« En Bretagne, nos adhérents cultivent environ 20 000 hectares de légumes destinés à nos conserveries ou nos usines de surgelés », explique Didier Le Guellec, directeur de la filière légumes d’Eureden. Et sur ces surfaces, seuls 6 000 hectares sont irrigués. C’est peu face aux 1,6 million d’hectares de cultures en Bretagne. Depuis les années 1990, l’irrigation est souvent réalisée à partir de réserves collinaires. « D’une capacité de 15, 20 000 ou 30 000 mètres cubes, elles ressemblent à de petits plans d’eau. Ces réserves stockent les eaux de ruissellement liées aux pluies hivernales. Les agriculteurs les utilisent l’été et évitent ainsi d’entrer en concurrence avec les activités comme le tourisme ou autres. »
Préserver l’eau sur le terrain
Pour Guénaël Henrio, agriculteur, sa réserve collinaire, « permet de garantir la qualité des légumes, d’assurer leur croissance lorsque les étés sont secs ». Sans se laisser troubler par les coassements des grenouilles qui ont fait de la réserve leur habitat. Il indique toutefois que la question de l’eau influe sur ses choix de cultures. Et alors que les carottes requièrent une humidité constante et régulière dans les sols, il préfère miser sur le poireau par exemple qui n’a besoin que d’apport d’appoints. « Le choix de nos cultures est le fruit d’un arbitrage entre la rentabilité que l’on peut espérer du légume et les contraintes de production, parfois liée à l’eau ».
Consciente qu’avec le réchauffement climatique, la question du stress hydrique s’invite même en Bretagne, la coopérative Eureden cherche des variétés d’espèces plus résistantes aux épisodes de sécheresse et s’intéresse aux technologies qui permettent d’optimiser l’irrigation. Chargée d’études sur cette question, Pauline Patin évoque ainsi les sondes capacitaires à installer dans les rangs de légumes : « Elles permettent de connaître le taux d’humidité à 60 cm de profondeur en temps réel. C’est un outil d’aide à la décision que nous subventionnons. Le reste à charge pour les agriculteurs est de 1 000 € ». Un coup de pouce qui permet d’économiser l’eau dans la mesure où les systèmes tels les gouttes à gouttes ne sont pas adaptés aux cultures en Bretagne. Pour tenter de conserver l’eau dans les sols, les agriculteurs bretons remettent en place des talus, qui évitent les ruissellements. Là où ils planteront des légumes au printemps et à l’été, ils plantent des cultures d’hiver telles de l’avoine ou du seigle, qui serviront de couverts végétaux. En 20 ans, ces efforts ont permis de réduire la consommation d’eau dans les champs de 15 à 20 %, selon Didier Le Guellec : « Et c’est dans les champs que la filière légumes consomme les trois quarts de l’eau dont elle a besoin ». Le reste c’est dans l’usine, où l’on nettoie les légumes, où on les blanchit avant de les mettre en boîtes ou en bocaux. Sans compter qu’il faut aussi nettoyer l’usine.
Des économies d’eau dans l’aval
Sur le site d’aucy du Faouët (56), pour faire passer la consommation d’eau prélevée dans la rivière Inam (ou forée à proximité), l’usine a investi en 2018 dans une station d’épuration qui lui permet de rejeter dans le milieu naturel l’essentiel de l’eau prélevée, voire de la réutiliser pour laver les légumes, une fois clarifiée par un système d’osmose inversée. Et en 10 ans, la consommation d’eau est passée selon Sébastien Bremond, directeur de l’usine, de « 168 piscines olympiques à 108 ».
Pour Eureden, la préservation de cette ressource indispensable est un enjeu primordial. Les bonnes pratiques sont présentes de l’amont, avec les agriculteurs, jusqu’à l’aval au sein des sites industriels agroalimentaires. L’objectif étant toujours de s’améliorer pour un bon respect de notre planète.
Service Communication / Eureden