Le lycée Saint-Yves de Gourin (56) dispense depuis l’année dernière un nouveau contrat de spécialisation nommé Pilotage de Machines Agricoles et Travaux Mécanisés à Haute Technicité (PMATMHT). Mais avant de savoir utiliser toutes les nouvelles technologies embarquées dans les tracteurs ou les autres outils agricoles, « la profession demande de connaître les bases, comme reconnaître un bruit anormal, faire la maintenance de premier niveau, savoir atteler le matériel », rappelle Guillaume Fèvre, formateur et coordinateur dans l’établissement. Et d’ajouter : « Les nouvelles technologies sont faites pour être simples, tout le monde peut s’en servir ».
Les apprentis sèment, épandent l’engrais, récoltent
L’école Morbihannaise fait office de cas à part, car « nous disposons de 60 ha de terre, sans salarié ; ce sont les apprentis qui sèment, épandent l’engrais, récoltent ». Dans les rotations, des céréales, des potimarrons.
Travailler avec du matériel récent « coûte cher, les lycées ont peu de moyens. Nous avons la chance d’avoir 2 systèmes de guidage GPS, l’un John Deere, l’autre Trimble, monté sur un tracteur Massey Ferguson loué à l’année. Les concessionnaires viennent former directement les jeunes lors de journées spécifiques, mais l’essentiel de l’apprentissage des technologies se fait en entreprise, tous sont apprentis ».
Savoir souder avant de pianoter
Les ETA sont à la recherche de profils « qui savent souder, changer des roulements. 95 % des pannes de matériel sont dues à des problèmes électriques ou électroniques ; quand un outil tombe en panne, il faut savoir continuer à travailler sans ces aides ». Autrement dit, savoir pianoter sur un écran, c’est bien, savoir s’en passer et continuer le chantier, c’est mieux.
14 apprentis suivent cette année cette formation, qui se veut « très pratique, avec relativement peu de théorie. Travailler en petit effectif est appréciable pour apprendre par exemple à régler un semoir ». Ce contrat de spécialisation n’est accessible qu’après un Bac. « Nous accueillons de plus en plus de titulaires de BTS, mais aussi des Bac Pro CGEA ».
Comprendre le matériel
En prenant pour exemple l’outil AgOpenGPS, « on fabrique soi-même son système d’autoguidage, c’est un des projets de l’année à venir ». Écran, antenne, volant électrique, gyroscope, éléments électriques et électroniques seront achetés par le lycée pour monter cet aide au guidage, le logiciel étant en open source et le signal RTK s’appuyant sur le réseau centipède, « ce qui nous permet de faire beaucoup de pédagogie et de comprendre comment les choses fonctionnent : comment les satellites envoient le signal et comment l’améliorer, pourquoi le tracteur corrige sa trajectoire quand le champ est en dévers… »
Fanch Paranthoën
Conception maison
Pour aller encore plus loin dans la compréhension des machines, l’équipe pédagogique n’hésite pas à concevoir des outils avec ses apprentis. « Quand on fabrique, on touche à toutes les compétences. Il faut comprendre le matériel, savoir travailler en équipe, résoudre des problèmes. Les jeunes sont avant tout formés à mener les travaux des champs, concevoir du matériel est une activité riche que les jeunes auront peu l’occasion de réaliser dans le milieu professionnel. Les nouvelles technologies apportent certes du confort et diminuent la fatigue, mais peuvent aussi rendre rébarbatives certaines tâches, il n’y a, par exemple, plus de manœuvres à effectuer en bout de champ, tout est automatisé ». Après avoir déjà conçu et fabriqué une dérouleuse de bâche et un semoir à potimarron, dans les prochains travaux des apprentis sortiront de l’atelier une récolteuse à potimarron ou encore un semoir à dents.