’a conforté dans mon choix. Ces agriculteurs vivaient bien malgré les petites vaches. »

La marge progresse

« Depuis que les Jersiaises sont arrivées, la marge brute lait aux 1 000 litres n’a fait qu’augmenter », explique Mickael Lescouet. En effet, celle-ci était de 306 € en 2022, 385 € en 2023 et 398 € en 2024. Les vaches consomment effectivement moins de fourrage tout en ayant des taux plus importants. Sur la dernière campagne, l’agriculteur a produit 524 000 litres avec 100 jersiaises avec un prix moyen à 570 €. « La plus-value des taux rapporte environ 80 000 €/an », précise-t-il. En 2024, l’EBE était de 128 000 €, dont 92 % étaient liés au lait. « Cette année, les taux moyens du troupeau étaient de 42,60 pour le TP (2e taux national) et de 65,20 pour le TB (1er taux national). » En parallèle, les frais vétérinaires ont aussi diminué.

Augmenter l’herbe

En été, les Jersiaises sont majoritairement au pâturage (80 % de la ration) et sont complémentées avec du maïs. Pendant la période de pleine pousse de l’herbe, elles sont dehors nuit et jour. « Je pratique le pâturage tournant dynamique avec des paddocks de 2 jours », déclare le Costarmoricain. En hiver, la ration est composée à 2/3 de maïs et 1/3 d’ensilage d’herbe. « Dès que mes annuités vont baisser d’ici 5 ans, mon objectif est de diminuer la part de maïs au profit de l’herbe. Je passerai peut-être aussi en monotraite toute l’année. Cela me permettra aussi de réduire mon temps de travail. »

Développer vite le troupeau

Dès l’arrivée des premières Jersiaises, les génisses ont reçu des semences sexées pour développer le troupeau au plus vite. Aujourd’hui, les semences sexées de chez Viking Genetics sont réservées aux meilleurs animaux et le reste est inséminé en croisé bleu et limousin. « J’insémine moi-même », souligne l’éleveur. « Selon moi, ça fait partie du métier et permet aussi plus de souplesse dans l’organisation du travail. » Pour faciliter la détection des chaleurs, les vaches sont équipées de colliers connectés.

Le pointage commence

En 2023, le pointage du troupeau par Innoval a commencé pour sélectionner les meilleures souches. Mickael Lescouet recherche avant tout de la morphologie, du lait et des bonnes pattes. En parallèle, les meilleures génisses sont génotypées pour gagner du temps dans la progression du cheptel. « Il me reste 10 ans, il faut aller vite si je veux un jour aller à Paris ! » Aujourd’hui, l’index NTM (équivalent ISU) du troupeau de l’EARL de la Bourchonnet est de -5 pour une moyenne nationale à -8. Alexis Jamet

Radine sur le ring

Pour la première fois cette année, Mickael Lescouet foulera le ring du Space lors du concours jersiais. Radine, vache en 2e lactation a été retenue, notamment pour sa morphologie, ses bons membres et sa mamelle. « Ce sera l’occasion de se frotter un peu avec le Maine-et-Loire », sourit l’éleveur.


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