Traite robotisée : “Après un passage difficile, la qualité du lait s’est améliorée”

Christophe Thomas et Patrick Chartrain s’estiment plus proches de leurs vaches en traite automatisée. - Illustration Traite robotisée : “Après un passage difficile, la qualité du lait s’est améliorée”
Christophe Thomas et Patrick Chartrain s’estiment plus proches de leurs vaches en traite automatisée.
Entre coût alimentaire qui augmente et qualité du lait qui se dégrade, la première année en traite robotisée a été pleine de défis. Mais avec 4 ans de recul, les associés apprécient les services rendus par un automate saturé mais efficace.

« À 50 ans, mon épouse m’a dit : j’ai mal aux épaules, je ne veux plus traire… », raconte Patrick Chartrain, de l’EARL la Gélinière à Savigny-le-Vieux (50). Même si aujourd’hui Odile gère un atelier volaille indépendant de l’exploitation, à l’époque, le couple s’est rapidement tourné vers la solution automatisée. Les 40 vaches traites dans l’ancienne 2 x 3 ont découvert le robot en janvier 2013 (projet financé par un prêt de 120 000 €). Après plusieurs visites d’utilisateurs, un monobox Boumatic a finalement été choisi. « L’installation a été assez simple puisque le bloc du système contient non seulement la stalle de traite mais également le local technique avec toute la machinerie, un chauffe-eau indépendant… Il a suffi de le poser en bout de bâtiment. »   

Litière surchargée et robot ne font pas bon ménage

Les premières semaines, le démarrage s’est très bien passé. « Mais ensuite, tout s’est compliqué. Les vaches ont eu des mammites les unes après les autres. Sur 2013, le taux cellulaire a rapidement grimpé à 400 000, contre 200 000 auparavant. On traitait au cas pas cas, on réformait… Franchement, ça a été un moment difficile. Nous nous sentions seuls. » Malgré cela, « et heureusement », le prix du lait sur l’année s’est situé à 369 € / 1 000 L. Finalement, un « plan cellules » a été lancé avec le vétérinaire « qui passait souvent voir le robot ». Beaucoup de choses sont alors remises à plat. « Révision du protocole de tarissement qui n’était plus adapté en changeant de produits antibiotiques, en optant pour l’usage d’obturateurs de trayons… Évolution de la désinfection des manchons après la traite : abandon de la vapeur pour le peroxyde qui convenait mieux. »    

L’environnement constituait également un point faible. « Même si nous enlevions les bouses de la litière trois fois par jour et que nous curions tous les 15 jours, mener des animaux à  10 000 kg de lait sur une aire paillée surpeuplée n’était pas une bonne idée », admet le Manchot. « On recommande 10 m2 par vache à haut potentiel. Chez nous, c’était moins de 6 m2… ». Au 1er janvier 2015, l’installation de Christophe Thomas, salarié depuis 13 ans sur l’exploitation, a été l’occasion d’évoluer encore. « J’ai ramené 200 000 L de référence laitière supplémentaire et donc des vaches. À ce moment-là, nous avons entrepris les travaux pour passer en logettes. 59 places au total. Avec le recul, cela a enlevé de la pénibilité dans le travail, limité les mouvements d’animaux et favorisé les résultats de qualité du lait », rapporte le jeune homme.    

Branchement par l’arrière

Depuis, le nombre de mammites a été « divisé par deux ou trois » par rapport à 2013. Les deux associés maîtrisent désormais parfaitement les outils à leur disposition pour suivre leurs 63 vaches à la traite. « Certaines ont toujours un niveau de conductivité élevé dans le lait sans pour autant présenter un taux cellulaire important. Par contre, si la conductivité augmente rapidement alors que la production chute, l’alerte est donnée. Il faut aller vite voir de plus près. » À ce sujet, ils apprécient la conception de leur automate dont le bras vient brancher les vaches par l’arrière. « Même si chez nous, nous n’avons pas pu creuser une fosse de traite à cause des circuits d’écoulement, l’accès à la mamelle est direct et sécurisé pour un traitement par exemple. C’est un plus. » Ils plébiscitent aussi la mesure de l’activité grâce au podomètre porté à la patte. « Nous avons inséminé des animaux non vus en chaleur. C’est fiable. L’inséminateur nous le confirme régulièrement. »     

Les éleveurs ont fini par trouver leurs marques. « Il a fallu se remettre en cause. En robot, ce n’est plus du tout la même gestion. » La première année, le coût alimentaire avait également beaucoup augmenté. Le temps de se caler sur la distribution de concentrés à la stalle notamment. Mais tout est rentré dans l’ordre, preuve en est les derniers résultats. « Entre mars 2016 et mars 2017, le coût alimentaire moyen est de 84 € / 1 000 L, dans une fourchette allant de 62 à 108 € selon les mois en fonction de la part d’herbe pâturée dans la ration. » Un logiciel simplifié a été choisi pour suivre le troupeau. « Tous les deux jours, 15 minutes suffisent pour ajuster nous-mêmes la distribution d’aliment au robot en fonction de la production laitière mesurée, du nombre de jours de lactation et de la note d’état constatée à l’œil. On force un peu plus sur les primipares. Celle qui produit 25 kg de lait, je la soigne pour 30 kg. D’autant que le premier vêlage intervient en moyenne à deux ans tôt, aujourd’hui. » À l’arrivée, Patrick Chartrain avoue « se sentir aujourd’hui plus proche de ses vaches ».

« FINIES LES CELLULES »

Le robot inauguré en janvier 2013, a eu une influence sur le taux cellulaire. Mais après une certaine période d’adaptation et de révision des pratiques (« plan cellules », protocole de tarissement, paramétrage de l’automate, passage en logettes…), les résultats de qualité du lait sont aujourd’hui meilleurs qu’à l’époque de la salle de traite. En témoignent les taux leucocytaires moyens annuels : 247 000 cellules / mL de lait sur 2012, 410 000 sur 2013, 247 000 sur 2014, 176 000 sur 2015, 192 000 sur 2016.


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