Dossier technique

Il mise sur la diversification des fourrages et des espèces

Laurent Chenevel, Les Portes-du-Coglais (35) - Pour disposer d’un système fourrager plus robuste, Laurent Chenevel a diversifié les espèces sur ses prairies et mis en place une culture de méteil lui garantissant 5 t MS/ha, disponibles en mai.

Un homme dans un champ observant ses cultures - Illustration Il mise sur la diversification  des fourrages et des espèces
Laurent Chenevel, 
dans son méteil, le 25 avril. | © Paysan Breton

Laurent Chenevel s’est installé en janvier 2017 en individuel sur la ferme de ses beaux-parents, qui avaient commencé une conversion bio dès mai 2016. « J’ai toujours été attiré par la bio, je souhaite produire le plus naturellement possible », explique l’éleveur. Alors que le système initial était intensif, avec la moitié de la surface en maïs, moins de pâtures et des céréales en complément, la signature d’une MAEC (18 % maximum de maïs dans la SFP) a permis une évolution vers un système plus autonome. Depuis deux ans, une seconde MAEC limite la culture de maïs à 10 %. Aujourd’hui, la SAU compte 49 ha, dont 42 ha de prairies (7 ha en prairies naturelles). 30 ha sont accessibles aux vaches et 5 ha, situés à 2 km, accessibles aux génisses.

Moins de maïs pour plus d’autonomie et d’économies

Le troupeau comprend 49 vaches laitières, en Holstein et croisement (Normande, Montbéliarde), pour un volume commercialisé de 265 000 L. Quelques génisses et veaux sont vendus en direct. « Je recherche l’autonomie en fourrage pour un système plus cohérent, moins coûteux, avec une utilisation restreinte de soja (bio français). Même si mes terres disposent d’une bonne réserve en eau, l’été 2022 a été difficile pour les vaches laitières et le pâturage. »

Dans l’objectif de diversifier ses ressources fourragères, notamment face au changement climatique, Laurent Chenevel produit du méteil (mélange de triticale, pois et féverole) qui offre 5 t de MS/ha de stocks sûrs. « Il est semé après une prairie cassée en août. Cette année, j’y ai ajouté de la vesce et des trèfles. Le mélange sur 5 ha a été ensilé début mai. Il prépare bien le sol pour le maïs. »

Des vaches nourrices dans une parcelle ombragée, un homme et son chien
L’éleveur avec les vaches nourrices.

Fil avant changé toutes les demi-journées

« Alors que mes beaux-parents sortaient les vaches sur 3 grandes parcelles, je suis passé en pâturage tournant sur des paddocks de 90 ares à 1 ha. Ces paddocks durent 1,5 j en pleine pousse, avec un fil avant changé toutes les demi-journées. »

Un bon déprimage est réalisé vers la mi-février. Dans la gestion du pâturage, l’éleveur est vigilant « sur les gaines des graminées qui ne doivent pas être attaquées en sortie de parcelle, pour garder des réserves à la plante et conserver un sol frais. Généralement, les vaches entrent quand les graminées présentent 2,5 à 3 feuilles. »

Fétuque élevée, différents trèfles, dactyle

Les prairies dédiées au pâturage sont composées de RGA (10-12 kg/ha), de trèfle blanc (2-3 kg/ha) et de fétuque élevée (8-10 kg/ha). Cette dernière espèce, « plus résistante en été, me permet aussi de faire du topping pour maîtriser l’épiaison. » Le rendement de ces prairies atteint 8 à 10 t de MS/ha/an. Sur les prairies destinées à la fauche d’une durée de trois ans, Laurent Chenevel a implanté du RGH et des trèfles. Pour d’autres parcelles conservées plus longtemps, il a semé du dactyle – pour booster la production –, associé à de la fétuque, des trèfles et du ray-grass anglais. « J’adapte mes choix de semences selon les terres. La luzerne, par contre, ne convient pas sur mon exploitation. »

Afin d’être plus réactif et autonome lors des récoltes, l’éleveur a investi dans deux faucheuses (une neuve et une d’occasion), dont un combiné faucheuse de 6,5 m avec andaineur. Cet investissement de 20 000 € a également nécessité l’achat d’un tracteur de 125 ch. « L’ensilage est délégué à la Cuma de Saint-Brice-en-Coglès. Je réalise aussi parfois des enrubannages via la Cuma, quand les surfaces sont plus restreintes, généralement après les deux premières coupes d’ensilage. Je conserve également de l’herbe sur pied. »

L’agriculteur continue à produire du maïs sur 5 ha, mais « les difficultés avec le taupin et les corbeaux », ainsi que les passages fréquents d’outils de désherbage mécanique « me font me questionner sur cette culture qui demande aussi du temps de travail. » La ration hivernale est composée d’enrubannage/ensilage d’herbe, d’ensilage de maïs, de luzerne déshydratée et de soja.

Depuis son installation, Laurent Chenevel a planté 400 m de haies tous les deux ans, en lien avec Breizh Bocage. Le linéaire total atteint désormais 4 km. « En 2025, j’ai planté 150 arbres sur 4 ha en agroforesterie pour protéger les animaux et les cultures du soleil et des vents et apporter de la nourriture en cas de sécheresse. » Des copeaux de bois sont utilisés sur la ferme en sous-couche d’aire paillée l’été.

Agnès Cussonneau

Des actions pour préserver le climat

Outre son adaptation au changement climatique, Laurent Chenevel s’engage aussi dans une stratégie de réduction des consommations d’énergie sur la ferme. Depuis 2019, il fait partie du projet GIEE ‘Vers des fermes laitières bio favorables au climat, techniquement, socialement et économiquement durables’, en lien avec Agrobio 35 (il fait aussi partie d’un groupe Adage 35).


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