Dossier technique

Des murs chauffants en post-sevrage

SCEA Denis à Plurien (22) - Le remplacement des aérothermes qui chauffaient les PS depuis un peu plus de 10 ans a permis de mettre au point un nouveau système de chauffage innovant avec des tuyaux fixés au mur. L’ambiance dans les salles s’est améliorée car les circuits de ventilation ne sont plus perturbés par l’air pulsé par les aérothermes. 

Éric Rochefort et Marcel Denis avec des porcelets - Illustration Des murs chauffants en post-sevrage
Éric Rochefort, gérant de l’entreprise Rochefort R et D et Marcel Denis, éleveur.

En 2012, Marcel Denis a équipé son élevage de 500 truies naisseur-engraisseur, basé à Plurien (22), d’un système de chauffage par aquathermie. « L’eau pompée dans un forage de 80 m de profondeur est ensuite conservée sous les couloirs dans le long de la maternité. Selon les besoins, cette eau est envoyée vers les 2 pompes à chaleur de 60 kW chacune pour récupérer les calories qui vont permettre de chauffer l’eau à 45°C qui est ensuite stockée dans un ballon tampon. L’eau chaude sert pour le chauffage des 96 plaques chauffantes situées en maternité et à alimenter les aérothermes en post-sevrage de 3 240 places », explique Éric Rochefort, gérant de l’entreprise Rochefort R et D située à La Bouillie (22) qui a réalisé cette installation.

Le prototype était au-dessus des porcs

Après 10 ans d’utilisation, les aérothermes des PS ont commencé à lâcher les uns après les autres. « Dans le même temps, on ne sentait pas un confort optimal pour les porcs mais ça n’avait pas de conséquences sur les performances techniques. Les aérothermes pulsent de l’air chaud dans les salles et cela perturbait la veine d’air du circuit de ventilation ce qui dégradait l’ambiance. Il fallait donc les renouveler ou revoir le système de chauffage en trouvant une nouvelle solution », témoigne Marcel Denis. L’éleveur étudie alors les choses avec son chauffagiste qui aurait aimé installer un système de plancher chauffant mais ce n’était techniquement pas possible dans des salles existantes et à moindre coût. « J’ai alors eu l’idée d’un prototype pour le mettre à l’essai dans une salle. J’ai créé un châssis en bois et fixé des tuyaux d’eau chaude dessus. Ce châssis fixé au mur descend à 1 m de hauteur au-dessus des porcs pour créer une sorte de nid. Le système fonctionne et permet d’atteindre la consigne de 29° C au démarrage à 21 jours d’âge pour terminer à 23 °C à 65 jours. Mais ce n’était pas pratique lorsqu’il fallait intervenir autour des cochons dans la case », décrit Éric Rochefort. L’éleveur et son installateur ont alors fait l’essai de laisser le système au mur et le résultat était le même au niveau des consignes de températures sans la contrainte du matériel au-dessus des animaux.

Pas d’entretien ni d’usure du matériel

Ce système de chauffage s’avère bien meilleur que les aérothermes car il ne perturbe pas le circuit de ventilation. « Un test au fumigène a permis de le confirmer avec un air frais qui se réchauffe le long des murs en descendant puis remonte en faisant son circuit naturellement sans aucune perturbation », note l’éleveur. Pour Éric Rochefort, ce système de chauffage est idéal chez des éleveurs ayant des aérothermes en bout de course et sur des projets de bâtiment neuf. Cela s’installe facilement et rapidement, il n’y a pas d’entretien ni d’usure du matériel car ce sont des tuyaux en PER-B. Le plus compliqué a été de concevoir et de réaliser le support pour clipser les tuyaux et qu’ils tiennent bien. Il fallait que ce support puisse s’écarter du mur lorsque des tuyaux d’eau ou autres matériels passent dans les salles des bâtiments existants. « C’est le système le moins coûteux qui existe pour du chauffage. Tout d’abord, je réalise une étude thermique pour déterminer la puissance de chauffage à installer dans chaque salle ce qui définit la taille du circuit de chauffage. Je réalise ensuite un plan de montage du matériel. Si l’éleveur souhaite installer lui-même le matériel, je vais l’accompagner pour le montage dans une salle pour bien expliquer et ensuite il fera les autres salles avec ses salariés », précise le gérant de Rochefort R et D.

Pour équiper une salle de 180 places, il faut compter 1 500 € d’investissement en matériel.

Pour équiper une salle de 180 places, il faut compter 1 500 € d’investissement en matériel (hors pose) qui comprend tous les tuyaux de chauffage, le support de fixation au mur et le système de régulation spécifique avec vanne 0-10 volts qui s’adapte ensuite sur la régulation d’origine de chaque salle. « Ici pour équiper 18 salles avec ce système ça m’a coûté 27 000 €. Si j’avais dû remettre des aérothermes, il fallait compter 45 000 € hors pose. Le calcul est vite fait si les appareils ne tiennent pas plus de 10 ans », remarque Marcel Denis.

Nicolas Goualan

CARTE DE VISITE : SCEA Denis à Plurien • 2 associés + 3 salariés + 1 apprenti ; 500 truies naisseur-engraisseur ; Génétique Nucléus ; Conduite en 10 bandes et sevrage 21 jours ; 3/4 des porcs engraissés sur l’élevage ; 1 500 places de façonnage ; • SAU de 110 ha.

Un système économe en énergie

Ce système de chauffage fonctionne avec de l’eau à 45°C de température. « Les chauffages comme les tubes à ailettes ou certains aérothermes nécessitent de chauffer l’eau à 70°C. Cela induit une consommation électrique ou d’autre énergie supérieure pour monter l’eau à cette température. Avec notre principe de chauffage à moyenne température nous consommons 2 fois moins d’énergie », constate Éric Rochefort.


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