Florian Gonidec et son père Aimé ont fait d’une contrainte une opportunité. Avec l’obligation de couvrir les fosses à lisier car l’exploitation est soumise à autorisation au titre des ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), ils ont choisi d’équiper la structure de stockage d’effluents d’un système Nénufar qui récupère le méthane qui s’échappe du lisier. Après une analyse de la matière pour quantifier son pouvoir méthanogène, le projet s’est avéré techniquement faisable. Cependant, le besoin de chauffage du site est faible et en dessous de ce que peut produire le procédé de récupération des gaz de la fosse, c’est pourquoi les associés ont décidé de capter ces gaz pour alimenter un petit moteur de cogénération qui injecte de l’électricité dans le réseau. Le sujet de l’énergie est un point que les éleveurs ont à cœur, qui ont également installé des trackers solaires.
Apporter du lisier frais
Le projet s’est concrétisé en 2020. La fosse d’une capacité de 800 m3 positionnée en amont de la station de traitement a été couverte. L’exploitation s’est restructurée dans la foulée, avec des reprises de terres. Pour se mettre en adéquation avec le stockage d’effluents nécessaires pour les épandages de printemps, une seconde fosse de 2 500 m3 est construite. Un second Nénufar est posé. Au départ, le lisier ne fournit pas assez de méthane au moteur, car le gaz semble s’échapper dans les salles, et avant d’arriver aux fosses. La solution est trouvée, par une vidange des fosses sous les caillebottis des salles d’engraissement effectuée tous les 15 jours, ce qui a permis de rapidement gonfler le Nénufar. « L’ambiance est améliorée dans les bâtiments. Aussi, nous avions peur d’être envahis par des mouches, mais ça n’a pas été le cas ». Cette vidange fréquente demande un volume de stockage conséquent, mais la SCEA est correctement dotée avec ses deux fosses. Le gaz récupéré est aspiré par un surpresseur le long d’une canalisation de 300 m jusqu’au moteur tchèque Tedom. Installée par l’entreprise GR Énergies de Merdrignac (22), la cogénération affiche une puissance électrique de 28 kW pour une puissance thermique de 55 kW. Un filtre à particules vient purifier le combustible, le soufre est également contrôlé et piégé. À l’aide d’un échangeur à plaques, un circuit d’eau sert à refroidir le moteur quand une seconde canalisation va chauffer le post-sevrage et servira à l’avenir à chauffer la maternité, actuellement en projet.
Des capteurs de tension
La cogénération est pilotée par des capteurs de tension positionnés sur la membrane de la fosse. « Une fois que le Nénufar est suffisamment tendu, le moteur démarre. Une temporisation est aussi en place pour ne pas avoir des démarrages et des arrêts intempestifs », explique Aurore Toudic, responsable commerciale pour l’entreprise de couverture de fosse. « Il est réglé ici à un seuil de 45 kg de tension, seuil au-delà duquel l’électrovanne s’ouvre ».
En un an, le moteur installé à la SCEA a fonctionné 5 275 heures, 17 heures par jour pour les meilleures plages. Minutieux et soucieux d’optimiser le fonctionnement du système, Florian Le Gonidec dédie 1,5 heure de travail par semaine pour bien suivre la production. Aussi, il apprécie avec le procédé de « transformer le méthane en CO2, par combustion, car le méthane est 25 fois plus néfaste que le CO2. L’empreinte carbone de l’élevage diminue », conclut-il. Sur la SCEA de Gonidec, c’est l’émission de 815 t équivalent CO2 qui a été évitée sur un an par la combustion du méthane par le moteur.
Ne pas faire évaporer 1 400 €
En plus des gains économiques engendrés par le Nénufar, Florian Gonidec chiffre le fait de couvrir ses fosses et d’empêcher de diluer son lisier par de l’eau de pluie. Au total, les 2 fosses à raison de 900 mm de précipitations annuelles peuvent théoriquement recueillir 555 m3 d’eau. « En comptant un tarif d’épandage par entreprise de 2,5 €/ m3, on arrive à près de 1 400 € d’économie par an ». Un calcul qui s’avère encore plus payant en année de fortes précipitations, comme c’est le cas cette année.