Affichant un nombre total de 210 vaches avec les taries, dont 70 % de Prim’Holstein, 15 % de Normandes et 15 % de Montbéliardes, le Gaec du Noyer à Noyal-sur-Vilaine (35) produit 1,9 million L de lait vendus à Eurial. Gérée par 5 associés, avec 1 salarié, l’exploitation, issue du regroupement de plusieurs fermes, dispose d’une SAU de 281 ha dont 216 ha de SFP. Un petit atelier allaitant est aussi présent sur la ferme (s’appuyant sur 5 vaches limousines).
+ 8 L/vache laitière en 4 ans
D’abord une meilleure gestion des taries
Depuis des années, les associés sont accompagnés par un conseiller Eilyps. Sur 4 ans, la production laitière par vache s’est accrue de 20 L à 28 L en 2024. « Environ la moitié de la hausse est liée à une meilleure gestion des taries. Nous avons travaillé sur la préparation au vêlage et mis en place une ration spécifique », a détaillé Nicolas Anger, un des 5 associés, témoignant lors d’une journée technique organisée par Eilyps le 25 février sur l’exploitation.
Les éleveurs sont passés d’une gestion en 2 lots à 3 lots pour les vaches laitières. Le lot ‘haut’ (1 mois moyen de lactation) compte 20 vaches, le lot ‘moyen’ (5 mois moyen), 100 VL, et le lot ‘bas’ (8 mois moyen), 85 VL. Aujourd’hui, « seul ce dernier lot valorise le pâturage. Nous avons accepté d’investir un peu plus sur les concentrés, d’augmenter le coût alimentaire, pour produire davantage de lait », note l’éleveur.

Une ration adaptée pour chacun des trois lots
« L’efficacité alimentaire s’est améliorée grâce à une bonne valeur en protéines des fourrages, un équilibre de l’alimentation et une ration adaptée à chaque lot. Il n’y a pas de Dac », ajoute Jérémy Cerclet, conseiller sur l’élevage. Les résultats de la GTE (gestion technico-économique) 2024 montrent une MCA (marge sur coût alimentaire) de 8,7 €/vache/j pour l’atelier lait, soit un gain de 116 000 €/an par rapport à la référence du groupe mixte d’éleveurs qui affiche une MCA moyenne à 7,2 €.
Récemment, les éleveurs ont également engagé une réflexion stratégique plus globale sur leur système avec Frédéric Touchais, consultant stratégie et projet Eilyps. « Nous avons envisagé plusieurs hypothèses prenant en compte l’autonomie, la diversification de l’assolement, le travail, l’atelier allaitant… », souligne le consultant.
Optimisation du lot ‘bas’
Alors que les 2 lots de vaches laitières pâturaient, le choix a été fait de passer en 3 lots et de ne sortir que le lot ‘bas’ qui produit en moyenne 26 kg/j, sur les 31 ha accessibles. « Le pâturage a été davantage valorisé avec une meilleure gestion de l’herbe. Auparavant, les vaches restaient 5 j sur les paddocks ce qui induisait une hétérogénéité de l’ingestion d’herbe et un risque de surpâturage. La taille des paddocks a été réduite. » Un minimum de 7 kg MS d’ensilage de maïs a été conservé à l’auge.
« De mi-avril à mi-juin, il y a un objectif de baisse du coût alimentaire de 0,23 €/VL/j et d’augmentation de la MCA de 0,34 €/VL/j. » Les éleveurs ont également travaillé sur l’hypothèse du remplacement du RGI par de la luzerne déshydratée ce qui permettrait de réduire l’aliment VL.
Agnès Cussonneau
Investir dans la ration et chiffrer la rentabilité
La MCA correspond au produit lait moins les charges (fourrages + concentrés). « Le produit lait dépend de plusieurs paramètres avant même la lactation : bonne croissance des génisses, vigilance sur l’ingestion et l’acidification de la ration des taries », explique Anthony Baslé, responsable du pôle expertise animale Eilyps. « La présence de cellules et les boiteries sont aussi corrélées à une baisse de production laitière. Le confort, la reproduction et la génétique jouent sur la performance. »Deuxième étape pour accroître la MCA : l’optimisation de l’alimentation. « Les éleveurs ne doivent pas hésiter à investir dans leurs rations et avec la MCA, ils peuvent analyser chaque mois si cet investissement est rentable. » Cette année, les maïs présentent des taux de MAT plus faibles et une moindre digestibilité des fibres : « Les vaches valorisent moins la ration. L’apport de levures vivantes ou d’aliments liquides sucrés peut être opportun selon les situations. »Par ailleurs, selon l’Observatoire des mycotoxines, la présence de Don (impact sur le rumen, diarrhées) demeure forte cette année et la Zéaralénone (troubles de reproduction) s’accroît. « Réaliser une analyse (120 €) permet de savoir s’il est opportun d’apporter des capteurs de mycotoxines aidant le rumen à se détoxifier (levures). » La présence des mycotoxines est en premier lieu favorisée par une météo humide, puis par les résidus laissés au champ. Leur enfouissement est bénéfique.