Dossier technique

Des têtes et des bras

Un homme dans un champ de choux-fleurs avec une équipe qui les ramassent derrière - Illustration Des têtes et des bras
Thomas Quillivéré, un des trois associés de EARL Quillivéré, à Plouénan (29). | © Paysan Breton

Il y a plus de vingt ans, un responsable agricole osait affirmer, devant une assemblée professionnelle, que le premier frein à la production bretonne serait la pénurie de main-d’œuvre. Il fut à peine écouté. Il avait pourtant vu juste.

Depuis, des éleveurs de porc ont réduit leur production faute de salariés. Le lait emboîte désormais le pas. À la difficulté de recruter s’ajoute une autre réalité, plus discrète : la baisse du volume de travail par unité de main-d’œuvre. Longtemps admis, le ratio de 100 truies par travailleur est aujourd’hui revu à la baisse avec le développement du salariat – la profession cite désormais 85 truies pour un temps plein. Une diminution apparente de productivité en contradiction avec la modernisation des outils. Elle s’explique pourtant simplement : un éleveur travaille, en moyenne, au moins 25 % d’heures de plus qu’un salarié. La mécanique est identique en production laitière.

À production constante, la Bretagne agricole devra donc embaucher davantage. Mais les bras manquent, tout comme les têtes. On invoque souvent la concurrence entre secteurs d’activité. On oublie un facteur plus profond : le vieillissement démographique, plus marqué dans les campagnes que dans les villes. Les espaces urbains conservent un solde naturel positif, tandis qu’en zone rurale, la faible croissance démographique est uniquement portée par l’arrivée de nouveaux habitants, souligne une étude récente de l’Ined. Nouveaux habitants, mais rarement jeunes : en Bretagne, ce sont d’abord des retraités qui gonflent les statistiques.

Dans ce contexte, le recours aux étrangers devient incontournable. Les légumiers l’ont intégré. Demain, l’élevage n’y échappera pas. L’Ined le constate : la part des immigrés titulaires d’un titre de séjour progresse désormais plus vite dans les départements ruraux que dans les urbains. Un signal faible de ce qui s’y joue…


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