En résonance à l’appel à mobilisation nationale de la FNSEA, la FRSEA et JA Bretagne ont donné rendez-vous aux éleveurs, jeudi 25 septembre, au Marché du porc français à Plérin (22). Un lieu symbolique pour l’amont de la filière où une cinquantaine de personnes étaient présentes. La cotation venait de s’arrêter à une moyenne de 1,616 €/kg. Alors que le prix du cochon s’effrite semaine après semaine, la tension monte.
Un Brésil agressif
Le président du cadran, François Pot a invité à un échange ouvert dans l’enceinte. « Je comprends l’inquiétude, notamment des plus jeunes. Certains ont investi beaucoup récemment. Face à cette conjoncture baissière, on peut être mécontents, mais pas casser l’outil qu’est le cadran. Cela n’amènerait aucune solution », a-t-il tenu à rappeler en préambule.
Notre métier, produire du porc français
L’équipe du MPF a ensuite proposé un rapide tour du monde. En Europe, le prix du porc est partout à la baisse. Les annonces chinoises de hausse des taxes sur les volumes entrants ont eu « un effet de crispation » évident expliquant une partie de la tendance. « Mais n’oublions pas que dans l’UE, la consommation est stable alors que l’offre est à la hausse. La concurrence est donc exacerbée sur notre périmètre alors que l’Allemagne ne peut exporter à cause de la présence de la FPA sur son territoire et que l’Espagne est fortement concurrencée par le Brésil très agressif qui, lui, prend des parts de marché à l’international. » Conséquence : des volumes allemands et espagnols sont reportés sur les places européennes.
Offre en hausse en Europe
Pour autant, des éleveurs dans la salle n’acceptent pas que la France soit « la dernière de la classe en termes de prix » derrière l’Espagne, l’Allemagne et les Pays-Bas. Certains questionnent le fonctionnement actuel du cadran. « On peut bien sûr déplorer toute absence d’opérateur au bouton. Mais côté éleveurs, si les gens ne présentent pas de lots au marché, les abatteurs ont les cochons en direct… Ici, nous confrontons l’offre et la demande dans le cadre de la convention de mise en marché », a insisté François Pot. Et Carole Joliff, présidente du CRP, d’insister : « Non, il n’y a pas d’entente entre les acheteurs. Tous ont leur politique d’achat. Nous avons besoin de cet outil. Notre métier à tous est de produire du porc français et de le vendre. Plus il y aura d’apporteurs et d’acheteurs au marché, mieux ce sera. »
Toma Dagorn
Un mâle entier, un prix fragmenté
« En trois ans, la part de mâles entiers parmi les cochons abattus sur la zone Uniporc est passée de 18 % à 53 %. C’est devenu un produit filière », observe Pascal Duault, directeur du Marché du porc français. Beaucoup partent des élevages vendus en direct aux abatteurs. « Aujourd’hui, les OP doivent se prendre en main sur cette question. Il y a un manque d’équité sur le terrain. La plus-value doit être à l’étal pour tous les mâles entiers commercialisés dans notre région », estime François Pot.