couvert-vegetaux-azote - Illustration Les couverts multi-espèces recyclent plus d’azote

Les couverts multi-espèces recyclent plus d’azote

Invité par le syndicat mixte du Grand Bassin de l’Oust, la semaine dernière à Ploërmel, Frédéric Thomas, spécialiste des techniques culturales simplifiées, a mis l’accent sur les couverts végétaux multi-espèces.

De la diversité ! C’est l’un des leitmotivs de Frédéric Thomas, chantre des techniques sans labour, évoquant les avantages des mélanges d’espèces en inter-cultures. « Il faut semer des mélanges de plantes dont les systèmes de développement aériens et racinaires sont complémentaires et adaptés aux climats locaux, le plus vite possible après la moisson afin de permettre aux graines de bénéficier du peu d’humidité qui reste dans le sol ». Une dizaine de plantes, au minimum, capables, en deux mois, de produire 4 à 5 tonnes de matière sèche, et parfois bien plus, grâce à leurs synergies. « Quand on sait qu’une prairie ne donne pas plus de 6 tonnes par endroits…» La compétition racinaire oblige ces plantes à chercher les nutriments plus profondément, ce qui est profitable à la structure du sol et aux cultures suivantes.

Éviter l’effet retournement de prairie

L’azote peut être un facteur limitant pour le développement de la biomasse. « Il faut impérativement inclure des légumineuses dans le mélange ». Les risques de lessivages sont nuls en automne. L’azote capté sera recyclé pour la minéralisation du printemps… « sans travail du sol, sous peine de libérer tout l’azote au même moment (effet retournement de prairie) ». Un pâturage du couvert, si possible, permettra de stimuler l’activité du sol. Sans pâturage, Frédéric Thomas préconise, un peu à l’encontre des idées reçues, de conserver le couvert le plus tard possible « car il continue de se développer, avec l’augmentation des températures en avril-mai. C’est très bon pour la fertilité du sol, avec une augmentation de la réserve en eau, grâce à la matière organique accumulée. Le maïs suivant peut souffrir, au départ, d’un manque d’azote qu’il faut corriger par un apport précoce localisé sur le rang. Par contre, l’azote capté par le couvert va se libérer progressivement et accompagner les besoins de la culture dans le temps ».

Agriculture créatrice

Cette gestion des couverts est surtout possible pour les adeptes du semis direct, dont fait partie Frédéric Thomas, dans un couvert déprimé au glyphosate ou broyé, en strip-till (semis dans un rang travaillé). « L’agriculture doit être créatrice, adaptable et autonome », assène-t-il. À chacun ses méthodes en fonction du type de sol. Il préconise les semis dans des couverts permanents. Des sursemis de méteil dans des prairies, des semis de maïs dans du trèfle Kura, qui permettent d’économiser des engrais azotés… Pour lui, un travail du sol adapté, un bon taux de matière organique, une bonne gestion des effluents de l’élevage, l’implantation de couverts en mélange, avec des légumineuses, et une rotation plus longue sont susceptibles d’apporter, gratuitement et sans travail supplémentaire, 200 unités d’azote à l’hectare. Difficile à vérifier, mais cette auto fertilité doit, selon lui, s’apprécier au niveau des rendements. Bernard Laurent


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