Des dérobées à pâturer pour prendre le relais en été

La Chambre d’agriculture a testé des intercultures fourragères pour prolonger le pâturage en période estivale et, pourquoi pas, permettre de renouveler une pâture vieillissante sans passer par une culture de maïs ou de céréale. Au Gaec du Renouveau à Plumieux, les 100 vaches passent 2 à 8 semaines à l’intérieur selon les années. « Notre objectif est de les sortir toute l’année, dès que c’est portant », expliquent Mathieu et Xavier Anger. Les prairies occupent 60 ha des 110 ha de SAU. « Mais avec 16 ha directement accessibles aux animaux en production, nous distribuons toujours une part de ration à l’auge, le maïs représentant environ 30 % de l’alimentation sur l’année. La surface pâturable est divisée en petits paddocks pour 3 jours avec fil avant. Et pour éviter encore le piétinement, il y a des paddocks jour et nuit. » Les associés récoltent par ailleurs beaucoup d’ensilage d’herbe et de luzerne. Des dérobées semées au 15 juin Cette année, le Gaec a accueilli l’une des neuf plateformes d’intercultures estivales à pâturer de la Chambre d’agriculture. « Nous cherchons des solutions concrètes face à des étés de plus en plus chauds qui limitent fortement la croissance de l’herbe. Notamment pour les prairies pâturées où le ray-grass anglais s’arrête de pousser dès 23 °C. La surface accessible limitée conjuguée à ce ralentissement de la pousse l’été en année classique se traduit souvent par une augmentation du coût alimentaire. Peut-on limiter le surpâturage grâce à des dérobées estivales capables de pousser en conditions stressantes et d’assurer une ressource fourragère ? », a présenté Sébastien L'hermite, conseiller en agronomie, lors de la visite du dispositif en début d’automne. Huit modalités ont été expérimentées (400 m2 pour chacune) : RGI - colza, moha - trèfle d’Alexandrie, millet - trèfle d’Alexandrie, teff grass - trèfle d’Alexandrie, avoine - trèfle d’Alexandrie, sorgho multi-coupes hybride, RGI - trèfle d’Alexandrie comme témoin. « L’objectif était de tout implanter avant le 15 mai. Mais entre les semis de maïs et les ensilages d’herbe, la période était chargée et les bandes d’essais n’ont été mises en place qu’au 15 juin », rapporte Mathieu Anger. L’idée était de faire un premier pâturage 60 jours après semis. « Finalement, les vaches y sont allées dès 49 jours. Mais nous aurions dû les y mettre dès 40 jours car tout est vite monté. » Chicorée et colza très attractifs L’éleveur proposait toutes les modalités à la fois pour que les animaux puissent choisir. « Globalement, ça a moins gaspillé que ce que j’imaginais. Les vaches fonçaient sur la chicorée et le colza, sur le RGI quand il était encore tendre. Le sorgho a clairement manqué de chaleur pour se développer et a souffert du piétinement des vaches et du passage de la tonne à lisier. » Le millet n’a pas levé (problème de semence). « Même monté à hauteur de genou, le teff grass restait tendre et les vaches l’ont bien mangé. » Pour Sébastien L'hermite, même si la semence est chère (90 à 100 € / ha comme la chicorée), cette céréale éthiopienne est « prometteuse » grâce à sa productivité en conditions chaudes. Si au départ, ces dérobées sont vouées à être détruites à l’automne après 3 passages des vaches, le conseiller précise que la chicorée peut être conduite 18 mois pour amortir son coût de semence. « Elle peut être implantée proche de la stabulation, est capable de repousser rapidement quand c’est séchant, le troupeau peut y venir dès qu’il manque de l’herbe ailleurs. »

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