Teff grass : La graminée africaine pousse tout l’été

Plus résistant face aux températures élevées, le teff grass est une graminée qui peut entrer dans les stratégies de dérobées estivales. Son implantation doit être soignée pour pouvoir en tirer le meilleur profit. L’objectif des 8 plateformes mises en place depuis 2 ans par la Chambre d’agriculture est de générer un fourrage pendant la période estivale, en profitant des dernières pluies de mai et avant le chaud de l’été. Parmi les espèces observées et donnant de bons résultats, le teff grass, graminée coutumière des fortes chaleurs car originaire « des hauts plateaux d’Érythrée », situe Benoît Kerhornou, chef produit agriculture pour le semencier Barenbrug, qui a fourni les graines pour ces essais dispatchés sur toute la Bretagne. Si la plante se développe « à des températures très élevées, ce n’est pas pour autant une plante miracle : en cas d’absence d’eau, elle ne poussera pas. Pour autant, c’est une graminée révolutionnaire, tout l’enjeu de sa réussite passe par son implantation ». À l’instar des autres espèces estivales, le teff grass demande « beaucoup de somme de températures pour son développement. Ainsi sa zone de semis se situe sur la moitié sud Ille-et-Vilaine, voire bordure côtière sud 56 et 29. Pour le reste, c’est risqué ». Les graines de la plante, comparables en taille à du sel, demandent un lit de semence très fin et un très bon rappuyage. Elles sont à positionner en superficie, suivi de 2 roulages. 6 à 8 semaines après le semis, une première exploitation est possible. « Cette dérobée estivale est une soupape de sécurité, qui ressemble à un RGI, mais avec des feuilles encore plus fines et plus tendres ». Fauche puis pâture Stéphane Boulent, en charge du suivi des 8 plateformes pour la Chambre d’agriculture, a mis en place les essais vers le 15 mai. En 2021, l’année humide n’a pas permis de faire sortir du lot une espèce en particulier, tout a poussé. En revanche et pour 2022, le printemps a été favorable à des bonnes levées, puis des conditions séchantes ont été observées, en favorisant certaines dérobées plutôt que d’autres. C’est le cas du teff grass, qui a produit 3,9 t MS/ha en 100 jours de pousse, en cumulant les rendements en 1er et 2e cycle. La graminée « aime les terres chaudes au semis, elle peut patiner en cas de conditions froides ». Elle subit aussi « de l’arrachage au 1er cycle si elle est pâturée, il faut donc privilégier la fauche pour la 1re exploitation », observe le conseiller, qui note que le teff grass « comme la chicorée a été les moins pénalisé. Dès qu’il y a un peu d’eau, ces 2 modalités régissent très bien. Ce fût le cas après les pluies d’après 15 août ». Le teff grass a une croissance lente, et présente une valeur alimentaire de 1 UFL pour 20 gr de MAT, soit l’équivalent des autres espèces testées. Ces bonnes valeurs en MAT proviennent « du précédent prairie. Il y a de l’azote dans le sol quand on casse une pâture ». Une gestion fine L’exploitation du teff grass peut s’avérer délicate, car c’est une plante qui « épie plusieurs fois : l’épi sort 60 jours après le semis, puis elle va réépier au second cycle. C’est pourquoi il faut arriver au bon stade, sous peine de voir la digestibilité se dégrader ». Côté répartition de l’espèce dans l’espace, le teff grass tend à se développer au fil du temps. Associé à un trèfle d’Alexandrie (10 kg de teff grass pour 10 kg de trèfle), la graminée occupera 58 % de l’espace au 1er cycle, pour 16 % pour la légumineuse et 25 % pour les autres espèces non désirées (adventices). Au second cycle, on constate une progression de la répartition : 69 % de teff grass, 20 % de trèfle et seulement 11 % d’indésirables.

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