« C’est parti ! » L’aventure démarre tout juste pour Chloé Labat, 24 ans, qui accueille ses premières poulettes durant ce mois de septembre. La jeune femme originaire de Milizac (29) vient de reprendre l’atelier de production d’œufs de Martine et Didier Christien à Glomel (22). Non issue du milieu agricole, elle avait d’abord obtenu un Bac Sciences et technologie de l’agronomie et du vivant au lycée agricole de Suscinio (29) après un CAP Petite Enfance. « J’ai démarré ma carrière professionnelle en travaillant comme auxiliaire de puériculture. » Avant de changer totalement de cap donc pour se lancer dans l’élevage. « J’ai toujours eu l’âme animalière. C’est ce qui m’avait déjà menée vers la Bac STAV… »
D’abord sur liste d’attente
Surtout, le monde de la volaille ne lui était pas étranger. « Tanguy, mon compagnon est installé en volaille de chair à Plévin, à 15 km d’ici, depuis 2017 », explique la repreneuse. « L’idée de me lancer également répondait à notre volonté de nous rapprocher mais aussi d’être indépendante, de pouvoir faire mes propres choix au quotidien. » Au départ, elle imaginait d’ailleurs plutôt évoluer en filière chair qui lui était naturellement plus familière. « Mais je n’étais pas du tout fermée. Nous nous sommes ainsi renseignés également sur la production d’œufs. Ainsi, nous avons fait une première visite chez Martine et Didier au printemps 2023… » Mais à ce moment-là, l’élevage était en période de vide sanitaire, pas l’idéal pour se projeter. « Surtout, à l’époque, il y avait un candidat à la reprise déjà sur l’affaire », reprend Martine Christien, la cédante, qui communiquait sur la vente de son poulailler grâce notamment à une petite annonce agrémentée « de photos prises au drone » sur un site internet spécialisé. « Suite à cette première rencontre, je me suis mise sur la liste d’attente », sourit Chloé Labat.
Week-ends de découverte puis parrainage
Finalement, le candidat déclaré s’est désisté décidant de reprendre un bâtiment équipé en cages. Et la jeune femme a pu construire son projet. Début juin 2023, le bâtiment de Martine et Didier Christien a été rechargé. « Je suis alors revenue tous les week-ends pour observer, apprendre, recevoir tout ce qu’on pouvait me transmettre. Le vide sanitaire et le démarrage de lot sont les périodes les plus délicates, les plus fatigantes physiquement et mentalement. Tous les conseils de Martine vont m’être précieux. » Chloé Labat a été libérée de son emploi de salariée le 31 mai 2024. Dans la foulée, dès le 3 juin, un dispositif de parrainage a été mis en place pour assurer au mieux le passage de témoin…
Aujourd’hui, la jeune avicultrice est seule aux manettes. Au démarrage, quelqu’un qui se lance bénéficie « d’un suivi technique rapproché », précisent les responsables du Gouessant. Les techniciens passent plus souvent qu’à l’accoutumée en début de ponte, moment crucial. Les vétérinaires forment le porteur de projet pour qu’il gagne en autonomie. Une fois installé, il peut aussi être parrainé et suivi par un éleveur référent du réseau de la coopérative.
Toma Dagorn
Bien accompagnée pour se lancer
La reprise du bâtiment de 30 000 places et des 13 ha de parcours a représenté un investissement autour du million d’euros. « L’activité de production d’œufs est rentable à condition de faire du bon travail au jour le jour », tranche Chloé Labat. Dans son parcours à l’installation, elle tient à souligner, en marge de l’accompagnement de la Chambre d’agriculture, « la présence et le suivi précieux » à ses côtés de Sylvie Chapin, responsable installation – transmission pour le groupe Le Gouessant. « Comme je ne viens pas du milieu de la volaille, elle m’a tout expliqué de A à Z. Pour commencer, elle m’a fait la liste de tous les points importants à aborder quand on visite un site d’élevage pour pouvoir dégager rapidement les points forts et les points faibles. » Ensuite, un rétro-planning a été défini depuis les démarches administratives jusqu’à la commande des poussins… « Surtout, en décortiquant les chiffres des cédants et en les intégrant dans un simulateur, Sylvie Chapin m’a permis d’avoir un dossier fiable et précis pour me présenter devant les banques et centres de gestion. Mais aussi de perdre le moins de temps possible dans les démarches alors que les cédants attendent. C’est rassurant pour tout le monde. »