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Vouloir transmettre et s’y préparer

Central pour la Confédération paysanne, l’objectif de transmission des exploitations a été illustré par trois témoignages lors de l’assemblée générale.

« La transmission – installation est un objectif prioritaire pour la Confédération paysanne. Nous voulons des campagnes vivantes, avec des paysans nombreux. Actuellement, l’agriculture s’oriente vers davantage de foncier, davantage d’investissements, et moins d’agriculteurs qui n’ont pas forcément plus de revenu », a souligné Eric Duverger, secrétaire de la Confédération paysanne d’Ille-et-Vilaine, à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat, le 23 février à Clayes. « L’approche « valeur ajoutée » des exploitations doit plutôt être prise en compte. Cela passe par de la valorisation des produits en circuits courts ou via des signes de qualité, mais aussi par la maîtrise des coûts de production. L’économie est à rechercher sur les intrants et sur les investissements. » L’enjeu de la transmission est fort avec 50 % de producteurs qui ont plus de 50 ans en Bretagne. Aujourd’hui, on ne compte qu’une installation pour 2,7 départs.

Pas simple, « la transmission se prépare bien en amont du départ en retraite, en veillant notamment à ne pas alourdir les charges de reprise », ont précisé plusieurs intervenants. Patrick Besnard et ses deux associés, en production laitière conventionnelle sur la commune de Gahard (100 ha dont 25 ha en zone humide, 490 000 L), vont prochainement partir en retraite. « Un couple va reprendre la production laitière, sans accepter de la doubler comme proposé par la laiterie, avec un atelier de pension équine en plus. Nous allons leur louer la maison d’habitation. Et deux maraîchers vont s’installer sur un îlot de 6 ha », note le producteur. « Le plus difficile dans la transmission a été d’aller voir les propriétaires. Il faut les préparer aussi… »

Contrat de pré-installation

Henri Daucé a quant à lui transmis son exploitation de 70 truies Label Rouge à un jeune rencontré deux ans auparavant. « Il a effectué un stage de 4 mois de parrainage avant de s’installer. Nous sommes passés en bio en mai, il s’est installé en janvier. Nous avons géré la transition ensemble. » Le contrat de pré-installation ou stage de parrainage est un outil à privilégier dans le cadre d’une installation hors cadre familial. Il peut durer de 3 à 12 mois et permet au stagiaire une rémunération.

Une autre activité

L’exploitation de Jean-Louis et Marie-France André change d’activité avec l’arrivée du repreneur, passant de la production de viande bovine (sur 35 ha) au lait de chèvres en bio. Le jeune a réalisé un stage pendant un an sur l’exploitation en lien avec la Ciap 44 (Coopérative d’installation en agriculture paysanne de Loire-Atlantique). « Dans ce cadre, j’ai aussi pu échanger avec d’autres agriculteurs et réaliser des formation sur l’ancrage territorial, la commercialisation, le temps de travail… », explique-t-il. La Confédération paysanne 35 travaille sur la mise en place d’un outil collectif de ce type sur le département. Agnès Cussonneau

L’avis de Yvon Le Caro, enseignant-chercheur

Il n’y a pas que les libéralistes à vouloir moins d’agriculteurs. Aujourd’hui, certains lobbyistes pensent que l’espace devrait être partagé entre des zones agricoles et des zones où il n’y aurait plus d’humains… C’est inquiétant. Je pense au contraire que les agriculteurs doivent être nombreux sur les territoires. Ils répondent à des attentes des habitants, construisent le paysage et régulent les modalités du « vivre ensemble » à la campagne.


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