Dans la parcelle de maïs en cours d’ensilage, point de tracteurs à suivre le ballet de l’ensileuse. Les semi-remorques attendent au bord de la route que la Pro DX-4, ensileuse automotrice autonome, vienne à eux. Au volant de cette machine très particulière, Yoan Honoré, aussi chauffeur poids lourd. Concentré sur les 12 rangs du bec Krone qui équipe son outil, il n’a pas à se soucier du positionnement de la goulotte qui recrache traditionnellement le flux de maïs finement coupé dans une remorque : l’engin est équipé d’un caisson qui se remplit au fur et à mesure de l’avancement du chantier. « Habituellement, les camions peuvent rentrer dans les champs, ce n’est pas le cas cette année », note le chauffeur, en pleine récolte de maïs dans les premiers jours d’octobre. En début de chantier, il fait place nette dans une entrée de la parcelle pour pouvoir facilement décharger le contenu du caisson dans les camions, qui peuvent facilement stationner.
Sur un chantier d’ensilage classique, « il y a beaucoup de choses à gérer en même temps : l’ensileuse, la goulotte, le bec, la position par rapport aux tracteurs… Ici, il ne faut s’occuper que de la machine ». Pour un remplissage optimal du caisson, la goulotte effectue toute seule et automatiquement des mouvements de droite à gauche. Bardée de caméras et de pesons, toutes les indications essentielles sont lisibles sur des écrans. Et l’appareil est maniable : « On braque aussi facilement qu’avec un chariot télescopique grâce à l’articulation centrale et les roues directrices arrière ».
Avancer en crabe
Pour entraîner le bloc hacheur (Krone), le moteur a une puissance de 1 200 ch. Le caisson arrière peut contenir un total 42 à 43 m3. « C’est une ensileuse lourde qui pèse à vide entre 30 et 35 t. Mais les sols ne sont pas abîmés par les tracteurs et leur remorque, les parcelles sont après la récolte plus simples à retravailler ». En cas de condition très humide, la Pro DX-4 peut avancer en crabe, afin que l’essieu arrière ne roule pas au même endroit que l’essieu avant et pour une meilleure répartition des masses.
Une fois la trémie chargée, direction le bord de champ pour vider le contenu dans les semi-remorques. Il faut 2 trémies d’ensileuse pour remplir complètement la remorque routière, qui prend enfin la direction de l’usine DéshyOuest de Domagné (35) où la matière sera déshydratée pour produire de l’aliment destiné principalement à nourrir les veaux ou les vaches laitières.
Coupe haute à 40 cm
Avec le bec de récolte, « les chaînes ramènent le maïs vers le bloc hacheur. On peut descendre très bas quand les plantes sont couchées, on garde une très bonne qualité de coupe et de ramassage », fait observer Yoan Honoré. « Mais cette année, il y a énormément de végétation, nous récoltons à 40 cm de hauteur ». L’énergie est donc concentrée dans l’ensilage, les premiers cm des maïs ne présentant que peu de valeur alimentaire.
L’entreprise dispose de 5 machines de ce type, 4 en 12 rangs, 1 en 10 rangs, réparties sur 3 départements (Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine et Mayenne), et qui alimentent les 2 usines. « Ce sont ces usines qui donnent la cadence des chantiers », résume Gilles Deshommes, en charge de la gestion du matériel pour la coopérative, qui déshydrate aussi bien du maïs que de la luzerne, des ray-grass, du trèfle, du miscanthus ou encore des céréales immatures. Chaque ensileuse effectue par an dans les 1 500 h. Comme pour une récolte classique, les camions doivent être présents au champ pour la vidange du caisson, il ne faut pas pénaliser l’ensileuse en la faisant attendre. « Quand les camions peuvent venir au plus près, on peut ensiler 2 ha/h, c’est déjà une bonne cadence », complète le responsable.
Cette année, « les maïs sont un peu cassés, mais pas couchés. Ils ont peu été attaqués par les pyrales », observe-t-il. Au champ, l’ensileuse coupe finement les végétaux, à 8 mm. Plus le maïs est haché finement, moins l’usine aura d’efforts à fournir pour déshydrater la matière. Ce 8 octobre, jour d’ensilage, les cultures affichent un taux moyen de MS de 34 %.
En fin de chantier et pour se rendre à la parcelle suivante, Yoan Honoré replie la coupe, il peut emprunter la route sans être convoyé « car la largeur de l’ensemble ne dépasse pas les 3,5 m ».
Fanch Paranthoën