Dossier technique

« Valoriser ce que l’on a entre les mains »

EARL de l’Étang, à La Motte-Fouquet (61) - Anciens éleveurs laitiers, le couple Perier s’est reconverti dans la production d’œufs bio.

Un homme et une femme devant un bâtiment d'élevage de volailles - Illustration « Valoriser ce que l’on a entre les mains »
Mathieu et Christelle Perier. | © Paysan Breton

Christelle et Mathieu Perier sont installés respectivement depuis 2005 et 2007 à La Motte-Fouquet (61). Jusqu’en 2020, le couple élevait des vaches laitières qui produisaient environ 350 000 litres de lait par an. « Nous avons vécu les crises du lait de 2009 et 2015 », raconte Mathieu Perier. « Nous n’étions pas prêts à subir ces fluctuations jusqu’à la fin de notre carrière. En parallèle se sont ajoutés les problèmes d’épaules à cause de la traite, le manque de main-d’œuvre, l’aspect économique qui n’était pas toujours au beau fixe… » Les deux associés décident alors de se reconvertir « dans une filière où l’on n’entendait pas les agriculteurs se plaindre. »

Nous sommes beaucoup plus épanouis aujourd’hui

En 2017, le groupe Michel recherchait des éleveurs de pondeuses bio, une production alors quasi inexistante dans l’Orne. Après avoir visité des élevages dans des départements voisins, Christelle et Mathieu Perier se lancent dans l’aventure. Ils font construire un premier bâtiment de 9 000 places en 2018, puis un second de 6 000 en 2020. Dans le même temps, la SAU de 110 ha est progressivement convertie en bio.

Des caissettes et des rillettes

« La valorisation des poules de réforme par l’abattoir est très faible », lance Mathieu Perier. « En 2021, nous avons réfléchi à un moyen de créer plus de valeur ajoutée. » Au début, le couple récupère à la sortie de l’abattoir des caissettes de 5 kg de filets, de cuisses ou de poules entières prêtes à cuire. Deux fois par an, la viande est vendue directement sur l’exploitation. Le fonctionnement est simple. Pas de magasin à la ferme, pas de vente en ligne, mais un bon de commande à télécharger et à renvoyer par courrier accompagné d’un chèque. En 2022, la gamme s’étoffe avec des rillettes, fabriquées par un charcutier sarthois. Aujourd’hui, la moitié de la viande issue d’animaux de réforme sert à l’élaboration de ces produits. Tous les ans, environ 15 000 pots sont vendus dans une trentaine de magasins spécialisés, cavistes et épiceries fines situés entre le Mont-Saint-Michel et Étretat. « Nous proposons six recettes différentes », déclare Christelle Perier. « Toutes les rillettes sont garanties 100 % volaille. »

En 2024, Christelle Perier commence à transformer le sarrasin produit sur la ferme, dans un laboratoire aménagé dans l’ancienne laiterie. « Nous essayons de valoriser au mieux ce que nous avons entre les mains », souligne le couple. Après plusieurs mois d’essais, une nouvelle gamme voit le jour. « Nous vendons désormais deux apéritifs à base de calvados et de sarrasin, du sirop, et les Carabinettes : des graines torréfiées et caramélisées idéales sur les desserts ou à manger avec le café », ajoute l’agricultrice. « Ce sont des mets novateurs qui interpellent aussi bien les consommateurs que nos distributeurs. » Mathieu Perier prend quant à lui un plaisir non dissimulé à prospecter des restaurateurs et des épiceries fines pour vendre ces nouveaux produits. « J’aime le contact humain, et cela me rappelle mon ancien métier de commercial », indique-t-il.

Alexis Jamet

Moins d’astreinte

« Nous sommes beaucoup plus épanouis aujourd’hui », affirme Mathieu Perier. « Il y a du travail, mais l’élevage de poules pondeuses demande moins d’astreinte et d’amplitude horaire. » Pour faciliter l’organisation du travail, les lots de deux bâtiments sont décalés de 6 mois. En contrepartie, ce système demande une grande rigueur sanitaire. « Nous serons peut-être obligés de les synchroniser un jour en cas de gros problème », précise l’éleveur. Les œufs sont ramassés deux fois par jour, ce qui permet aux associés d’assurer un suivi technique précis du cheptel. « Quand tout va bien, nous passons environ 4 heures par jour dans les bâtiments. Le ramassage n’est pas si chronophage car il est en grande partie automatisé, mais nous aimons consacrer beaucoup de temps à la surveillance de nos poules. »


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