Depuis son installation, Laurent Chenevel cherche à rendre son système plus autonome, sans pour autant réduire son troupeau. « J’ai du mal à lâcher mes animaux. Pas tout de suite, peut-être quand les annuités baisseront ? », confie-t-il.
Composé à parts égales de Prim’Holstein et de croisées 2 ou 3 voies (Normandes, Montbéliardes, Rouge Scandinave), son cheptel a été pensé pour allier production et rusticité, parfaitement adapté à son système basé sur l’herbe.
Priorité à l’autonomie fourragère : seuls 3 hectares sont consacrés à des cultures de triticale, pois et féverole.
Plusieurs pistes ont été explorées pour baisser la consommation d’énergie
Depuis son installation, il a acquis 20 hectares supplémentaires, mais estime qu’il lui en faudrait encore 4 à 5 pour limiter les achats de foin, luzerne et paille – indispensables à la stabulation en aire paillée (60 tonnes par an).
« Mais après, il faut savoir s’arrêter. Seul sur l’exploitation, on ne peut pas être partout », reconnaît-il, lors d’une porte ouverte organisée par Agrobio 35.
Cap sur la sobriété énergétique
Depuis 2019, il fait partie du GIEE ‘Vers des fermes laitières bio favorables au climat’, un groupe qui travaille pour des fermes techniquement, socialement et économiquement durables. L’optimisation du pâturage et la faible utilisation d’intrants rendent déjà son système peu émetteur de gaz à effet de serre. Mais c’est surtout sur l’énergie qu’il concentre ses efforts.
Son diagnostic Cap2ER révèle une consommation électrique de 18 500 kWh par an, soit 33 kWh pour 1 000 litres de lait. Pour faire baisser cette consommation, plusieurs pistes ont été explorées : installation d’un volucompteur pour repérer les pics de consommation, réglage du ballon d’eau chaude, et changement du tank à lait. « J’ai réfléchi à investir dans un prérefroidisseur à air pour le tank : il fallait plus de 10 ans pour l’amortir. Finalement, j’ai opté pour un tank de 4 000 L (au lieu de 3 000 auparavant) en 2024, avec une consommation équivalente. »
Cette même année, il investit 13 000 € dans des panneaux photovoltaïques (8,5 kWc) installés sur 35 m² du hangar à paille. Objectif : autoconsommation et revente. Au quotidien, les déplacements à vélo sont privilégiés sur l’exploitation. Mais l’idée d’une voiture électrique fait son chemin : elle permettrait d’utiliser l’électricité produite pendant la journée. À plus long terme, il envisage aussi la monotraite, pour autoconsommer davantage tout en allégeant sa charge de travail.
Côté carburant, la consommation atteint 81,6 L/ha de SAU, en incluant les prestations réalisées par la Cuma. Suite à un diagnostic moteur en 2021, il installe un compteur à fioul pour affiner le suivi. « Je vais poursuivre le suivi des consommations pour l’ensilage et la charrue », précise-t-il.


Haies et agroforesterie
Pour renforcer la résilience face aux fluctuations des prix des intrants, il mise sur davantage de pâturage.
Depuis 2017, il plante en moyenne 400 mètres de haies par an avec le programme Breizh Bocage. Il a également concrétisé un projet d’agroforesterie à 2,5 km sur une surface de 4 hectares pâturés par les génisses. Les objectifs sont multiples : « Garder la fraîcheur du sol, offrir de l’ombre aux animaux, favoriser la biodiversité et fournir de la ressource en période de sécheresse. »
Le bocage local lui a aussi permis d’innover sur la litière : des copeaux de bois sont utilisés en sous-paillage de juillet à décembre. « On gagne en propreté, le paillage est plus régulier et ça filtre bien », constate-t-il.
Carole David