Redonner vie aux sols

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Lors d’une intervention dans le groupe Geda « Sol vivant 35 », Jean-Paul Provost et Françoise Delous ont proposé une approche qualitative des sols au travers du règne minéral.

Pour Jean-Paul Provost et Françoise Delous, formateurs spécialistes des sols, il n’est pas nécessaire de saturer les terres en engrais chimiques ou en produits phytosanitaires. « Mieux vaut redonner vie au sol en ajoutant de petites doses de minéraux choisis en fines poudres (d’origine sédimentaire) qui jouent le rôle de catalyseurs. Le rôle des éléments minéraux “vivants” est primordial. Le sol a besoin de tous les éléments pour fonctionner », a précisé Jean-Paul Provost, lors de son intervention, le jeudi 19 novembre à Saint-Onen-la-Chapelle.

« Les sols se referment »

Aujourd’hui, les sols sont beaucoup plus denses. « La masse volumique est passée de 600 – 800 kg/m3 autrefois à 1 200 kg/ m3, jusqu’à 2 t/m3 aujourd’hui. Les sols se referment. Or ils ont besoin d’oxygène, d’eau, de vers de terre, de racines, de mycorhizes* », notent les deux spécialistes. « Mais la terre ne meurt jamais. Il faut savoir l’observer, la ressentir, l’aimer et lui apporter ce qu’il faut pour qu’elle se débrouille. Elle peut rapidement reprendre vie, en quelques années. » Jean-Paul Provost invite donc les agriculteurs à travailler sur la simplification des travaux du sol et la réduction des intrants chimiques, « progressivement, par étapes, en observant… ». Il préconise aussi de garder ses semences : elles sont adaptées à son terroir. « Le sol doit évoluer par les deux bouts. Il faut recréer, accroître le complexe argilo-humique où sont fixés les éléments. Les racines et les bactéries doivent pouvoir aller déliter la roche mère pour la transformer en argile. »

S’agissant des parasites et des mauvaises herbes, le conseiller explique « qu’ils sont là parce que le terrain est propice à leur développement. Les pâquerettes viennent recalcifier une terre, le chardon pousse dans des sols durs, il décompacte… » Pour évaluer la qualité d’un sol, la présence des vers de terre est un bon indicateur. En faisant un profil de sol, on devrait trouver de 20 à 40 galeries de vers de terre au mètre carré, selon le spécialiste. « Les vers de terre, en digérant la terre, l’enrichissent en calcium, phosphore et bien d’autres éléments… » S’il y a des vers de terre, il y a aussi des champignons, des bactéries… Tout un écosystème au profit de plantes de qualité.

Le groupe « Sol vivant 35 » reconnu GIEE

Créé en 2011, le groupe Geda « TCS 35 » a récemment changé de nom pour devenir « Sol vivant 35 ». En août dernier, il a été reconnu GIEE par l’État (Groupements d’intérêt économique et environnemental dans lesquels des agriculteurs s’engagent dans la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale). « Nous nous réunissons 5 à 6 fois par an, et travaillons sur différents thèmes comme le semis direct sous couvert, les rotations, les couverts végétaux… Les membres du groupe font aussi partie d’autres réseaux comme Base ou l’Apad et chacun ramène des informations dans le groupe Geda Sol vivant 35 pour qu’on
progresse tous ensemble dans nos systèmes », précise Samuel Blin, responsable du groupe.

Analyse fine avec la «cristallisation sensible»

Autre outil de diagnostic, la « cristallisation sensible » d’une terre, proposée par Françoise Delous, permet d’évaluer son état de santé. Elle rend visible l’invisible. « Ce type d’analyse donne des indications qualitatives, qui justifient ou non une approche différente dans l’art de cultiver son sol », explique-t-elle. Les analyses sont réalisées sur des échantillons de terre et de plantes « accompagnatrices. » Agnès Cussonneau

Plus d’infos : http://www.alterterra.fr/contact.html

* Association entre des champignons et les racines des plantes où chacun tire bénéfice de l’autre.


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