Ovin : Prioriser les actions

En cas de températures élevées, les brebis subissent un stress thermique. Prendre les mesures adéquates permet de prévenir ces situations délicates et d’anticiper l’adaptation des animaux. Morgane Lambert, de l’Institut de l’élevage, liste les points à hiérarchiser pour aborder sereinement les périodes de forte chaleur avec un troupeau ovin, lors d’un webinaire organisé par le Ciirpo. Un abreuvement adapté Si une brebis à l’entretien ou en début de gestation consomme 1,5 à 2 L d’eau / kg MS ingéré, 2,5 à 3 L pour une brebis en fin de gestation ou 3 à 4 L pour une brebis en lactation, il est à noter que les besoins en eau augmentent de 30 % pour une température ambiante de 20 °C, voire doublent à partir de 25 °C. « Par forte chaleur, pour réguler sa température corporelle, une brebis peut ingérer jusque 12 à 15 L d’eau par jour », note Morgane Lambert. De par l’instinct grégaire de l’espèce, il faut réfléchir à l’accès et à la dimension des points d'eau dans les bâtiments et dans les paddocks. À plus de 200 m de l’abreuvoir, les animaux y viendront moins souvent mais en plus grand nombre à chaque fois… Par ailleurs, avec la chaleur, les animaux réduisent l’ingestion des aliments et surtout la consommation des fourrages. L’appétence des fourrages distribués est donc primordiale lors de ces périodes. Offrir de l’ombre Dans les bâtiments, « il faut éviter le rayonnement solaire dans les aires de vie. » En effet, les animaux vont associer les zones de forte luminosité à des zones d’inconfort et de forte chaleur ; les ruminants ne perçoivent pas les zones d’ombre et de lumière. Ils vont donc éviter les endroits avec de forts contrastes lumineux et donc les surfaces d’aire paillée recevant un rayonnement direct. « En construction, pensez aux débords de toiture. Évitez les translucides en toiture et en façades sud et ouest… Placez-les plutôt sur l’aire d’alimentation et sur les couloirs, pour ne pas perdre en luminosité. En rénovation, il est également possible de peindre les translucides en blanc pour bloquer les rayons directs du soleil. » Au pâturage, penser également à cette notion d’ombrage… Améliorer la ventilation naturelle des bâtiments « On recherche une vitesse d'air supérieure à 1 m/s mais il faut aussi noter que ces vitesses de propagation de l’air s’essoufflent rapidement dans la largeur du bâtiment. Inférieur à 0,5 m/s, le flux est imperceptible pour la brebis. Il ne faut donc pas hésiter à ouvrir les bâtiments en été, pour gagner des paliers en termes de confort thermique. » Des bâtiments moins hauts et moins larges sont à réfléchir lors de la création, avec des matériaux peu rayonnants. « Attention aux murs en béton qui absorbent la chaleur en journée et la restituent la nuit… » Des couloirs de service peuvent également éloigner les animaux de parois susceptibles de rayonner. Dégager les façades et les abords de bâtiment pour ne pas pénaliser la ventilation (avec une haie, la fumière, l’ajout d’un agrandissement de bâtiment…). Tout comme la sectorisation des bergeries et les nombreux équipements en ovin peuvent faire barrage à la circulation de l’air. En rénovation, des ouvertures modulables sont à envisager « et si possible en position basse » : bardages mobiles coulissants, ajourés, trappes, guillotines, rideaux mobiles… « Dernier point, la ventilation mécanique constitue un ultime recours, coûteux à l’installation et à l’utilisation », alerte la spécialiste. Quid de la ventilation par extraction ? La ventilation par extraction est un outil de renouvellement de l’air qui ne répond pas aux problématiques de stress thermique, « d’autant plus que les plages de fonctionnement sont souvent réglées trop élevées ! Une fois que la chaleur est entrée dans le bâtiment, il faut arrêter l’extraction et ouvrir largement le bâtiment .» Des seuils de stress thermiques à déterminer Si la zone de confort s'étale de 0 à 20 °C pour les ovins, il n’existe pas à ce jour pas de critères fixes pour déterminer les seuils d'entrée en situation de stress thermique chez les petits ruminants. Un programme Batcool vient de voir le jour, il permettra de mesurer les paramètres d’ambiance, de bien-être et de performances des ovins lait, des ovins viande et des caprins. En attendant, par défaut, ce sont les normes des vaches laitières qui font référence.

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