Stéphane Dahirel, aviculteur à Lanouée (56), et Raphaël Lemercier, responsable technique chez GRD thermique, devant la chaudière à biomasse de 130 kW de puissance. - Illustration Une ambiance saine avec la chaudière à biomasse
Stéphane Dahirel, aviculteur à Lanouée (56), et Raphaël Lemercier, responsable technique chez GRD thermique, devant la chaudière à biomasse de 130 kW de puissance.

Une ambiance saine avec la chaudière à biomasse

Stéphane et Marie Astrid Dahirel, de l’EARL du Moulin, à Lanouée (56), ont investi dans une chaudière à biomasse pour chauffer un poulailler de 1 500 m2. L’amélioration de l’ambiance, la meilleure tenue de la litière et l’impact positif sur le taux de pododermatites font qu’ils envisagent d’équiper les 2 autres sites d’élevage avec ce mode de chauffage.

« Il y a encore peu de temps tous les poulaillers étaient chauffés au gaz, dont une majeure partie avec combustion dans le bâtiment. La première transition s’est opérée avec l’arrivée des échangeurs récupérateurs de chaleur permettant de réaliser des économies de gaz et d’assainir l’ambiance du poulailler. Aujourd’hui, la suite logique dans nos élevages est le changement d’énergie pour chauffer autrement qu’avec du gaz », témoigne Stéphane Dahirel, aviculteur installé avec son épouse, Marie Astrid, à Lanouée (56). Fin 2017, sur leur exploitation totalisant 6 500 m2 de poulaillers, ils ont équipé un bâtiment de 1 500 m2 d’une chaudière à biomasse pour essayer ce nouveau mode de chauffage.

90 000 € d’investissement

« Nous possédons du bois sur nos exploitations et une filière en Bretagne autant qu’on la développe », indique Stéphane Dahirel. Il souhaitait investir dans une chaudière à biomasse mais il voulait du matériel fiable. « J’ai appelé un collègue éleveur qui possède une chaudière à bois déchiqueté de la marque autrichienne ETA. Il m’a dit : elle fonctionne comme une horloge suisse. » L’aviculteur s’est donc tourné vers la société GRD thermique basée à Le Gouray qui commercialise cette marque et la société Mat Élevage à Moréac pour l’installation de l’ensemble. « Ce sont des chaudières robustes ayant fait leurs preuves depuis longtemps en Autriche », décrit Raphaël Lemercier, responsable technique de l’entreprise. Stéphane Dahirel a investi dans une chaudière de 130 kW de puissance, créé un local technique dédié au centre du poulailler qui communique avec la réserve de bois de 40 m3 et 3 aérothermes qui diffusent la chaleur dans le poulailler pour un montant total de 90 000 €. « Malgré tout j’ai conservé le gaz sur le site pour pouvoir doubler le système en cas de grand froid ou de panne ».

[caption id=”attachment_34746″ align=”aligncenter” width=”720″]Un local technique a été créé au centre du poulailler pour la chaudière de 130 kW de puissance, il communique avec la réserve de bois de 40 m3. Un local technique a été créé au centre du poulailler pour la chaudière de 130 kW de puissance, il communique avec la réserve de bois de 40 m3.[/caption]

Sur cet investissement une aide de la région de 6 050 € à été versée pour 80 % et les 20 % restants le seront un an après la mise en service. « Cette subvention n’a pas d’effet levier pour inciter les éleveurs à investir. Je déplore les grosses différences de subventions qu’il y a entre les régions, la Mayenne par exemple peut subventionner jusqu’à hauteur de 75 %. Sans aller aussi haut, avec 40 % en Bretagne ce serait déjà bien », déclare Stéphane Dahirel.

3 aérothermes dans le poulailler

La chaudière chauffe de l’eau qui est stockée dans un ballon tampon. Elle se régule ensuite en fonction de la température du ballon. « Le but étant de faire des cycles les plus longs possible pour éviter des arrêts et redémarrages trop fréquents », explique Raphaël Lemercier. L’eau qui sort du ballon tampon à une température de 80°C alimente 3 aérothermes répartis dans le poulailler. Ils sont placés à 60 cm au-dessus de la litière. Une batterie d’eau chaude se trouve sur le dessus de chaque aérotherme ; un ventilateur qui se situe à l’intérieur pulse l’air chaud vers le bas pour être diffusé de façon homogène dans le bâtiment. L’air sort à une température de 55°C.

[caption id=”attachment_34748″ align=”aligncenter” width=”720″]La chaleur produite à partir de l’eau chaude est diffusée dans le poulailler grâce à 3 aérothermes Systel La chaleur produite à partir de l’eau chaude est diffusée dans le poulailler grâce à 3 aérothermes Systel[/caption]

Déjà 10 t de gaz économisé

L’aviculteur a réalisé 2,3 lots de poulets depuis la mise en route de la chaudière. Le compteur à énergie affiche 134 mW/h de consommé, soit l’équivalent de 10 tonnes de gaz économisé. « Lors du dernier lot, j’ai chauffé jusqu’au dernier jour. C’est plus facile de chauffer que de repailler », témoigne l’aviculteur. Il poursuit : « L’ambiance reste saine du début à la fin du lot. Je commence à ventiler dès 2 000 ppm de CO2, ce seuil est atteint seulement quelques heures après l’arrivée des poussins. En maintenant un niveau de CO2 sous les 3 000 ppm les animaux sont actifs, ils mangent et s’abreuvent plus vite. »

En fin de lot, le taux de pododermatites reflète la réussite de l’éleveur en matière d’ambiance et de qualité de litière. « Sur les 2 derniers lots sortis, le taux de pododermatites en mâles était de 8 et 9 %. Sur un lot je n’ai pas rajouté de litière et sur l’autre une fois. Cela nous permet d’accéder au maximum de primes podo pour faire du revenu, mais c’est aussi une façon de satisfaire le client. » Stéphane Dahirel prévoit d’équiper les 3 sites d’élevage avec ce type de chaudière à biomasse. 

Attention à la qualité du bois

Le taux d’humidité idéal pour les plaquettes de bois destinées à alimenter une chaudière est de 20 à 25 %. « Un bois trop humide encrasse la chaudière et limite sa puissance. Des plaquettes avec un taux d’humidité de 10 % en plus peut diminuer la performance de la chaudière de 30 % », indique Raphaël Lemercier, responsable technique chez GRD thermique. Il indique qu’une grosse prise de conscience s’est opérée sur la qualité du bois au niveau des collectivités. « Les agriculteurs doivent donc faire attention que les entreprises n’essayent pas de leur revendre du bois de qualité inférieure. » Les approvisionnements de bois bocage ont une part importante d’écorces et parfois de la terre ou des corps étrangers. Il peut être passé à la cribleuse pour gagner en qualité et diminuer les particules fines dans les fumées. « Le criblage entraîne 30 % de perte de matière. Il en découle un produit de meilleure qualité avec une bonne combustion, produisant moins de cendres, moins de mâchefers et entraînant moins d’usure sur les vis et foyers des chaudières. »


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