algoculteurs-bretons - Illustration La culture de l’algue de A à Z

La culture de l’algue de A à Z

Jean-François Arbona et sa compagne Magali Molla font partie des rares algoculteurs bretons. Leurs produits, des laminaires principalement, trouvent des débouchés dans l’alimentaire, les cosmétiques, mais aussi dans les bioplastiques.

Depuis longtemps, les algues sont cultivées en masse dans les pays asiatiques, très friands de ces légumes de la mer. En Bretagne, de nombreux acteurs vivent des algues, de leur cueillette, de leur récolte en mer, de leur transformation… Mais ceux qui la cultivent sont peu nombreux. C’est le cas de Jean-François Arbona et sa compagne Magali Molla (entreprise C-Weed Aquaculture) qui produisent environ 65 tonnes d’algues sur 12 ha de concessions en Rance maritime, et depuis peu 5 ha supplémentaires en baie de Saint-Malo. Selon ces spécialistes bretons de l’algue, sa culture présente de nombreux atouts : elle permet de préserver la ressource et de disposer de matière en quantités et qualités qui conviennent.

Du prélèvement des géniteurs à la récolte

C-Weed Aquaculture produit surtout des laminaires (Wakamé, Kombu Royal et Alaria esculenta). La culture commence par le prélèvement des géniteurs dans le milieu naturel local, à une période où ils sont fertiles. « Nous faisons émettre leurs spores qui germent en cellules mâles ou femelles. Ces dernières sont conservées dans des ballons de culture. Puis, en jouant sur la température et la luminosité, la fertilisation est provoquée au moment opportun », explique Magali Molla.

[caption id=”attachment_1856″ align=”aligncenter” width=”300″]collection de souches d’algues Une partie de la collection de souches d’algues.[/caption]

« Les plantes microscopiques sont pulvérisées sur des cordelettes qui seront transférées en mer entre septembre et novembre. » Elles sont enroulées sur des filières porteuses reliées par des bouées, elles-mêmes arrimées à des blocs de béton posés au sol. « Les algues s’accrochent sur ces gros cordages grâce à leurs crampons. »

Une banque de souches locales

Depuis plusieurs années, C-Weed Aquaculture est impliquée dans des projets de recherche. « Au sein d’Aquactifs, nous participons à la mise au point de cultures d’espèces peu abondantes. Ces algues serviront à produire des extraits cosmétiques parfaitement caractérisés », explique Jean-François Arbona. Depuis 2012, ils participent au projet Idéalg porté par la station biologique de Roscoff. « Nous conservons dans nos locaux 7 à 800 souches d’algues, des espèces locales ou menacées, par le réchauffement climatique par exemple. » L’un des objectifs est de développer les connaissances génomiques sur les algues et de les valoriser ensuite pour améliorer leur culture et développer leurs applications.

Éclairées par le soleil et se nourrissant des nutriments délivrés par la mer, les algues grandissent en eaux profondes. « Nous allons voir plusieurs fois par semaine si tout se passe bien, puis nous les récoltons de mars à juin. » Les algoculteurs utilisent deux bateaux spécialement équipés. 90 % de la récolte est vendue fraîche à des transformateurs bretons, pour l’alimentaire (tartares, barquettes…) ou la cosmétique. « Il faut que les algues soit utilisées dans les 24 à 48 h maximum, sinon elles doivent être salées ou séchées pour être conservées. » Environ 5 tonnes sont séchées au siège de l’entreprise, à l’extérieur au vent, ou dans un séchoir selon la météo. « Elles peuvent être transformées en copeaux ou broyées… »

Poussant dans des eaux préservées, les algues de Jean-François Arbona et Magali Molla bénéficient du label biologique. Des analyses bactériologiques et de métaux lourds sont régulièrement réalisées. Les filières sont réutilisées ; entre deux saisons, elles sèchent naturellement dans un endroit non traité.

Depuis quelques années, les algoculteurs fournissent un nouveau marché, l’entreprise Algopack basée à Saint-Malo, qui propose une alternative au plastique issu du pétrole. Elle commercialise des produits contenant 50 % de plastique et 50 % d’algues, et désormais 100 % d’algues (biocompostables en fin de vie). Des utilisations existent d’ores et déjà pour des jouets, du packaging… C-Weed Aquaculture s’est également diversifié dans la production d’algues rouges et de microalgues pour des marchés cosmétiques.

Source de bienfaits

Les algues présentent de nombreuses vertus nutritionnelles. Pratiquement dénuées de lipides et riches en fibres, elles contiennent beaucoup de protéines de qualité. Elles apportent également de nombreux oligo-éléments et minéraux (iode, magnésium, calcium, phosphore, potassium, mais aussi des antioxydants…). Aucune excuse donc pour ne pas les consommer, il faut juste s’intéresser un peu à la façon de les cuisiner, ou acheter des préparations toutes faites…

30 ans d’expérience

Adepte de nourriture macrobiotique, Jean-François Arbona s’intéresse à la culture des algues depuis plus de 30 ans, au départ dans un but alimentaire. Il a notamment appris à les cultiver en Corée du Sud, puis a mis en place ses propres techniques sur les côtes bretonnes. Diplômé d’un master en sciences, il a travaillé pendant sept ans à l’Université de Galway en Irlande et a aidé des éleveurs d’ormeaux et de saumons à implanter des cultures d’algues. De son côté, Magali Molla est ingénieure aquacole de formation. Tous les deux ont lancé l’entreprise C-Weed Aquaculture en 2000. Aujourd’hui, une salariée travaille avec eux. Agnès Cussonneau

Contact :
C-Weed Aquaculture, 1 rue du Mottay – 35 400 Saint-Malo
Tél : 02 23 18 41 86
Internet : www.c-weed-aquaculture.com
E-mail : info@c-weed-aquaculture.com
https://www.facebook.com/algues.alimentaires

C-Weed Aquaculture propose de la vente en ligne aux particuliers (produits secs) : www.algues-alimentaires.com


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article