Le trèfle est l’atout dans le jeu des cultures

Sur la ferme de la famille Donval, les céréales sont associées à du trèfle qui est récolté après moisson. Une façon de constituer un stock de fourrage, tout en couvrant en permanence les sols. On peut dire que le trèfle fait partie des cultures du Gaec de Kerlastre, à Ploudiry (29). La légumineuse est utilisée comme couvert permanent, elle n’est détruite qu’en cas d’implantation d’une culture de printemps, comme du maïs. Dans la pratique, un blé est semé en pur en octobre, un désherbage post-levée précoce (Defi+Compil) détruit les adventices. En janvier ou février, les agriculteurs sèment 5kg/ha de trèfle blanc à la volée à l’aide d’un épandeur d’engrais à rampe pneumatique Kuhn Aero de 24 m de large. Les parcelles sont ensuite systématiquement roulées. « Le désherbage de la céréale doit être réalisé tôt, pour qu’il n’y ait pas de rémanence sur le trèfle. En semant à ce moment de l’année, le trèfle a encore assez de lumière. Plus tard, il n’aura pas sa place. Au départ, c’est assez inquiétant car on ne voit rien. Mais 1 à 2 pieds/m2 suffisent », prévient Serge Donval. Les petites graines vont trouver leur place et coloniser la parcelle, sans gêner la culture. Mieux, il « concurrence le chiendent ». Le choix des variétés de trèfle se porte sur Aberace, « gazonnant et couvrant, qui produit beaucoup de stolons ». D’autres variétés de trèfle blanc nain comme Huia donnent aussi satisfaction. « Nous avons essayé différents trèfles : d’Alexandrie ou violet. Ils posent des problèmes lors de la récolte car ils montent trop. Seul le trèfle blanc reste au sol ». Près de 3 t de MS Quand le blé arrive à maturité, la légumineuse retrouve de bonnes conditions de croissance, à savoir lumière et chaleur. « Après la moisson, la pousse explose ». Après avoir été fauché, le mélange trèfle et chaume de céréale est enrubanné. Les bottes sont entourées d’une couche supplémentaire de plastique pour sécuriser la conservation et éviter que la paille ne vienne percer le film. Cette récolte produit « dans les 3 tMS/ha. On pourrait même réaliser une seconde coupe en octobre, avec une valeur alimentaire encore meilleure, car l’enrubannage ne serait composé que de trèfle. Dans notre système comprenant beaucoup de couverts végétaux, nous préférons laisser cette biomasse au champ pour nourrir le sol ». Ce fourrage à 72 % de MS est distribué aux génisses de plus de 7 mois, et contient 14,2 % de MAT. « La ration est constituée de 50 % de cet enrubannage, complété par du maïs ensilage. Tout est consommé même les pailles, c’est très appétent ». Pierre-Yves Donval, salarié sur l’exploitation, trouve un autre avantage à récolter ce trèfle et à bien couper les chaumes. « Si les parcelles sont visitées par des mulots, le fait de faucher met le terrain à nu et aide les rapaces à trouver les rongeurs ». Pas de changement dans la conduite Après récolte du trèfle, une seconde céréale est implantée en direct à l’automne suivant. Ajouter du trèfle dans les céréales ne modifie pas la conduite de la culture. « Nous apportons 25 m3 de lisier de porc au 10 février. Dans les zones humides, le trèfle draine les sols, la portance est améliorée ». La fertilisation est ensuite complétée par 70 unités d’azote sous forme minérale. Côté protection fongicide, une stratégie classique est adoptée, « sans T1, un T2 au stade dernière feuille étalée, puis un anti-fusariose systématique, car nous gardons toutes nos céréales ». Au semis, la densité est légèrement augmentée de 10 %, pour atteindre 320 grains/m2. « Nous sommes attentifs au port des variétés de nos céréales : s’il est dressé, il laissera passer plus de lumière pour le trèfle », conclut Pierre-Yves Donval.

Le trèfle est l’atout dans le jeu des cultures

Gaec de Kerlastre, à Ploudiry (29)

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