Quels projets portez-vous en tant que nouveau président du Space ?
Mon rôle est d’abord de poursuivre la dynamique du salon. Le Space doit rester une vitrine de l’innovation agricole et un outil de développement pour les entreprises comme pour les éleveurs. Nous devons maintenir ce double rôle : répondre aux besoins quotidiens des agriculteurs tout en donnant de la visibilité à nos entreprises, y compris à l’international. Plus de 120 délégations étrangères viennent chaque année au Space, c’est une opportunité unique pour les acteurs régionaux de rayonner au-delà de nos frontières. J’ai aussi à cœur de poursuivre le que le Space demeure un espace de réflexion: le salon n’est pas seulement une grande exposition, c’est un lieu où l’on débat des enjeux agricoles de demain.
En quoi le Space reste-t-il un rendez-vous de rentrée incontournable pour l’agriculture ?
Le Space existe depuis 30 ans et son importance ne faiblit pas. D’abord parce qu’il reflète le dynamisme de notre région et de nos filières d’élevage : c’est ici que se concentrent les innovations techniques et les solutions concrètes pour améliorer la durabilité des exploitations. Ensuite parce qu’il met en relation directe éleveurs et fournisseurs : cette proximité reste essentielle dans un contexte où tout évolue vite. Enfin, le Space joue un rôle d’outil de communication : pendant une semaine, l’on parle agriculture partout en France. Cela permet de mieux faire comprendre au grand public les réalités de nos métiers, mais aussi de donner des perspectives à la profession.
Cette année, vous mettez l’accent sur le digital. Pourquoi ce choix ?
Parce que le numérique et l’intelligence artificielle concernent directement l’agriculture, comme les autres secteurs économiques. On en perçoit déjà les effets : collecte de données, pilotage de précision, suivi sanitaire plus rapide, réduction ciblée des intrants, optimisation des chantiers… Personne ne sait jusqu’où cela ira, mais il est certain que ces technologies transforment et vont transformer nos pratiques. Le Space veut être le lieu où l’on prend conscience de cette évolution, où l’on réfléchit à ses enjeux : à qui appartiennent les données agricoles ? Comment éviter qu’elles servent demain à la spéculation ? Comment en tirer le meilleur pour améliorer à la fois la performance économique et la durabilité environnementale ? Le digital, c’est à la fois un défi et une chance pour nos filières, et nous devons préparer les agriculteurs à s’en saisir.
Comment attirer les jeunes générations vers l’agriculture ?
C’est un enjeu majeur. Dans moins de dix ans, la moitié des agriculteurs partiront à la retraite. Si nous voulons assurer la relève, il faut montrer que l’agriculture est un métier moderne et attractif. Les jeunes qui arrivent aujourd’hui baignent dans le numérique : pour eux, travailler avec des GPS, des robots de traite ou des capteurs connectés est naturel. C’est une chance pour nos filières. Le Space doit être une vitrine de cette modernité, un lieu où les jeunes voient qu’ils peuvent exercer un métier à forte valeur technologique, plus confortable et plus gratifiant. Mais l’attractivité passe aussi par les conditions de travail et d’investissement. La future Pac devra accompagner cette transition, en soutenant la modernisation des exploitations. Si nous voulons transmettre nos fermes, il faut qu’elles donnent envie : une exploitation modernisée, équipée d’outils performants, séduira plus facilement de nouveaux installés.
Recueilli par Didier Le Du
