Aurélie Cheveau, du Cedapa, explique à Dorian Bourel l’arrêt des aides MAEC SPE maintien pour 2016. Au final, l’éleveur passe à côté de 8 000 €. - Illustration MAEC : des efforts environnementaux non récompensés
Aurélie Cheveau, du Cedapa, explique à Dorian Bourel l’arrêt des aides MAEC SPE maintien pour 2016. Au final, l’éleveur passe à côté de 8 000 €.

MAEC : des efforts environnementaux non récompensés

Face à l’engouement des agriculteurs envers les mesures agro-environnementales, le Conseil régional a décidé de supprimer les mesures SPE 18 et 28 en maintien.

Dorian Bourel élève 80 vaches laitières au sein du Gaec du Liorz, en Plouégat-Guérand (29). Le jeune éleveur, installé sur l’exploitation familiale valorise une partie de son lait par de la vente directe de crèmes glacées. Le système d’exploitation, avec une alimentation basée sur l’herbe, permet de dégager du revenu pour les trois associés, malgré une SAU de 74 ha. La force de la ferme est illustrée par le faible coût alimentaire, de l’ordre de 68 € aux 1 000 L. « Sur les 48 ha d’herbe de l’exploitation, 35 sont accessibles directement aux vaches. Au maximum, chaque vache dispose de 50 ares ». Cette part fortement herbagère pousse l’éleveur à souscrire à une mesure agro-environnementale et climatique. Or la MAEC qui correspond à son système d’ex-
ploitation a été supprimée en 2016.

Respect des engagements

Avec 63 % de surface en herbe dans la SAU et 24 % de maïs dans sa surface fourragère principale, le GAEC répond aux critères de la SPE 28, mesure zonée. « Nous avons entrepris des efforts depuis mon installation il y a 5 ans en augmentant la part d’herbe dans la ration. En 2015, je pouvais bénéficier de 8 000 € par an, avec le choix d’un système en maintien. Ce n’est plus possible cette année », témoigne-t-il.

Pour cause, l’enveloppe disponible qui a fondu comme neige au soleil avec l’engouement des agriculteurs pour de telles mesures. Le Conseil régional a donc décidé de fermer les mesures « maintien en SPE 28 et SPE 18. C’est très dommageable, surtout avec une conjoncture peu favorable. La collectivité territoriale, avec une annonce forte dévoilée en 2015, revient sur sa décision », déplore Aurélie Cheveau, animatrice et technicien au Cedapa. Elle ajoute que « les producteurs ont besoin de réfléchir avant de souscrire de telles mesures. Cela n’a pas été possible entre 2015 et 2016 ». Pire, l’abaissement du plafond par ferme, de 1 000 €, et la diminution des parts par associés en Gaec, « se fait de façon rétroactive. Certaines exploitations perdent jusqu’à 6 000 €, car les dossiers, suite aux retards de traitement, n’ont pas été administrés ».

Plus de stabilité économique

Ces mesures, visant à augmenter les surfaces en herbes, ont été provisionnées par une enveloppe de 190 millions d’euros. « 90 ont déjà été utilisés, signe d’une volonté de la profession de limiter la culture de maïs. Plus d’herbe, c’est un système de production qui utilise moins de produits phytosanitaires, baisse les coûts de production et rend l’exploitation plus autonome. Voilà 30 ans que le Cedapa travaille pour former les agriculteurs à une gestion technique de l’herbe. La transition vers une diminution du maïs peut se faire assez vite : les producteurs ont acquis une forte technicité pour le maïs. C’est tout aussi faisable en herbe. Ces MAEC ont pour but de soutenir les efforts déjà faits, et même d’aller plus loin pour ceux qui le désirent. Seulement, le délai de réflexion qui s’impose n’est pas laissé aux exploitants », rappelle la technicienne. Une bonne terre à maïs le sera également pour de l’herbe.

Décision difficile

Les 8 000 € visés auraient pu être utilisés en sécurité, « pour acheter du fourrage en cas de besoin. Difficile quand des mesures sont supprimées d’une année à l’autre de se projeter dans l’avenir. Les règles vont-elles changer de nouveau l’année prochaine ? », se demande l’éleveur. Limité par la surface de l’exploitation, il pense à peut-être « diminuer le troupeau de laitières en augmentant la transformation et la vente directe à la ferme ». Sur le plan territorial, chaque région choisit ou non de débloquer ces mesures. « La Bretagne a été moteur pour ces mesures. D’autres, comme les Pays de la Loire, ont choisi de ne pas les proposer », conclut Aurélie Cheveau.


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