Benjamin Frezel et Régis Durand ont repris en 2019 une exploitation laitière avec 80 ha de terres à Sérent (56). Les 2 associés sont aujourd’hui épaulés par 8 salariés polyvalents. « Les terres groupées autour de la ferme étaient le premier critère de notre cahier des charges. Notre projet était de construire une exploitation biologique diversifiée avec un système agronomique répondant aux demandes de la société. Nous avions envie de participer à la réflexion de ce que devrait être l’élevage performant, éthiquement soutenable en utilisant l’espace efficacement », déclare Benjamin Frezel. Les terres arables sont dédiées à la production de végétaux pour l’alimentation humaine.
Favoriser la biodiversité sur le parcours
Blé, seigle, petit épeautre, millet et sarrasin sont transformés en farine. Chanvre, lentille et sarrasin sont vendus en graines décortiquées. Colza, cameline et tournesol sont transformés en huile. 1,5 ha est cultivé en pomme de terre. « Pour valoriser nos 25 ha de prairies permanentes nous avons 35 bovins en engraissement. Il n’y a pas de céréales dans la ration. L’alimentation est composée à 80 % d’herbe pâturée et le reste, c’est du foin ou de l’enrubannage. La durée d’engraissement est de 30 à 40 mois, nous abattons 8 bovins chaque année qui sont vendus en direct. »
Déplacer les poulaillers chaque semaine
L’atelier de 990 pondeuses est le seul qui est consommateur d’aliment mais, pour le moment, impossible de faire sans. « Cependant, il n’y a pas de soja dans notre aliment. Nous achetons des minéraux à l’extérieur et des céréales à des agriculteurs voisins. Nous fabriquons ensuite l’aliment sur une base de triticale, millet, pois, féverole, lupin, tourteaux de chanvre et de colza », précise Benjamin Frezel. Et d’ajouter : « On a basé cet atelier sur la capacité de la poule à prélever ce dont elle a besoin pour se nourrir à l’image d’un système laitier pâturant qui exploite tout le potentiel de la prairie. L’inconvénient technique est que la poule est casanière, elle reste toujours très proche de son bâtiment. Si on veut qu’elle prélève une partie de son alimentation sur le parcours, il faut déplacer son poulailler très régulièrement », indique l’éleveur.

La poule est un omnivore
Les 990 pondeuses sont divisées en 4 lots avec des âges différents dans 4 poulaillers mobiles qui sont déplacés chaque semaine sur les 2,4 ha de parcours dans lequel ont été plantés 200 arbres de multiples essences dont une grande partie de fruitiers. « En déplaçant les poulaillers de façon hebdomadaire le parcours n’est pas dégradé et la repousse peut opérer. » Les 2 premiers poulaillers mobiles entièrement équipés ont été achetés à un fabricant allemand. Les 2 autres sont des prototypes fabriqués sur la ferme. « Nous avons travaillé dessus pendant 5 ans afin de faciliter les déplacements, travailler les automatismes du pondoir, de l’alimentation et l’éclairage. »


Le parcours est composé de différentes espèces : luzerne, trèfle blanc, chicorée, pâturin, fétuque, dactyle qui est riche en protéine et pousse toute l’année. « Les pondeuses mangent de l’herbe fraîche mais aussi des vers et toutes sortes d’insectes, c’est pour cela qu’il faut favoriser la biodiversité sur le parcours. La poule est un omnivore qu’on a rendue végétarienne. Les vers et les insectes consommés font la grande partie de l’apport en protéines. Notre système fonctionne très bien mais il est impossible d’évaluer ce qu’elles prélèvent sur le parcours. » Tout ce qui est produit sur la ferme de Trévero est vendu en direct, la moitié dans des restaurants, en boucheries ou dans les Biocoop. L’autre moitié est écoulée au magasin à la ferme ou sur le marché de Vannes le mercredi et le samedi.
Nicolas Goualan
Avec les porcs rien ne se perd, tout se transforme
Dans son système, Benjamin Frezel récupère les sous-produits comme les déchets après triage des céréales (grains cassé, grains avortés, graines d’adventices…). Après fabrication, de la farine le son est récupéré. La fabrication d’huile génère des tourteaux. « Nous avons un atelier porc de 12 truies en naisseur-engraisseur en plein air total. On ne cultive pas de céréales pour les porcs, ils valorisent le son, les tourteaux, les déchets de tri et d’autres sous-produits. »

