Anticiper sa transmission, c’est primordial

La rencontre sur la transmission organisée le 20 novembre à Rennes a mis en avant deux points fondamentaux : l’évaluation de l’outil de production et la prise en compte des relations humaines.

En Bretagne, 50 % des chefs d’exploitation sont âgés de plus de 50 ans et vont cesser leur activité dans les 10 années à venir. Les enjeux en termes de transmission sont considérables, on le sait. « Tous les ans, 1 600 agriculteurs cessent leur activité, dont 30 % de départs précoces : des personnes de moins de 55 ans. En contrepartie, 600 jeunes de moins de 40 ans s’installent, dont 500 avec aides. Un chiffre stable depuis une dizaine d’années », a détaillé Marie-Isabelle Le Bars, de la Chambre régionale d’agriculture. Et d’ajouter : « 2 400 départs/an dont 600 “précoces” sont attendus à partir de 2020. » Le passage de relais ne doit pas être manqué si l’on souhaite conserver une agriculture restée familiale en Bretagne. « La réflexion du cédant sur sa transmission doit commencer 10 ans avant. Bien souvent, le temps de préparation est trop court pour qu’elle se passe dans de bonnes conditions. »

Ne rien cacher

L’évaluation de l’outil de production fait partie des points sensibles du projet de transmission. « Le producteur doit savoir ce qu’il va transmettre et ne rien cacher : sur le plan humain, les terres, les bâtiments, le matériel, le cheptel, les stocks, au niveau réglementaire (contrats avec la laiterie, DPB, ICPE…) », précise Gabriel Bobon, de la Chambre d’agriculture 35. « Trois méthodes existent pour estimer la valeur de l’outil de production, avec pour chacune des atouts et des contraintes. » La valeur comptable permet une comparaison facile au dernier bilan, mais affiche une faible valeur pour des biens amortis mais fonctionnels. La valeur patrimoniale se base sur des diagnostics d’experts avec une approche « plus-value », mais ne raisonne pas en lot. Plus longue à construire, la valeur économique permet une approche commune aux repreneur et financeur, mais induit une valorisation sensible à la conjoncture. « Le cédant doit faire des choix et proposer une fourchette de valeurs. Et c’est important de préparer son argumentation par rapport à l’offre proposée. »

75 % des installations en société

Au 2e rang national, la Bretagne reste dynamique sur le plan de l’installation, avec une bonne réussite : 88,5 % des agriculteurs sont toujours en activité après 5 ans. 33 % des installations se font hors cadre familial, y compris sur de grosses structures. Seulement 23 % des nouveaux installés sont des femmes, et 75 % sont des installations en société. Pour aider les cédants dans leurs démarches : www.transmission-en-agriculture.com

Laisser la place

Autre point fondamental dans une transmission évoqué par Annette Hurault de la Chambre d’agriculture 35 : la dimension humaine. « Le cédant doit se séparer de son œuvre et laisser la place. Les associés doivent formuler un nouveau projet, se réinterroger, car celui qui arrive succède mais ne remplace pas. Et le repreneur doit exprimer ses objectifs, ses attentes et prendre la place qui lui convient. » Pour tester les relations avant de s’associer, se mettre en situation de travail ensemble est souhaitable. Une aide dans le cadre d’un contrat de pré-installation existe, versée par le Département.
Isabelle Granger, de la Chambre de commerce et d’industrie de Rennes, précise que dans les autres secteurs que l’agriculture, une installation sur 5 est une reprise d’entreprise. « Il y a beaucoup de créations. Certaines personnes gardent un travail à côté au départ, sont autoentrepreneurs. Au bout de 5 ans, 50 % des entreprises sont encore en place. Les montages financiers sont très différents par rapport à l’agriculture. Pour les personnes physiques, 30 à 50 % d’apport sont demandés suivant les cas. Et les prêts bancaires ne vont pas au-delà de 7 ans. » Agnès Cussonneau


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