Aujourd’hui 30 ha de luzerne, plus demain ?

Dans le cadre du projet Armor Déshy de déshydratation de fourrages, le producteur de lait José Jaglin a présenté sa conduite des luzernières.

Un tracteur équipée d'un remorque autochargeuse dans une parcelle de luzerne - Illustration Aujourd’hui 30 ha de luzerne, plus demain ?
Le conservateur est pulvérisé sur l'andain lors du ramassage le la luzerne à l'autochargeuse. | © Paysan Breton - T. Dagorn

« Mes parents cultivaient déjà un peu de luzerne. La légumineuse est présente ici depuis 20 ans », a introduit José Jaglin, producteur de lait depuis 2010 à Saint-Gilles-Vieux-Marché. Lors de la rencontre technique organisée lundi 2 juin par les porteurs d’Armor Déshy, projet d’usine de déshydratation des fourrages en Côtes-d’Armor, le Costarmoricain a accueilli les participants dans une luzernière semée en septembre 2021. « C’est donc l’heure de la 2e coupe pour sa 4e année d’exploitation. »

Conservateurs à l’ensilage

Avant comme depuis le passage en bio en 2018, l’approche a toujours été de « faire le maximum de lait avec les fourrages », a précisé l’hôte qui conduit 150 Pie Rouge à plus de 7 000 kg de lait/ VL/an en traite robotisée (2 stalles). Sur 160 ha de SAU, plus de 110 ha sont en herbe (20 ha de prairies naturelles). « Parmi les 30 accessibles, 25 ha sont réservés au pâturage des vaches en production. » Même en pleine saison de pousse (mai à juillet), un fond de maïs ensilage est distribué. « Sur l’année, le maïs représente en gros un tiers de l’alimentation. Ensuite, moins il y a d’herbe pâturée dans le régime, plus il y a de luzerne apportée. »

Dans cette zone « tardive » du Centre-Bretagne, le maïs – « culture la plus compliquée à gérer dans l’assolement bio en termes de réussite du binage et de maîtrise du salissement » – offre 11-12 t MS/ha (9 t en 2024). La luzerne atteint 13 t MS/ha en moyenne. « 12 t en 2022 en année très sèche, 16 t en 2024… »

5 coupes pour 13 t MS/ha

Sur les surfaces en cultures, la rotation est de quatre ans de luzerne puis maïs – céréales – maïs – céréales avant un retour en luzerne. « Depuis 6 ans, la luzerne a pris de l’importance chez moi. » Aujourd’hui, elle occupe 30 ha. « J’aimerais en faire davantage mais le facteur limitant est la main-d’œuvre pour mener les chantiers de récolte », précise José Jaglin, seul accompagné de deux salariés. Cinq coupes sont effectuées par an pour trois grosses journées de travail. Le premier jour est consacré à la fauche (à plat). Le second au passage de l’andaineur soleil. Le troisième au ramassage à l’autochargeuse à 65 couteaux par ETA. Pour limiter la corvée, le silo de 50 m de long est débâché seulement sur les 15 m de pente pour accueillir une nouvelle coupe. « Pour homogénéiser le tas, on change de parcelle à chaque remorque. L’ajout de conservateur est systématique pour toute récolte de luzerne et d’herbe : le produit est pulvérisé sur l’andain au ramassage par l’entrepreneur. »

Protéines by-pass

José Jaglin attend le démarrage d’Armor Déshy (attendu en 2027) pour semer 15 ha de luzerne en plus. « Je distribue 9 kg de MS d’ensilage de luzerne/VL/jour l’hiver. Un fourrage somme toute encombrant. En introduisant une partie de bouchon, en déshydraté, je gagnerai en ingestion et en protéines by-pass avec un gain de production à la clé. »

Toma Dagorn

Armor Déshy : le projet s’adresse aux agriculteurs (y compris en productions hors-sol ou grandes cultures) dans un rayon de 40 km de Ploufragan. Contact : 06 75 62 80 53

Ramener de la MAT à la maison

La luzerne a plus de difficultés sur les parcelles humides, où de l’eau stagne par période, note José Jaglin. « Par précaution, je ne sème pas de luzernière en pur. Aujourd’hui, j’implante une association de 60 % de luzerne, 30 % de trèfle et un peu de fléole qui va apporter des sucres pour favoriser une bonne fermentation de l’ensilage et sa conservation », explique l’éleveur. « Il y a aussi toujours de l’hétérogénéité de sol dans une même parcelle ou entre îlots, j’associe donc plusieurs précocités de semences de luzerne. » La première coupe a lieu en avril. « Derrière, le trèfle s’éteint et la luzerne prend son envol. » Les dates des coupes sont toutes notées pour l’année sur le calendrier : elles interviennent « systématiquement » toutes les cinq semaines. « Je ne regarde pas le volume. L’objectif prioritaire est le taux de MAT. Si la floraison est atteinte, il y a aussitôt une baisse de la valeur en protéines et de la digestibilité », insiste le Costarmoricain qui récolte un ensilage à 21 – 22 % de MAT en moyenne.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article