fourrage-couvert-vaches-olivier-allain - Illustration Mettre le couvert à la table des vaches

Mettre le couvert à la table des vaches

Entre deux céréales, Olivier Allain implante une interculture courte pour produire un fourrage appétent en profitant de la douceur de l’arrière-saison.

« Un bon éleveur allaitant, c’est avant tout un bon producteur de fourrages », aime à rappeler Olivier Allain, installé à Corlay (22). Dans un système comprenant une surface importante en herbe, il mène une rotation prairie-maïs-blé-triticale-prairie sur 10 ha. Avec une originalité depuis 4 ans : une interculture semée et exploitée entre les deux céréales. « Nous moissonnons de plus en plus tôt. Et les fins d’été et débuts d’automne en Bretagne sont souvent doux. Profitons-en. D’autant qu’un sol, c’est comme un sportif, plus il travaille, mieux c’est. Les TCistes le répètent : une terre nue est exposée à l’érosion et à la colonisation par les adventices… »

Interculture systématique entre blé et triticale

Alors, désormais, c’est « systématique », dès que le blé est récolté, une association avoine brésilienne et trèfle d’Alexandrie est semée. « Les légumineuses, aujourd’hui autorisées en couvert, pompent en priorité l’azote assimilable directement. L’avoine épure le sol en captant le reste des nitrates. » Cette année, le mélange a été implanté le 3 août au semoir en ligne derrière un passage de herse rotative. « L’important est d’agir le plus rapidement possible après la récolte du blé. Chaque jour compte pour profiter de l’humidité résiduelle. Ainsi, même s’il n’a pas plu, cela suffit pour que les graines lèvent. »

Ensuite ? « Zéro intrant. » Il faut attendre que la culture se développe. Parfois, celle-ci végète. « Comme l’année dernière où elle a manqué d’eau jusqu’à la mi-septembre. Mais dès qu’il y a un peu de pluie, la végétation explose. » Le résultat obtenu est très satisfaisant. Chaque année, des mesures sont d’ailleurs réalisées mi-octobre pour appréhender les performances de ce couvert. « Côté rendement matière sèche, sur 4 campagnes, la fourchette va de 1,7 t en 2012 à 2,6 t / ha cette année. » Autre intérêt, la captation de l’azote résiduel potentiellement lessivable : « Les analyses montrent des reliquats limités compris entre 17 et 41 unités / ha mesurés sur 3 horizons du sol. » L’interculture a donc servi de piège à nitrates, « l’azote du sol est asséché avant l’hiver », en fournissant une source alimentaire supplémentaire au troupeau.

Pâturage, enrubannage, affouragement en vert…

Dans l’idéal, s’il n’y a plus beaucoup d’herbe disponible dans les prairies, Olivier Allain aime exploiter ce couvert en pâturage. « Cela permet de temporiser avant l’ouverture du silo de maïs qui est en phase de fermentation. » Cependant, cette fois-ci, le producteur de viande a récolté une partie de son mélange. « J’avais d’abord espéré synchroniser le chantier d’ensilage de maïs et du couvert pour confectionner un silo-sandwich. » Finalement, une partie a été enrubannée après deux fanages. Une autre est récoltée en vert « à l’aide d’une Taarup pour apporter du frais aux animaux déjà en bâtiment. »

Produire du fourrage en cassant les cycles sanitaires

« L’interculture entre 2 céréales est une opportunité d’un fourrage riche en protéines grâce au trèfle d’Alexandrie et aux reliquats d’azote du sol transformés en biomasse aérienne. Pour occuper le sol, beaucoup s’orientent vers la phacélie ou la moutarde, simples et pas chères. Pourtant, une gamme d’espèces à croissance rapide est disponible : radis chinois, vesce, avoine diploïde, trèfle d’Alexandrie… ces plantes peuvent fournir du fourrage tout en cassant les cycles sanitaires entre deux cultures. En Bretagne, des synergies restent à inventer : entre 2 pailles, les terres des porchers pourraient être mises à disposition des éleveurs de ruminants. »

Piège à nitrates et faible coût alimentaire

En fait, l’éleveur n’y voit que des avantages. Économiques d’abord : « Tout compris, l’implantation revient à maximum 100 € / ha, dont 38 € de semence, pour disposer à l’arrivée d’une belle quantité de fourrage. » Un apport de protéine permettant « d’économiser un peu de tourteau. » Intérêts environnementaux ensuite : le producteur cherche toujours à utiliser le moins de glyphosate possible. « Cette année, j’ai réussi à m’en passer totalement. » Le couvert comblant le vide laissé après blé, le traitement herbicide est évité. Et tout l’azote capté par le mélange, « grossièrement de 50 à 70 u / ha selon les années », ne sera pas lessivé. Intérêts zootechniques enfin : « Avec ce fourrage vert et appétent, les vaches font le plein de vitamines avant la rentrée à l’étable pour l’hiver. Cela apporte de la diversité dans la ration. » En fait, un couvert doit être « considéré et mené comme une vraie culture », conclut Olivier Allain. Toma Dagorn


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