Depuis toujours, cuber son stock fourrager et particulièrement l’ensilage contenu dans les silos se faisait de la même manière, à savoir « la prise de mesure au décamètre à l’intérieur du silo, puis sur le dessus des murs. Puis des tranches étaient effectuées pour estimer le volume, 3 à 4 tranches suivant les tas et les pentes », rappelle Kevin Poisson, référent technique nutrition et fourrage chez Innoval.
Utilisable sur tous types d’ensilage ou sur tas de betteraves
Cette technique, fiable mais longue, nécessite souvent 2 opérateurs, le risque d’accidents et de chutes à cause de bâches glissantes par temps froid ou humide est réel. Aussi, ces silos de stockage « sont de plus en plus hauts, de plus en plus grands, les murs peuvent atteindre 3 à 4 m de hauteur ». Pour faciliter cette prise de cote, rien n’avait été pensé depuis longtemps ; c’est pourquoi le groupe coopératif a travaillé sur le sujet pour le moderniser, et a mis au point avec sa filiale Innoval Développement un logiciel pour cuber un silo directement avec son Smartphone. Pour construire cet outil digital, « tout a été fait pour le fiabiliser, avec un appui du terrain. En fonctionnement depuis novembre 2024, nos techniciens ont été formés à son utilisation ».
Une photo suffit
Pour cuber un silo, le conseiller prend une photo en perspective de celui-ci après avoir placé une mire quadrillée contre le mur. Cette mire est calibrée suivant l’appareil. Tout se passe ensuite au bureau, où la photo est enregistrée et traitée. Un premier mètre cube est intégré dans l’image sous forme de schéma, puis les pentes viennent apparaître. « Une photo suffit, nous en prenons 3 par précaution ». Suivant le nombre de tranches, le logiciel calcule enfin le volume total de fourrage. Silo3, nom de l’application, est aussi bien utilisable sur maïs ensilage que sur ensilage d’herbe, de maïs épi ou encore sur des tas de betteraves fourragères. Reste à renseigner la densité de l’ensilage : « Nous prenons soit des abaques, qui informent directement sur la densité du maïs suivant sa teneur en matière sèche et son pourcentage d’amidon, soit des carottages sont effectués pour mesurer la densité réelle ». Et le référent technique de faire remarquer que les résultats sont très fiables : « Les estimations sont très proches de ce que peuvent mesurer des outils comme les capteurs infrarouges positionnés sur certaines ensileuses ». Au final, cette solution numérique aide les techniciens qui peuvent désormais seuls et en sécurité, définir le volume stocké.
Fanch Paranthoën

Vers des bilans dynamiques
Dans l’avenir, Kevin Poisson pense que l’outil va encore s’améliorer, « il sera même possible d’automatiser le bilan fourrager ». À l’aide d’une caméra en poste fixe, il sera possible de mesurer en temps réel la vitesse d’avancement du silo, et de prévoir ainsi instantanément « le nombre de jours de stock disponibles ».
Peu de changements d’une année sur l’autre
« Dans 90 % des cas, le bilan fourrager reste le même d’une année sur l’autre et n’est pas bouleversé. Les changements sont observés quand le troupeau s’agrandit, ou encore quand un robot de traite est mis en place ».

