td_danielle_even - Illustration Déjà, la profession s’attaque  au dossier de la future Pac 2020

Déjà, la profession s’attaque au dossier de la future Pac 2020

« Des mots nouveaux, des concepts innovants ou laissés de côté sont proposés. Nous allons les décoder avec vous », promettent les responsables de la Chambre d’agriculture invitant les agriculteurs à participer aux réunions d’hiver pour s’emparer de la question de la future Pac.

« Sur la future Pac, nous entrons dans un marathon de trois ou quatre années. Mais dès aujourd’hui, nous attendons des idées et des réactions de la part des agriculteurs costarmoricains », démarre Alain Tiengou, producteur de porc et élu à la Chambre d’agriculture. Une manière à la fois d’expliquer et de souligner l’importance de mettre, si tôt, le sujet de la prochaine réforme au cœur des neuf réunions d’hiver programmées à partir du 14 février.

Pour la présidente Danielle Éven, le top départ est déjà donné : « Sur Internet, la Commission européenne vient d’ouvrir sa consultation publique sur l’avenir de la Pac. » Pour les responsables, la profession doit, elle aussi, se sentir concernée tout de suite, être dans le débat. Les rencontres de terrain seront notamment l’occasion de défricher « les calendriers et les échéances ».

Et de décortiquer les propositions, options et points de vue – « assurances, aides contracycliques, 3e pilier… » – mis en avant depuis quelques mois par des experts : « Farm bill américain, think tank Momagri ou FarmEurope, Agrocampus… » D’ailleurs,  à l’échelle de la Chambre régionale, un groupe de travail « Pac » dirigé par Marcel Denieul d’Ille-et-Vilaine a été constitué où des personnes qualifiées viennent s’exprimer comme Yves Madre (FarmEurope) récemment… « L’idée d’une aide forfaitaire a sans doute atteint ses limites… Beaucoup de bassins de production dans le monde accompagnent les filières a posteriori en fonction de la conjoncture et cela semble marcher plutôt bien. »    

Une Pac simplifiée et peut-être sans pilier ?

La productrice de lait Jeltsje Algera entrevoit déjà les attentes des producteurs. « D’abord de la simplification administrative car les dossiers actuels sont trop difficiles à remplir et les totaux d’aides impossibles à vérifier… Il faudra également redonner du sens à cette politique agricole vis-à-vis de nos besoins face à la volatilité  des prix des matières premières et de nos produits qui fragilise nos ateliers. »

Les Pays-Bas et la France ont déjà fait des propositions à l’Europe. Certains parlent aussi d’une Pac globalisée, « sans piliers comme on la connaît actuellement avec les aides directes et l’enveloppe au développement rural et à la modernisation ». L’éleveur laitier Yvon Boutier espère surtout un « élan politique indispensable car les aides ne suffisent plus à compenser les baisses de revenu ». Siégeant à la cellule de veille sociale, ce dernier est bien placé pour dire « qu’en lait et en viande bovine, on est très loin du compte aujourd’hui. »

Devant ce vaste chantier, les responsables de la Chambre d’agriculture attendent les costarmoricains pour débattre et nourrir la vision qu’ils auront ensuite à porter et défendre. Au menu également, une explication de texte de la récente mutualisation du réseau Chambre d’agriculture en Bretagne : « Une gouvernance territoriale qui reste placée sous l’égide des bureaux départementaux même si la régionalisation est effective », précise Danielle Éven.

Déjà 4700 Maec signées en Bretagne

« Depuis le lancement en mai 2015, 4 700 exploitations en Bretagne, dont 1 400 en Côtes d’Armor, ont signé un contrat de Mesures agri-environnementales et climatiques », chiffre Yvon Boutier. Dont 2 370 pour des mesures « Système » et 1 350 pour la conversion ou le maintien en agriculture biologique. Cela représente environ 200 000 ha toutes Maec confondues. « C’est un vrai engagement des agriculteurs bretons. Reste que les retards de paiement sont scandaleux alors que les agriculteurs ont entrepris les efforts depuis longtemps. Le solde 2015 ne sera distribué qu’en juin 2017… Un dossier moyen représente tout de même entre 8 et 10 000 € ».

Pour la ressource en eau, l’agriculture est une solution

On nous a si longtemps parlé de qualité de l’eau, ces dernières semaines le problème est devenu quantitatif. Dans les Côtes d’Armor, le Comité sécheresse a notamment voulu un arrêté préfectoral pour demander aux agriculteurs d’enregistrer leur consommation d’eau. Mais je rappelle que la profession agricole apportera sa contribution face à ce problème en période de tension sur la ressource. La Bretagne rurale devient le château d’eau des centres urbains bretons et même des zones périphériques puisque notre région exporte de l’eau. Surtout, n’oublions pas qu’un élevage moyen consomme environ 5 000 m3 d’eau par an, alors qu’il tombe en moyenne 10 000 m3 annuels d’eau par hectare… Nous sommes en discussion avec l’Agence de l’eau car la profession a la capacité de stocker de la ressource en hiver pour la rétribuer ensuite.

Alain Tiengou, en charge du dossier Environnement à la Chambre d’agriculture


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