Chaque année au début du mois de septembre, les associés du Gaec des 3 trèfles font un état des lieux du stock fourrager. Dotée d’un système de séchage en grange pour conserver l’herbe fauchée, couplé à un silo de séchage par déshumidificateur, la ferme produisant du lait biologique cultive 7 ha de maïs, sur les 108 que compte la structure. Cette année, les cultures ont été prometteuses, le maïs initialement prévu en récolte grain a été ensilé. Ce stock apporte « une sécurité alimentaire, le chargement de 1,5 UGB/ha est fort », estime Guillaume Bigot, associé avec son épouse Hélène et son beau-frère Stéphane Le Foll. L’herbe a cette année pu faire défaut en termes de quantité avec un été sec, mais la qualité a été au rendez-vous.
Au bout de 5 jours, la faune est repartie
Sur les cultures, pour se prémunir des attaques de choucas des tours, de taupins ou de sangliers, Guillaume Bigot s’est lancé il y a plusieurs années dans l’association de maïs avec des céréales. « Nous cultivions à l’époque du méteil récolté en grain pour nourrir les génisses », une partie de ce mélange d’avoine, de triticale et de pois était gardée pour produire de la semence fermière. Depuis, ce méteil a été abandonné, le maïs grain a été préféré. L’idée de mélanger ces graines de maïs à du triticale est née, elle semble donner de bons résultats.
Tripler la densité au semis
En mai dernier, l’éleveur a commencé par semer 50 kg/ha de graines maison sèches de maïs hybride, soit l’équivalent de 200 000 graines/ha, à l’aide d’un semoir à céréales. Dans la foulée, un semoir à 4 rangs est venu implanter la culture, à raison de 80 000 grains/ha. Une fois que toutes les semences germent, la densité normale est triplée. Avec ces 200 000 grains/ha supplémentaires, le gaz dégagé pendant la phase de germination semble « attirer la faune, même si ce phénomène n’a jamais été contrôlé. Au bout de 5 jours, les animaux sont repartis, comme si les graines ne leur plaisaient plus ». Si les appâts sont semés à une profondeur de 3 cm, la culture est mise en terre plus profondément, entre 5 et 6 cm. Cette forte densité de 280 000 pieds à l’hectare à l’implantation est rapidement abaissée par le passage d’outils de désherbage mécanique. Le semoir à céréale intervient en travers de la parcelle, la bineuse vient éliminer les plants appâts de l’inter-rang. Les plants sur le rang, qui ne sont pas binés, viennent porter la densité finale à 100 000 pieds par hectare.



L’éleveur n’hésite pas à investir dans sa semence, qui lui coûte 400 €/ha, en comptant les graines certifiées biologiques et une protection qu’il applique lui-même à la bétonnière. Cet enrobage est composé de calcaire et d’huiles essentielles. En semant seulement à une densité de 80 000 graines/ha, « j’économise rapidement 80 €/ha ». Sur cette partie du Finistère, le Gaec des 3 trèfles arrive à de bons rendements en cultures biologiques. Le maïs grain peut donner « entre 70 et 100 quintaux, 13 à 14 tMS quand il est ensilé ».
Sécuriser la récolte du grain
Dans le séchoir construit en 2020, l’air sec et chaud fourni par le déshumidificateur permet de sécher 60 t de céréales ou 50 t de maïs grain. « Il faut 5 à 6 jours pour sécher ». Cet outil est apprécié pendant les périodes de moisson, la récolte et les remorques peuvent rapidement être prises en charge sur la ferme. En phase de fonctionnement, 4 à 5 m3 d’eau sont collectés chaque jour. Cette eau est récupérée et sert à l’abreuvement du troupeau. Le maïs grain est enfin stocké en cellule, puis aplati au fur et à mesure des besoins pour enfin entrer dans la ration des vaches.
Fanch Paranthoën
Gaec des 3 trèfles : • 3 associés : Guillaume et Hélène Bigot, Stéphane Le Foll ; • 108 ha de SAU ; • 7 ha de maïs ; • 90 vaches laitières ; • 500 000 L de lait biologique produits.
Semer de l’ultra-précoce
Dans les pistes de réflexion du Gaec, l’idée est de semer des variétés ultra-précoces, d’indice 140. Implanté à la mi-mai, « il serait récolté sec au 15 octobre. Au 1er novembre, nous passons à une tarification d’hiver auprès de notre fournisseur d’électricité. Le but est donc de moissonner avant que ce tarif ne soit multiplié par 2,5 ». Aussi, les éleveurs vont se pencher sur le sujet du trempage des graines pendant 24 heures avant le semis, afin d’activer la germination et obtenir des levées plus homogènes.

