Dossier technique

Viser l’optimum, puis s’adapter…

L’optimum à la récolte d’un maïs ensilage demeure entre 32 et 35 % MS. Des maïs moins secs appelleront à une vigilance sur l’énergie de la ration. Plus secs, ils seront mieux valorisés par l’apport de fibres telles que de l’enrubannage d’herbe.

Michel Moquet montre un épi de maïs - Illustration Viser l’optimum, puis s’adapter…
Michel Moquet dans une parcelle de maïs début septembre cette année. | © Paysan Breton

« La date optimale de récolte du maïs fourrage est un compromis entre la teneur en grains et la qualité de la partie ‘tiges + feuilles’ », cadre Michel Moquet, conseiller agronome à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Le remplissage des grains se fait en 2 phases successives : premièrement à partir des sucres synthétisés grâce à la photosynthèse, deuxièmement par transfert des réserves des tiges et feuilles. Lors de la première phase, le rendement et la valeur énergétique du maïs fourrage augmentent. Lors de la deuxième phase, la plante se dessèche, la teneur en amidon progresse encore, mais le rendement augmente peu. La teneur en sucres baisse et les fibres se lignifient et deviennent moins digestibles. »

Appréhender « le tournant »

L’objectif est donc de récolter le maïs fourrage au tournant de ces deux phases. « Entre 30 et 35 % de MS, 200 à 400 kg MS/ha sont gagnés à chaque point supplémentaire de MS », chiffre le conseiller faisant référence à des essais menés par Arvalis. En revanche, quand on passe de 32 à 38 % MS à la récolte, la digestibilité des parois végétales (NDF) décroît de 4 points. « Le fourrage devient moins lactogène, le potentiel de production de lait baisse de 0,4 kg/j/VL (pour une ration composée à 45 % de maïs fourrage). »

Toujours entre 32 et 38 % MS à la récolte, la dégradabilité de l’amidon chute de 8 points. « Cet amidon en plus qui traverse le rumen sans être dégradé (amidon ‘by pass’) limite certes le risque d’acidose. Mais le ‘carburant’ pour la synthèse de PDIE (protéines digestibles dans l’intestin grêle permises par l’énergie) est aussi réduit. Un bon éclatement du grain et la durée de fermentation en silo améliorent cette dégradabilité. »

Un agriculteur montre une moitié d'épi de maïs
Le remplissage des grains se fait en 2 phases : à partir des sucres issus de la photosynthèse puis par transfert des réserves des tiges et feuilles.

Ensiler plus tôt ou plus tard, quelles répercussions ?

Quand un maïs est ensilé à moins de 30 % de MS, le rendement et la teneur en amidon sont plus faibles et des pertes par les jus sont possibles. « La qualité ‘tige + feuilles’ est préservée et la dégradabilité de l’amidon élevée. Mais l’ingestibilité est moindre et ce fourrage devra être complété en énergie. Au contraire, avec un ensilage à plus de 35 % MS, le rendement et la teneur en amidon sont certes plus élevés mais la qualité ‘tige + feuilles’ baisse, tout comme la dégradabilité de l’amidon. Le tassement est plus difficile, le processus de fermentation peut être ralenti. Toutefois, l’ingestibilité reste bonne, si la conservation est bien gérée. »

Le conseiller évoque un autre ‘seuil optimal’ qui se situe à environ 22 – 23 % de MS dans les feuilles et tiges. « Le rendement de la plante entière se stabilise alors et l’augmentation de la teneur en amidon se fait au détriment des tiges et feuilles qui voient leur digestibilité diminuer rapidement, la lignification des fibres augmente l’encombrement de la ration. »

Agnès Cussonneau

Ajouter des fibres à un maïs ‘sec’

Michel Moquet précise que « la ‘vraie’ valeur UFL du maïs fourrage est celle exprimée par les animaux via leur production, liée à des interactions digestives entre les différents constituants de la ration dans le rumen. » La valeur UFL prédite par une analyse en laboratoire est à prendre avec des pincettes. « La valeur réelle UFL d’un maïs récolté tard est inférieure à sa valeur ‘potentielle’ annoncée par l’analyse. Il sera mieux valorisé avec d’autres fourrages fibreux dans la ration. »Un essai mené par Arvalis à La Jaillière a montré que la production de lait des vaches ainsi que l’efficience alimentaire (kg de lait/kg MS ingérés) sont meilleures avec un maïs récolté à 33 % MS par rapport à un maïs à 39 % MS. Avec ce maïs récolté tard, un apport plus important de fibres digestibles (ensilage d’herbe de bonne qualité) a permis d’augmenter la production laitière et l’efficacité alimentaire de la ration, sans toutefois égaler la performance du maïs moins sec.


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