« C’est une fierté d’avoir un animal présélectionné pour le Space. Dans le Morbihan, il y a beaucoup de très bons troupeaux et les places sont chères », reconnaît Mathieu Pichodo. Le jeune homme vient de s’installer au 1er septembre en reprenant un site de deux poulaillers à rénover en volaille de chair. Mais sa véritable passion est à chercher du côté des belles vaches. Un centre d’intérêt qu’il partage avec son père, Nicolas, producteur de lait à Silfiac, à 10 km de sa nouvelle exploitation.
Une vache agressive à l’auge qui produit beaucoup.
Assise sur 80 ha de SAU, la ferme familiale compte une cinquantaine de vaches pour 530 000 L de lait livrés par campagne et un poulailler de 1200 m2. Le troupeau tourne à une moyenne laitière de 10 300 kg à 40 de TB et 33 de TP dans un système à 15 ha réservés au pâturage.
Vers un premier Space en Holstein
Historiquement, les animaux sont sortis lors des comices depuis l’époque du père de Nicolas et lors de Départementaux. « En Holstein, ce serait notre première participation au Space », apprécient les deux Morbihannais qui ont déjà participé en race Pie Rouge au Space et au National de Morlaix en 2018. C’est d’ailleurs un titre de Grande championne interdépartementale en Pie Rouge à Pontivy en 2017, dès leur première sortie, qui a motivé le duo à présenter des vaches au-delà du comice local, notamment en Holstein. « Mais quand on a un effectif réduit, ce n’est pas toujours facile d’avoir la bonne vache en forme au moment des sélections. »
Championne 2025 du pays de Kleg
Le ticket d’entrée pour Rennes cette année, ils le doivent à Du Bon Vent Roscoff (Delta Lambda x Jewald), aujourd’hui en 3e veau. « Nous l’avons achetée génisse lors de la vente du Gaec du Bon Vent à Locqueltas (56) en juin 2022. Pleine d’une dose sexée de Chief Stan, elle nous avait plu pour son pedigree original dans la souche de la vache Lumineuse de Lennion EX 93. » Ce jour-là, ils avaient ramené deux animaux. « Nous avons investi 2 500 € pour Roscoff. Ces achats représentaient peu de risque vu le niveau du troupeau dont ils sont issus », explique Mathieu. Côté morphologie, pointée 86 points en note globale et 88 dans le pis, Roscoff est une vache « harmonieuse ». Des qualités qui lui ont permis de gagner le comice du pays de Kleg, le 5 juillet dernier, pour honorer sa première sortie. Nicolas l’apprécie aussi dans la vie de tous les jours : « Elle est agressive à l’auge, produit beaucoup de lait et se reproduit bien. » Depuis son arrivée, elle a ainsi donné naissance à trois femelles, deux filles de Chief Stan et une de Detective. Au cours de sa 2e lactation, elle a produit 12 200 kg de lait à 32 de TP et 41 de TB.

Des achats pour rentrer de nouvelles souches
« Depuis trois ans, nous croisons davantage et élevons moins de génisses. Mais nous avons longtemps commercialisé des génisses en local ou à l’export. En contrepartie de ces ventes, nous aimons aussi faire quelques achats », confie Nicolas Pichodo. L’occasion de rentrer de nouvelles familles. « Comme cet embryon de Chief Stan sur une vache de la famille de la canadienne Loyalyn Goldwyn June Ex 97 acquis en 2022 qui a donné Passion, une jolie femelle aujourd’hui en première lactation. » La même année, la génisse de show Akina (Chief x Crush), fille de Budjon LB Alika et petite-fille de Dundee Annelise classifiée Ex 95 aux USA a été achetée à la vente La Brasserie Holstein à Plomelin (29).
Pour le renouvellement, les meilleures vaches et génisses sont inséminées en semence sexée. Le reste de l’effectif reçoit des doses d’Inra ou de Bleu. Les éleveurs recourent aussi parfois à la transplantation embryonnaire. Pour Mathieu Pichodo, « au-delà des concours, l’objectif du travail de sélection, dans une approche raisonnée, est de traire de belles vaches au quotidien. Ce côté passion est important dans un métier somme toute dur et exigeant. » Actuellement, le troupeau est pointé 83,5 points en Note globale. « Dans les accouplements, sans jamais oublier le lait, nous travaillons sur la qualité des mamelles et des membres et nous mettons désormais l’accent sur la force et la largeur des animaux. » Dans le cheptel en production et la suite, on trouve une belle proportion de filles de Chief Stan et Delta Lambda. Fitz et Miraud PP ont aussi donné de jolis animaux.
Toma Dagorn
Plus de lait avec la préparation au vêlage
Il y a deux ans, Nicolas Pichodo a revu l’approche de la période sèche. Auparavant, les taries étaient menées en prairie avec apport d’un peu de maïs ensilage. Désormais, elles sont conduites en bâtiment pendant deux mois. « Je me rends compte que les taries sont mieux à l’intérieur aussi bien l’été quand il fait chaud qu’aux mauvais jours. »Sur les huit semaines de période sèche, les cinq dernières sont consacrées à la préparation au vêlage. Au menu : de la paille à volonté complétée de 4 kg de MS de maïs ensilage et de 3 kg d’aliment spécifique par jour. Logées à deux par box, « il y a zéro concurrence ». À l’arrivée, les bénéfices sur les vaches sont sensibles : « Les vaches n’ont plus de fièvre de lait et délivrent mieux. Les démarrages en lactation et la fécondité sont sensiblement meilleurs. La moyenne d’étable est ainsi passée de 28 à 32 kg de lait / VL / jour. » Les veaux ne sont pas en reste : « Cette préparation joue en faveur de la qualité du colostrum. Les veaux sont plus vifs et les diarrhées sont aujourd’hui rares. »