Les algues étaient déchargées des bateaux dans des charrettes tirées par des chevaux de trait breton. - Illustration Tout savoir sur les goémoniers et les algues
Les algues étaient déchargées des bateaux dans des charrettes tirées par des chevaux de trait breton.

Tout savoir sur les goémoniers et les algues

L’écomusée de Plouguerneau retrace l’histoire des goémoniers et des algues, des techniques de récolte en passant par l’évolution du matériel sans oublier les débouchés qui ne cessent de nous surprendre.

Depuis 1985, le musée des goémoniers et de l’algue de Plouguerneau (29), créé par l’association Karreg Hir, s’est donné pour objectif la collecte, la sauvegarde, la mise en valeur et la transmission du patrimoine maritime et culturel de Plouguerneau et du Pays d’Ac’h (des Abers). La collecte des informations dans les familles de goémoniers a débuté dans les années 1970. « Entre 2003 et 2005, je me suis chargée de recueillir les témoignages des femmes qui m’ont conté leur vie et celle de leurs familles alors que les hommes parlaient plus de la technique de récolte des algues et des outils qu’ils utilisaient », se rappelle Stéphanie Lalet, responsable de l’écomusée. Cet endroit retrace l’histoire de toute la filière qui s’est développée autour des goémoniers.

[caption id=”attachment_36315″ align=”aligncenter” width=”720″]Les algues fraîchement récoltées étaient rapidement mises à sécher dans des parcelles au dessus de la grève. Les algues fraîchement récoltées étaient rapidement mises à sécher dans des parcelles au dessus de la grève.[/caption]

Le plus grand champ d’algues d’Europe

En rentrant dans le musée, le visiteur apprend qu’il existe plus de 600 espèces d’algues en Bretagne ou les conditions sont favorables à leur développement : larges côtes rocheuses, courants et amplitude des marées, salinité stable, richesse en sels minéraux, température de l’eau de 8 à 18 ° C. « Le pays des Abers est d’ailleurs réputé pour être le plus grand champ d’algues d’Europe », précise Stéphanie Lalet. Le mot “goémon“ désigne les végétaux marins que l’on nommait Sart sur les côtes charentaises, Vraic en Normandie et Gouesmon en Bretagne. Le mot algue est longtemps resté un mot savant. La récolte du goémon a pendant des siècles constitué une activité essentielle pour les populations pauvres vivant sur le littoral. « À l’origine, le goémon sert presque exclusivement à amender les terres. Le Léon lui doit sa ceinture dorée (autour de Roscoff), réputée pour ses cultures maraîchères. »

[caption id=”attachment_36319″ align=”aligncenter” width=”488″]Une fois sèches, les algues étaient brûlées pour en faire de la soude qui était livrée aux usines pour en extraire l’iode. Une fois sèches, les algues étaient brûlées pour en faire de la soude qui était livrée aux usines pour en extraire l’iode.[/caption]

Des algues transformées en gélifiant

L’exploitation industrielle des algues est étroitement liée à la recherche et à la science. « Après avoir servi à la fabrication du verre, on découvre que les cendres des algues sont riches en iode et pendant plus d’un siècle, les usines d’iode font travailler des milliers de personnes en Bretagne. Cet iode transformé en teinture d’iode est un antiseptique et antifongique puissant », indique la responsable du musée. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les alginates succèdent à l’industrie de l’iode. Les alginates sont des polysaccharides obtenus à partir d’algues brunes comme les laminaires. »

Une tonne d’algue donne entre 30 et 40 kg d’alginate. » Ces alginates sont utilisés comme gélifiant depuis 1950. Ce sont les E 400 à E 405 utilisés dans l’agroalimentaire permettant la reconstruction des aliments tels que le jambon, les cordons-bleus, le poisson pané… Les alginates donnent aussi une texture onctueuse à nombre d’aliments comme les crèmes glacées. La mécanisation des bateaux et des outils, puis la conservation des algues fraîches rationalise peu à peu le travail des goémoniers, dont les tâches demandaient auparavant une main-d’œuvre familiale nombreuse.

Les enfants au travail avant d’aller à l’école

« Les algues récoltées à la main étaient déchargées des bateaux dans des charrettes tirées par des chevaux de trait breton. Elles étaient ensuite remontées de la grève pour être séchées, puis brûlées pour faire de la soude avant d’être livrées à l’usine où ils vont en extraire l’iode. « Vingt-cinq tonnes de laminaires fraîches donnent 5 tonnes sèches, cela fera 1 tonne de soude qui au final sera transformée en 15 kg d’iode. » Très souvent, les enfants descendaient très tôt le matin à la grève pour aider leurs parents à la récolte des algues avant d’aller à l’école.

Un bras hydraulique inspiré du monde agricole

C’est en 1970 qu’arrive le bras hydraulique articulé (inspiré du monde agricole) appelé Scoubidou sur les bateaux pour la récolte des laminaires en mer. « La récolte était alors plus simple et les rendements ont augmenté tout comme la taille des bateaux. Cette récolte est, à ce jour, limitée à une période allant de mai à octobre afin de permettre la repousse de l’algue, assurant ainsi une bonne gestion de la ressource », précise Stéphanie Lalet. La filière algue est aujourd’hui importante, pourvoyeuse d’emplois et avec un bel avenir. En Bretagne et Pays de la Loire, ce sont 124 entreprises qui travaillent sur les biotechnologies marines. Les alginates sont utilisés en médecine, chirurgie, cosmétique, alimentation… Des algues entrent dans la composition de produits pour l’agriculture, peintures, sacs recyclables, matériaux de construction… et nul doute que dans les années qui viennent d’autres utilisations nous surprendront encore.


La 35e fête des goémoniers

La première fête des goémoniers a eu lieu en août 1983. Depuis, chaque année, les bénévoles de l’association Karreg Hir se rassemblent sur les dunes de Penn Enez et dans la grève, pour revivre, le temps d’un après-midi, le métier de goémonier durant les années 1930-1950. Rendez-vous le dimanche 19 août à partir de 14 h au port du Korejou à Plouguerneau.


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