Au moment de leur installation en 2022 et 2023, Louisanne Garrros, Corentin Rupin et Adèle Lebrun choisissent de se tourner vers l’élevage de chèvres laitières de race Alpine dans un système biologique. Aujourd’hui, le troupeau compte 215 chèvres en lactation et 70 chevrettes de renouvellement. « Nous avons aussi gardé les 2 ha de vergers historiquement présents sur l’exploitation pour produire du jus de pomme », racontent les associés, lors d’une porte-ouverte organisée par Agrobio 35. Les cultures de vente, quant à elles, sont destinées à l’alimentation humaine. En 2024, Léa Pantaloni rejoint l’équipe en tant que salariée à plein temps. L’objectif des trois éleveurs est de se verser un salaire net de 2 000 € par mois pour un temps de travail hebdomadaire de 40 heures. L’organisation du travail leur permet de prendre 5 semaines de congés par an et de ne travailler qu’un week-end sur quatre.
Notre objectif est de transformer 50 000 litres par an
Aménager le bâtiment
« Quand nous nous sommes installés, il a fallu repenser les lieux », explique Louisanne Garros. Dans l’ancien bâtiment des vaches, les portails ont été adaptés aux chèvres et deux tapis d’affouragement ont été mis en place. « Ils permettent de distribuer le fourrage à la main sans effort, tout en libérant de l’espace dans les aires paillées », précisent les éleveurs. La salle de traite a été équipée d’un système neuf de 24 postes, permettant à une personne de traire l’ensemble du troupeau en une heure. Un laboratoire de transformation de 100 m² a également été construit. Ces investissements représentent 360 000 € subventionnés à 35 % par le PCAEA.
Vente directe et circuit long
« En 2024, nos chèvres ont produit 130 000 L de lait », lance Adèle Lebrun. « 30 000 litres ont été transformés sur la ferme et le reste a été livré à Olga. » En charge de la transformation sur le Gaec, l’agricultrice fabrique exclusivement du fromage et ce, deux jours par semaine. « Malgré la demande, je ne fais pas de yaourts car je n’y vois pas d’intérêt technique. À terme, notre objectif est de transformer 50 000 litres par an. » La moitié des fromages est écoulée en vente directe (Amap, marché et vente à la ferme) et l’autre moitié est distribuée via des boutiques spécialisées. Les trois agriculteurs élèvent également les chevreaux et des cabris et vendent la viande en direct.


Prévenir le parasitisme
Sur les 68 ha de l’exploitation, 36 ha sont consacrés aux prairies. « Nous les implantons avec beaucoup de légumineuses (80 %) cat notre chargement à l’hectare est faible. Cela nous permet de ramener de l’azote dans le système. » Du 15 mars au 1er décembre, le pâturage est géré au fil avant/fil arrière tous les jours. Les éleveurs prennent soin de ne pas faire revenir les animaux avant 45-60 jours sur les parcelles pour limiter le parasitisme, tout en alternant le pâturage et la fauche. De plus, dès la mise à l’herbe, une coproscopie est effectuée mensuellement. Enfin, à l’automne, les animaux pâturent également du colza fourrager. En plus du pâturage, du foin et de l’enrubannage, l’alimentation des chèvres en lactation est composée de bouchons de maïs épi, de méteil et d’orge. « Seules 12 tonnes de correcteur azoté sont achetées à l’extérieur », ajoutent les associés. Le coût alimentaire de l’élevage est de 227 €/1 000 L. Le restant de la sole est quant à lui consacré à la culture de céréales (seigle, blé, méteil), de maïs épi et de colza.
Alexis Jamet
Les haies paient
La ferme compte aujourd’hui 7,5 km de haies, dont 5,5 km ont été plantés par les anciens propriétaires. « Nous en entretenons environ 700 m tous les ans », déclare Corentin Rupin. « Cela représente 3 semaines de travail pour 1 UTH par an. » Un chantier rémunérateur : le bois est valorisé en plaquettes via CBB 35, et les 120 m³ produits bénéficient d’une plus-value grâce au Label Haie.