dd8312.hr - Illustration La Bretagne se dote d’une MAEC Sols
En Bretagne et en Mayenne, les adhérents de l’association Sols d’Armorique mettent en œuvre les principes de l’agriculture de conservation comme le semis direct dans un couvert vivant.

La Bretagne se dote d’une MAEC Sols

Sols de Bretagne, dispositif d’aides financières et d’accompagnement technique sur 10 ans, est lancé. Pour en bénéficier dès cette campagne, les agriculteurs doivent adhérer avant la mi-mai. 

En Bretagne, depuis 2015, 5 850 élevages, « 21 % des exploitations », exclusivement des ateliers bovins, ont signé un contrat de MAEC système (engagement de l’ensemble de la structure). « Mais du côté des éleveurs de porc ou de volaille, aucun dispositif aussi incitatif n’est venu accompagner la transition agro-écologique », souligne Olivier Allain, vice-président à l’agriculture au Conseil régional.

Entrée concrète de l’agriculture bretonne dans la finance carbone

Annoncé jeudi 8 avril, le lancement de Sols de Bretagne pourrait, en partie, combler ce vide. Cette MAEC régionale, innovante dans son contenu et son mode de financement public – privé, vise à déployer de l’agriculture dite régénératrice ou de conservation. Cette approche venue du Brésil qui concerne 3 à 4 % de la SAU française repose sur trois principes fondamentaux : « La couverture permanente des sols pour les nourrir et les protéger, l’abandon du labour et la réduction du travail mécanique des terres et la diversification des rotations permettant de réduire les maladies des cultures tout en favorisant la biodiversité », détaille Jean-Philippe Turlin, agronome à la Chambre d’agriculture, qui travaille depuis les années 90 sur les techniques culturales simplifiées avec les pionniers bretons du groupe TCS Finistère ou de l’association Sols d’Armorique.

Cette idée d’un « sol vivant au cœur de la réflexion » a séduit les responsables du fonds Livelihoods dans lequel investissent de grandes entreprises (Danone, Michelin, La Poste, Hermès, Schneider Electric…). « Inde, Philippines, Rwanda… Depuis 10 ans, nous finançons dans des pays en développement des projets carbone positif d’agriculture régénératrice, d’agroforesterie et de restauration d’écosystèmes. Nous soutenons sur le long terme des communautés agricoles qui travaillent le sol nourricier, parfois sur des surfaces très réduites… Attestant de la séquestration ou de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ces projets génèrent des crédits carbone à haute valeur redistribués à nos apporteurs pour contribuer à compenser leurs émissions », explique Bernard Giraud, président de Livelihoods. Avec Sols de Bretagne, son fonds va investir pour la première fois dans un pays occidental.

Associés à parts égales, la Région et Lifelihoods vont injecter 6 millions d’euros au total dans ce programme. Dans un contexte de sols s’épuisant parfois par le labour et les rotations courtes maïs-bléorge, cette MAEC donne notamment l’opportunité « aux éleveurs de granivores » aux assolements à dominante céréalière de faire évoluer leurs pratiques en bénéficiant d’un filet de sécurité financier. Concrètement, Sols de Bretagne s’adresse aux exploitations de plus de 20 ha de terres arables et l’ensemble des sols cultivés doit être engagé pour dix ans. La surface rémunérée dépendra de la surface déclarée à la Pac tous les ans.

Sur les cinq premières années du contrat dites d’évolution, le signataire percevra 80 € / ha (hors prairies permanentes). Montant plafonné à 7 500 € par an, soit l’équivalent de 94 ha travaillés. La transparence des Gaec s’appliquant, deux associés pourront toucher jusqu’à 15 000 € (188 ha engagés). Sur les cinq dernières années dites de maintien des pratiques, les bénéficiaires recevront 46  € /  ha. En contrepartie, les signataires mettront progressivement en œuvre l’agriculture de conservation chez eux répondant aux exigences d’un cahier des charges : abandon du labour après une phase transitoire, mise en place de couverts végétaux, baisse des Indicateurs de fréquence de traitement (IFT)… Pour ce faire, ils seront accompagnés techniquement par la Chambre d’agriculture et bénéficieront de rendez-vous d’échanges en groupe. Un encadrement également financé par le dispositif. De cette gestion pérenne des sols en grandes cultures est attendue une moindre dépendance à la mécanisation et aux intrants chimiques.

S’engager avant le 15 mai pour monter dans le premier wagon

Pour adhérer dès cette campagne, il faut contacter la Chambre d’agriculture ou la Région (Jérémy Guil au 06 22 53 19 63 ou Christelle Lebreton au 02 90 09 16 96) et remplir un document Cerfa d’ici au 15 mai, avant sa déclaration Pac. « Les premiers signataires toucheront ainsi leurs aides en mars 2022 », termine Olivier Allain.

Un objectif de 100 fermes

Nous avons trouvé en Bretagne un terreau idéal pour développer l’agriculture régénératrice : des pionniers qui ont eu le courage de changer, une collectivité s’engageant financièrement et des partenaires pour l’accompagnement technique. Avec Sols de Bretagne, nous voulons aider de nouveaux agriculteurs à prendre ce risque de la transition agro-écologique et consolider les savoirs dans un projet à grande échelle. Objectif : convertir 11 000 ha sur 100 exploitations. Les résultats de la mise en place des pratiques seront certifiés conformément à un standard international reconnu. Les crédits carbone générés seront ainsi valorisés pendant les 10 ans de contrat par Livelihoods. Jean-Pierre Rennaud, Co-fondateur du fonds carbone Livelihoods


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