La betterave, atout fourrager en hiver

Apportées quasiment entières dans la ration des bovins, les betteraves permettent d’améliorer l’état et la santé en hiver. La production des vaches laitières est au rendez-vous. Conduite par Alain Leprêtre, le chauffeur de la Cuma, la mélangeuse automotrice avance rapidement dans la cour, chargeant le correcteur (2,6 kg/VL), l’aliment énergétique (2,8 kg), l’ensilage d’herbe (13 kg brut/VL) et l’ensilage de maïs (28 kg). Ce n’est qu’à la fin du chargement que les 600 kg de betteraves entières sont ajoutés avec un godet dans la mélangeuse, n’étant ainsi pas dénaturées quand elles arrivent sur l’auge. Cette ration complète pour les 55 vaches laitières du troupeau de Jean-Michel Anger, éleveur à Nouvoitou, permet une production moyenne de 33,5 kg avec des taux de 43,8 en TB et 33,8 en TP. « La betterave est un fourrage frais sur la saison hivernale qui permet d’améliorer l’état, la santé des animaux et les taux. Il diversifie la ration », apprécie le producteur. Entamé fin octobre, le tas est vide vers la mi-mars. Une ETA pour le semis et la récolte « Quand je me suis installé sur l’exploitation familiale en 1993, la betterave était déjà cultivée. À un moment, nous avons arrêté car il n’y avait plus de prestation de ramassage autour de la ferme. Puis nous avons recommencé il y a une vingtaine d’années quand une ETA s’est lancée dans la récolte mécanisée. » « Nous avons essayé plusieurs techniques de distribution. Quand les betteraves étaient passées dans une fraise, elles ressemblaient plus à de la purée, la ration fermentait et perdait rapidement en appétence. En début de chargement de la mélangeuse (à vis horizontales), elles sont aussi trop éclatées. C’est en fin de chargement que nous avons trouvé le meilleur équilibre. Les vaches croquent les betteraves avec appétit, elles commencent toujours par ça », constate l’éleveur. Après une pâture Sur la SAU de 68 ha, il cultive environ 1,5 ha de betterave chaque année (il réalise des essais de variétés en lien avec l’ADBFM - Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme - depuis 15 ans). « J’utilise des variétés fourragères pas trop sucrières car je crains un taux de MS trop élevé en cas d’année sèche. Les betteraves pourraient alors être trop difficiles à croquer pour les vaches. » Cette culture est souvent mise en place après une pâture pour avoir suffisamment d’azote disponible. « Quinze jours après labour, l’ETA assure le semis – vers la fin mars –sur une terre fine et ressuyée. » Commençant vers mi-avril, le désherbage (antidicotylédones, antigraminées) doit être soigné pour éviter la concurrence des adventices et un insecticide est aussi passé contre les pucerons. « C’est surtout le démarrage qui est délicat. Une fois que la betterave est bien implantée, c’est une culture facile. » 13 à 14 t MS/ha Le rendement est assez stable, entre 80 et 100 tonnes brutes/ha (13 à 14 t MS/ha). Les betteraves sont conservées adossées à un mur de terre avec une toile (servant généralement à la protection des silos) qui laisse passer l’air. « En cas de froid, je place des filets plus épais sur les bords du tas en bas. » Les betteraves sont aussi distribuées entières aux bovins viande : des génisses charolaises et aubracs engraissées sur la ferme (commercialisées en vente directe et bientôt dans une GMS à proximité). « Ces femelles pâturent toute l’année et ne reçoivent pas de maïs. Quand elles sortent moins, elles ont des betteraves, de la paille et de l’enrubannage d’herbe ou de méteil (fétuque, fléole, RGA, trèfle). Je ne restreins pas l’apport de betterave : avec de la paille, ça ne pose pas de problème. » L’exploitation compte au global 120 bovins. Les vaches taries, elles, n’ont pas de betteraves. « Elles sont conduites en deux lots. Le 1er lot reçoit de l’enrubannage et de la paille, puis le 2e lot, à partir de 3 semaines avant vêlage, mange du maïs avec 2 kg de correcteur (colza). Une technique qui me permet d’éviter les fièvres de lait et d’accroître le pic de lactation », évoque Jean-Michel Anger.

La betterave, atout fourrager en hiver

Ferme Vallée de la Seiche, à Nouvoitou (35)

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